Dimanche. (Deux mois plus tard)
-Regarde mon ange, ta mère nous offre une grenouillère, raille Julia après avoir déballé le cent-cinquantième cadeau que ma mère nous fait.
Et ce, en seulement deux mois.
Je ris entre mes lèvres et resserre mon bras autour de ses épaules, la ramenant plus près de moi dans le canapé. Tandis que ma mère, qui s'est étrangement découvert une soudaine passion démesurée pour les articles en tout genre destinés aux nourrissons depuis qu'elle s'est remise du malaise qu'elle a fait après que je lui ait annoncé, un peu brutalement je l'avoue, qu'elle allait être grand-mère, sourit de toutes ses dents en chiffonnant le papier cadeau à motifs d'angelots.
-Elle vous plait ? demande-t-elle sans se douter une seconde que, comme toute la panoplie qu'on a déjà en partie grâce à elle, ce vêtement va finir entasser au fond d'un tiroir de la commode à langer qu'elle nous a également offerte et qui bouffe maintenant la moitié de l'espace de notre chambre.
-Elle est très belle, on l'adore. Merci Solène, il ne fallait pas, lui sourit poliment Julia.
-J'étais sûre qu'elle vous plairait. Quand je l'ai vu dans cette petite boutique près de la banque, je n'ai pas pu résister. Je t'ai parlé de cette boutique Julia ? Il faut vraiment qu'on aille y faire un tour toute les deux un de ces quatre, tu vas en tomber amoureuse, s'emporte ma mère, les yeux brillants d'excitation. La décoration est à croquer et tout ce qu'ils vendent est adorable, tu vas vouloir tout acheter !
-Si vous ne les dévalisez pas d'ici là, marmonne Julia en ravalant un soupir, j'en suis sûr.
Ce que je ne peux pas vraiment lui reprocher. Ma mère est devenue légèrement étouffante, je le reconnais. Bien qu'en réalité, au fond de nous, on est carrément reconnaissants et soulagés qu'elle soit là pour s'occuper des achats prénatales.
Le jour où elle nous a ramené un tire-lait, on l'a retourné dans tous les sens pendant cinq bonnes minutes en essayant vainement de déchiffrer à quoi la ventouse pouvait bien servir. Je me rappelle encore de son fou-rire quand ont lui a demandé si ce n'était pas un peu gros pour la bouche d'un bébé. C'est vous dire si on a besoin d'elle et de sa précieuse expérience en la matière, et qu'on est légèrement ingrat de se plaindre de ses visites récurrentes et de tous ses cadeaux encombrants mais bien inutiles.
-Bon allez, il faut que je file préparer le déjeuner, ton père et tonton André ne vont pas tarder à rentrer de la pêche, déclare-t-elle en terminant le fond de son café à la hâte avant qu'on ne se relève tous en chœur et échangeons des étreintes. Pense à te reposer ma chérie, je trouve que tu as une mine fatiguée ces derniers jours.
Elle examine le visage de Julia d'un mauvais œil, pendant que celle-ci affiche un sourire dès plus impassible possible pour nier tout manque de sommeil. Ce qui est d'ailleurs véritablement le cas puisqu'elle passe la majeure partie de ses journées à somnoler. Enfin, quand elle n'est pas coincée aux toilettes à cause de ses nausées qui peines encore à s'apaiser.
-Tu bois assez d'eau j'espère ? ajoute ma mère en replaçant ses cheveux correctement. Je te l'ait dit, c'est important de t'hydrater correctement.
-Je sais, j'y pense.
-Bien, cède ma mère face à nos sourires implacables, rêvant secrètement d'aller nous jeter dans notre lit et glander tout le reste de notre dimanche. N'hésite pas à m'appeler dans la semaine pour aller faire du shopping.
-Promis.
-Bisous les enfants, nous lance-t-elle gaiement avant de claquer la porte d'entrée derrière-elle.

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Holidays
RomanceIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...