Chapitre 5. Julia

4K 213 9
                                    

Mercredi.

C'est étrange cette facilité presque naturelle à s'intégrer aussi aisément dans une famille, alors que je n'ai jamais trouvé ma place dans la mienne malgré seize ans de tentative. C'est à la fois curieusement perturbant, et agréablement plaisant.

La promesse de Caroline est largement tenue. Après seulement cinq jours, je peux déjà affirmer que ces vacances surpassent toutes celles que j'ai vécu jusqu'à aujourd'hui.

Soleil, plage, sable fin, baignades, dîners face au coucher de soleil qui s'écrase derrière l'océan, fous-rires et discussions légères avec des personnes plus qu'adorables qui m'ont adopté comme si on se connaissait depuis toujours.

Si Caroline m'avait vendu le programme comme tel, j'aurais juré qu'elle en faisait des caisses juste pour me convaincre de venir. Mais bon sang, c'est réellement le paradis ici.

-Bonjour l'emmerdeuse.

A l'exception de ça. Plus particulièrement d'Axel, qui s'amuse à se feindre d'un sourire parfait et d'une gaieté sans limite pour le plus grand bonheur de ses proches, bien qu'ils soient étonnés, et de me casser les couilles du matin au soir dès qu'on est seuls.

-Bonjour à toi aussi le demeuré, bien dormis ? rétorquais-je en voulant lui échanger la place dans la salle de bain.

Volontairement, il me bloque l'accès en restant planté dans l'embrasure de la porte, le torse encore trempé sur lequel gouttent quelques perles d'eau, affublé d'un short de bain noir. Ses mèches cendrées humides en vrac sur le haut de son crâne, un léger sourire carnassier au coins des lèvres, il répond sarcastiquement :

-J'ai super bien dormis, merci de t'en soucier. Et toi ?

-Comme un bébé, lui souriais-je hypocritement. Tu dégages ou tu m'obliges à te pousser moi-même ?

Il ricane sous mon soupire accablé, puis me fait une révérence en me laissant passer.

-Bonne douche Cruella, me lance-t-il, hilare, avant que je ne lui claque la porte au nez.

Je lève les yeux au ciel avant de retirer mon pyjama en satin prune et sauter dans la cabine. J'allume l'eau en tournant le robinet d'eau chaude à fond pour faire grimper la température plus vite, mais rien, le néant. Rien d'autre qu'une eau complètement gelée que je pourrais facilement savourer après une journée étouffante passée sous un soleil de plomb, mais clairement pas à neuf heures du matin.

Et soudain, je comprends qu'Axel s'est amusé à vider le ballon d'eau chaude avant de me laisser la place comme tous les matins, puisqu'on se partage cette salle d'eau.

L'enfoiré.

Je renonce donc à contre-cœur de me délecter d'une douche bien chaude et me contente d'une brève toilette intime rafraichissante, avant de m'habiller et rejoindre le salon dans un sourire de façade.

-Salut ma belle ! me sourit pleinement Zoé depuis la cuisine, qui s'affaire à presser des oranges.

Maxime me salue à son tour, cramponné à sa femme, les bras autour de ses hanches pour l'obliger à se déhancher sur l'air de radio qui chantonne doucement dans la pièce de vie. Zoé rit en lui demandant de la laisser tranquille, et je souris bêtement en les observant.

C'est probablement le couple le plus adorable que je n'ai jamais rencontré de ma vie. Il me suffit de les espionner discrètement quand ils s'échangent rien qu'un sourire ou un regard, pour comprendre à quel point ils sont fous l'un de l'autre.

HolidaysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant