Chapitre 14. Axel

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Dimanche.   

J'ai essayé du mieux que je le pouvais d'avoir l'air surpris à l'annonce de la grossesse de Zoé, dont ils nous ont fait part pendant le dîner. Mais d'une, je suis un très mauvais acteur et ils ont rapidement compris que j'étais déjà au courant, ce qui m'a obligé à balancer ma filleule. Et de deux, je suis beaucoup trop frustré pour réussir à exprimer une quelconque autre émotion que de l'agacement.  

Sérieusement, qu'est-ce qu'ils attendent tous pour aller se coucher ? A croire qu'ils savent pourquoi je n'attends que ça et qu'ils se font un malin plaisir de me torturer en éternisant la soirée.  

-Et toi Axel ? m'interroge subitement Elyott, me faisant froncer les sourcils. T'en veux combien ? 

-Combien de quoi ? 

-D'enfants, répond ma sœur. T'es avec nous ou sur une autre planète ? 

Sur une autre planète, celle où Julia est nue dans son lit, me gardais-je de rétorquer en soupirant pour la millième fois. 
Je croise des pupilles azur qui semblent attendre ma réponse, tandis que je me demande si elle a déjà donné la sienne. Bizarrement, je regrette de ne pas l'avoir entendu. 

-J'en sais rien, j'ai le temps de voir, ronchonnais-je en avalant une gorgée de ma bière. 

-Mais t'en veux ? insiste ma cousine. 

-Et vous ? lui relanvoyais-je pour esquiver la question. Vous êtes plus aptes à y réfléchir maintenant que moi. 

Ely saute sur l'occasion pour déclarer qu'il veut une grande famille, m'offrant une belle porte de sortie quand tout le monde s'extasie plus que sur son monologue accablant sur son désir d'être père. Sauf Julia, qui avale sa coupe de vin blanc par petites gorgées en dessinant distraitement des formes sur la condensation de son verre, assise dans le canapé en face de moi avec ma sœur et mon beau-frère. 

Je me demande à quoi est-ce qu'elle pense en ce moment. 

Comme si elle avait entendu ma réflexion silencieuse, ou qu'elle avait simplement senti que je la dévisageais avec insistance, elle relève les yeux sur moi. Un rictus discret se dessine aux coins de ses lèvres pleines, un poil... Aguicheur ? 

Oh putain, elle pense exactement à la même chose que moi ! 

-Bon allez, baille Zoé en se relevant. C'est l'heure d'aller se mettre au lit, je suis claquée. 

Amen ! 
Son mari suit rapidement le pas, imité par Caroline et Elyott. 

-Bonne nuit tous les deux, amusez-vous bien, nous lance gaiement ma cousine avant de monter les escaliers, pompette.  

Sans bouger de nos places respectives, Julia et moi écoutons le claquement des portes transpercer le lourd silence qui abrite désormais la pièce de vie. Une tension tangible dont on connaît tous les deux l'origine qui ronge cruellement l'oxygène. 

Je rêve de lui sauter dessus et de lui retirer sa robe débardeur beaucoup trop moulante, mais je suis curieusement paralysé sur place, les mains soudainement moites. 

Merde à quoi tu joues Banchard, ce n'est pas le moment de flipper. 

-On dirait qu'on est à nouveau seuls... me sourit suggestivement Julia derrière son verre, attendant probablement que je me bouge le cul. 

-On dirait, ouais... 

Super, très perspicace mon vieux, me sermonnais-je mentalement. 

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