Chapitre 41. Axel

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Jeudi (une semaine plus tard)

Je sais que je ne peux plus repousser le retour de Julia et à vrai-dire, je n'en n'ai pas la moindre envie parce qu'elle me manque terriblement. Le problème c'est qu'autant que la distance était difficile à vivre, elle m'était aussi largement bénéfique.

En la sachant à Port-Avenue et dans l'incapacité d'entrer en contact avec sa mère, je pouvais facilement la protéger des possibles ravages que vont engendrer tous les secrets que celle-ci veut absolument lui révéler. Des secrets que je lui ai d'abord intimé de me confier, afin de déterminer s'ils valaient la peine d'être divulgués et juger si ceux-ci pouvaient avoir un quelconque impact quant à l'acheminement de guérison de Julia. Ce qui, malheureusement, me semble être la cas.

Je sens que Valérie, sa mère, cherche sincèrement à renouer un lien avec sa fille ainsi que le départ de Julia à ses seize ans l'a énormément affectée. Et aujourd'hui, grâce à toutes les révélations effroyablement touchantes qu'elle m'a faite, je comprends mieux pourquoi est-ce qu'elle l'a laissé fuguer. Ce que j'estime que Julia doit également savoir, en espérant que ces confidences allège quelques-unes de ses peines.

-Axel ? me sourit faiblement Valérie en m'ouvrant la porte de son appartement, affublée d'un peignoir en coton blanc délavé.

-Bonjour, je voulais juste vous prévenir que le train de Julia arrivait dans une demi-heure et que je partais la chercher.

Je ne sais pas vraiment pourquoi est-ce que je me suis arrêté pour la prévenir puisqu'en vérité, j'ose espérer qu'elle ne se jettera pas sur elle dès son arrivée dans l'immeuble et qu'elle aura la décence d'y aller en douceur. Ce qu'elle m'a déjà promis qu'elle ferait.

-D'accord, c'est gentil de m'avoir tenu au courant, me remercie-t-elle timidement en resserrant les pans de son peignoir. 

Je ne peux pas dire que j'affectionne particulièrement cette femme mais, honnêtement, après plusieurs discussions dont certaines assez profondes tout au long de cette dernière semaine, il est évident que mon amertume et mes rancœurs envers elle se sont très nettement affaiblies. Maintenant que je sais tout ce qu'elle a également subi, j'éprouve une certaine compassion envers elle. 

En vérité, je trouve même qu'elle et Julia se ressemblent énormément sur certain point. Elles ont toutes les deux vécus des traumatismes qui leur ont laissé des séquelles évidentes, tout comme des habitudes et des réflexes étranges. Je l'ai compris quand Valérie m'a avoué ne plus être capable d'écouter un air de country sans se pétrifier sur place.

-Quand est-ce que tu penses que je pourrais lui parler ? me demande-t-elle sans masquer son angoisse.

-Je ne sais pas trop, je... Je vais essayer de tâter le terrain avant, je vous tiendrais au courant.

-Tu sais, je crois vraiment que ce serait plus simple si c'était toi qui lui racontait tout, me répète-t-elle. Moi elle ne voudra jamais m'écouter.

-Ce n'est pas à moi de lui parler de tout ça, lui répétais-je à mon tour, la faisant mollement acquiescer. Je ne vais pas vous dire que tout va bien se passer et qu'elle va subitement tout vous pardonner, mais je pense sincèrement que ça va l'aider de connaître toute la vérité. Et qui sait, peut-être que vous pourrez...

-J'en doute, m'interrompt-elle alors que je cherchais la bonne formulation. J'ai arrêté de croire que je pourrais faire partie de la vie de ma fille depuis bien longtemps. Mais je tiens tout de même à lui raconter toute l'histoire. Après ça, je me dis qu'elle me détestera peut-être un peu moins et que ce sera déjà ça de gagné.

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