Chapitre 19. Axel

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Samedi.

Je vois facilement à quel point Julia est tendue, rien qu'à sa façon de gesticuler sans cesse sur elle-même toutes les deux minutes.

Elle n'a quasiment pas décroché un mot pendant le dîner, si ce n'est pour répondre brièvement à une question en se feignant d'un sourire franc, auquel je n'ai pas cru une seule secondes. Elle est de plus en plus angoissée à mesure que la soirée défile, et qu'on s'approche du moment fatidique où je vais observer ses habitudes insolites.

Ce qui m'échappe, c'est qu'elle est fermement persuadée que ça va changer la vision que j'ai d'elle ou une connerie dans le genre, malgré que je lui ait répété cent fois que ça n'aurait aucun impact sur quoi que ce soit. Je sais que je tiens énormément à elle, ce n'est pas quelques manies inoffensives qui pourront me faire changer d'avis sur ce que je veux. J'ai vraiment envie d'être avec elle et de voir où le temps nous mènera, rien ni personne ne m'en dissuadera. Ce qu'elle ne semble pas réaliser ou comprendre à l'évidence.

-Je suis mort, baille bruyamment mon beau-frère, les yeux mi-clos, à moitié affalé sur ma sœur dans un des canapés de la véranda. C'est pas que je m'ennui les enfants, mais je vais aller imiter ma fille et faire de jolis rêves. On se voit demain, bonne nuit.

Zoé suit le mouvement à l'allure d'un zombie, visiblement tout aussi claquée que son mari. 

-Bonne nuit les futurs parents du bébé numéro deux, glousse Caroline en avalant une gorgée de pétillant à la pêche. C'est trop bon ce truc, t'es sûre que tu n'en veux pas un autre ma poule ?

-Non merci, lui sourit poliment Lia, installée dans l'un des deux fauteuils en osier qu'on occupe, le regard perdu sur la mer à peine dissimulable sous le faible éclairage de la lune.

-Tu devrais peut-être t'arrêter là aussi pour ce soir mon amour, raille Elyott en lui retirant ce qui doit être son cinquième verres des mains. Au lit, avant que tu ne commences à avoir la tête qui tourne. 

Ma cousine ronchonne en se laissant mollement traîner par son copain, sous mon rire moqueur qui me vaut un doigt d'honneur.

-Saoularde, lui envoyais-je.

-Sale chieur, réplique-t-elle dans un hoquet. Je retire tout ce que je t'ai dit de sympa sur lui Lia, c'est un enfoiré.

Elle ricane bêtement sans se rendre compte de son aveu. J'hausse un sourcil amusé vers l'emmerdeuse, qui roule des yeux en soupirant.

-Eloigne-là avant que ça na devienne gênant Ely, par pitié, lui réclame-t-elle.

Il rit en opinant du chef, nous souhaitant une bonne nuit avant de déguerpir avec ma pochtronne de cousine, hilare.

-Tu veux aller te coucher aussi ? demandais-je à Julia une fois seuls, mais elle hausse les épaules dans une moue explicite. Je ne vais pas te regarder différemment ou te juger après ce soir Lia, arrêtes de stresser pour rien.

-Tu vas me prendre pour une folle.

-N'importe quoi. Allez, debout Cruella.

Je me relève en lui tendant ma main, qu'elle prend sans grand enthousiasme. Je tente de lui arracher un sourire en la serrant trop fort dans mes bras et nous berçant, ce qui fonctionne moyennement alors je lui vole un baiser, puis d'autres jusqu'à ce que ses lèvres s'étirent pour de bon.

-J'aime mieux ça, l'embrassais-je une dernière fois avant de nous amener à l'étage.

Sa main se resserre dans la mienne à mesure qu'on gravit les escaliers, puis elle la retire pour croiser les bras sur sa poitrine quand on atteint le couloir des chambres.

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