Chapitre 16. Julia

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Jeudi.

Je rentre de la plage avec Caroline et Zoé qui, par miracle, ne m'ont fait passer aucun quelconque interrogatoire au sujet d'un habitant de la maison. En vérité, je crois qu'ils ont tous baissé les bras et abandonné l'idée de s'immiscer dans nos histoires, comprenant que ça n'y changera rien.

Les garçons sont installés sur la terrasse quand on regagne Paradise, abrités sous l'énorme parasole, des bières à la main. Tandis que Louise patauge dans la mini piscine gonflable que ses parents lui ont acheté hier en faisant des courses en ville, de laquelle elle vide l'eau dans l'herbe avec un seau.

-La baignade était bonne ? demande Maxime à sa femme, alors qu'elle s'assoit autour de la table de jardin avec eux.

-L'eau est super chaude, lui répond Caroline en s'asseyant sur les genoux de son copain, qui pose un bisou à la commissure de ses lèvres.

Je jette malgré-moi un regard sur Axel, qui l'évite soigneusement en fixant sa filleule d'un air absent. Je me garde de soupirer en prenant une chaise à mon tour, en face de lui.

-Vous pouvez aller piquer une tête entre mecs si vous voulez, propose Zoé. Chacun son tour, pas de jaloux.

Maxime et Elyott se questionnent du regard et haussent les épaules pour accepter, avant de se tourner vers le troisième garçons.

-Sans moi, refuse-t-il platement en avalant une gorgée de bière.

Les visages se déforment de façon déconcertante, las de le voir tirer une mine de six pieds de long à longueur de journée. Probablement tout autant que moi.

Au début, j'étais en colère. Vexée par sa remarque désobligeante sur mon rapport avec les hommes, que j'ai bien compris qui ne lui plaisait pas alors que ça ne le regarde absolument pas. Maintenant, je suis simplement déçue par son comportement et sa réaction blessante à mon égard. Comme si je ne valais plus rien à ses yeux parce que je privilégiais les plans cul aux relations sérieuses.

Le problème, c'est que ce n'est pas réellement par choix mais surtout par dépits. Les rares fois où j'ai été assez attachée à un homme pour envisager un avenir, il s'enfuyait dès que notre relation prenait de l'ampleur et qu'il réalisait tout ce que sortir avec une fille avec des habitudes post-traumatiques engageait. Ce que j'aurais pu trouver le courage d'expliquer à Axel s'il m'en avait laissé le temps, au lieu de me réduire au rang d'une salope qui écarte les cuisses à tout va.

Certes j'ai accumulé pas mal de relations sans lendemain, mais ça ne regarde que moi et ma conscience s'en porte très bien. Je ne couche pas avec des parfaits inconnus, je prends toujours le temps d'apprendre à les connaître un minimum pour m'assurer que je n'aurais aucuns regrets à m'envoyer en l'air avec eux. Comme le fameux type qui détient le record des onze secondes, qui était en réalité une connaissance que je croisais régulièrement dans ce bar et non un étranger. Ou comme le livreur pour lequel j'ai perdu mon travail, avec qui je discutais -et flirtais- fréquemment lors de ses livraisons et comme tous les autres.

Ce qu'Axel ignore puisqu'encore une fois, il ne m'a pas laissé le temps de me justifier. Même si rien ne m'oblige à le faire, j'aurais aimé en avoir la chance pour qu'il ne se fasse pas une mauvaise opinion de moi. Ce qui est à l'évidence le cas, et c'est encore plus décevant de sa part.

-Lia ? rigole Louise en passant sa main devant mes yeux, me ramenant à la réalité.

-Oui, pardon. Qu'est-ce qu'il y a ma belle ?

-Tu veux jouer avec moi et parrain à chass' fantômes ?

J'observe les alentours et réalise qu'Ely et Max ont disparu, sûrement à la plage, tout comme Zoé et Caro. Seul Axel est toujours là, le regard rivé sur sa bouteille en verre dont il s'amuse à arracher l'étiquette.

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