Chapitre 28. Julia

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Mercredi.

Malgré mon cauchemar virulent, la nuit a été plus que bénéfique. Ou plutôt, l'absence inhabituelle d'Axel dans le lit l'a été. Quand je me suis réveillée en sursaut, le cœur prêt à exploser tant il battait vite et douloureusement, trempée de sueur et prise de panique, et que j'ai réalisé qu'il n'était pas à mes côtés, qu'il n'y avait personne pour me prendre dans ses bras, que je n'avais aucun corps rassurant et réconfortant contre lequel me réfugier, le sien en particulier, j'ai immédiatement compris que je n'étais tout bonnement plus capable de me passer de lui.

J'ai pris ma décision de le suivre à Terlin en a peu près un battement de paupières tremblants. Et en réalité, à y réfléchir plus sérieusement pendant que je range ma valise dans le coffre de la voiture des jeunes parents, je sais que je l'aurais suivi quoi qu'il se serait passé. Peut-être pas aujourd'hui, mais j'aurais quoi qu'il en soit réalisé tôt ou tard que je n'étais plus en mesure d'affronter une seule journée sans qu'il ne soit près de moi.

-Un coup de main mon cœur ? me propose-t-il subitement en pressant mon dos contre son torse.

Je gémis sourdement quand ses lèvres enflamment ma nuque d'un tendre baiser, le faisant sourire contre ma peau. Ainsi qu'imiter une régurgitation à sa cousine qui dépose sa valise dans son coffre.

-Faites ça en privé s'il vous plait, ça me dégoute, exagère-t-elle en mimant un frisson, nous faisant rire. Je n'en reviens toujours pas que vous aillez décidés de vous installer ensemble, c'est...

Elle réfléchit un moment alors que je retiens inconsciemment ma respiration, craignant qu'elle juge notre décision trop rapide ou trop risquée malgré les réactions enthousiasmes qu'on a récolté à l'annonce de notre décision. Une partie de moi-même le pense toujours également, mais une autre partie bien plus considérable me répète que je ne pouvais pas faire le meilleur choix.

-Complètement fou et fantastique à la fois ! déclare-t-elle finalement, toute guillerette, avant de pointer faussement sèchement son cousin du doigt. Mais sache que je compte quand même t'en vouloir pendant à peu près dix ou quinze ans pour oser avoir eu l'audace de me voler ma meilleure amie. 

Elle feint le plus grand des sérieux en lui bousculant volontairement l'épaule quand elle regagne l'intérieur de la maison, l'air le plus dédaigneux possible qui me fait pouffer. Axel roule les yeux d'amusement en resserrant ses bras autour de moi, repose son menton sur mon épaule puis inhale une longue bouffée d'oxygène en épiant la façade de Paradise.

-Déjà nostalgique des vacances le demeuré ?

-Pas vraiment... Je me disais seulement que j'avais de la chance d'avoir une famille comme la mienne.

Je penche la tête pour l'interroger du regard, remarquant un rictus en coin traîner sur ses lèvres. Lèvres que j'ai hâte d'avoir l'opportunité de pouvoir embrasser chaque fois que je le voudrai sans avoir à me soucier des regards curieux qui traîneraient dans le coin, ce qui me donne une envie puérile de sauter sur place comme une pestiférée.

-Je ne voulais pas venir ici cette année, développe-il alors que je me tourne et enroule mes mains autour de son cou. C'est Max et ma sœur qui m'y ont quasiment forcé en me rappelant que ne pas les suivre revenait à renoncer à voir ma filleule pendant un mois entier.

-Je vois. Ils avaient donc un argument de taille pour te convaincre.

-Ils savaient parfaitement qu'ils avaient gagnés la bataille d'avance, s'esclaffe-t-il.

Je souris en remerciant mentalement sa sœur et son beau-frère de l'avoir persuadé de venir ici, sans quoi je ne l'aurais jamais rencontré et sans quoi ma vie me semblerait toujours aussi fade qu'elle l'était avant ce voyage. 

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