Samedi.
-Je vous en pries, je ne vous demande rien qu'un délais d'un mois. Je vous le rembourserais le mois d'après.
-Je suis navré Mademoiselle Carron, mais c'est toujours non.
Je grogne en éloignant mon téléphone de mon oreille, tout en bataillant avec ma valise pour traverser la foule amassée dans la gare. Je me mets à l'écart pour reprendre ma conversation téléphonique, et tenter une dernière fois de convaincre mon propriétaire de ne pas me mettre dehors.
-Vous avez compris que j'avais perdu mon travail ? me répétais-je pour la troisième fois. Comment je suis censée vous régler si mon compte en banque est vide ? Laissez-moi rien qu'un mois supplémentaire, le temps de retrouver du boulot. S'il vous plait...
-Ecoutez, soupire-t-il, contrarié. Je comprends que vous soyez dans une situation délicate, mais j'ai également des factures à payer Mademoiselle. Si vous ne me payez pas, je ne peux pas les régler non plus.
Je me pince le haut du nez en prenant sur moi pour ne pas l'insulter, entendant l'annonce de l'arrivée en gare de mon train retentir dans le hall.
-Très bien. Je vais me débrouiller autrement, merci quand même.
-Payement avant le cinq du mois, croit-il important de me rappeler.
Je lui raccroche au nez en jurant un « je t'emmerde » face à mon écran d'accueil, écrabouillant mon téléphone entre mes mains au passage.
-Fait chier !
Je récupère rageusement la poignée de ma valise pour rejoindre le quai, sans manquer de bousculer quelques personnes dans ma course. J'hésite un moment quand le train s'arrête devant moi, prise entre l'envie déraisonnable de tout plaquer pour aller enfoncer mes orteils dans le sable chaud, et la réalité. Que je dois trouver un nouveau travail pour ne pas finir SDF.
Rien que ça.
-Dernier appel, siffle un agent de la SNCF entre les portes d'accès à un wagon.
Et puis merde, j'ai bien le droit de me reposer un peu après tout ce que j'ai dû traverser.
Je cours jusqu'au type qui vérifie et valide mon ticket, puis rejoint ma place quand le convoi reprend de la vitesse. Je souffle bruyamment en m'affalant sur mon siège, plus que ravie que celui d'a côté soit déserté, et envoie rapidement un SMS à Caroline avec qui j'ai préféré ne pas faire la route en voiture -et surtout ne pas m'incruster davantage- puisqu'elle et Elyott faisaient une halte en chemin pour saluer de la famille de celui-ci.
Mon message envoyé pour la prévenir de mon départ, je ferme les yeux et me laisse aller dans mon fauteuil.Des vacances. Enfin. Respires ma vieille, tu règleras tous tes problèmes à ton retour. Maintenant, tu profites.
***
Mon coude dérape du rebord de la vitre, envoyant ma tête cogner violemment contre elle. Je me réveille en sursaut, légèrement désorientée.
-Désolé, grommèle un type de ma tranche d'âge qui s'installe à mes côtés.
-Quoi ? bafouillais-je, encore endormie.
Je jette un coup d'œil sur le panorama qui défile graduellement plus vite, signe qu'on venait de faire une halte. Visiblement, le redémarrage a été assez brusque pour faire trébucher mon voisin sur moi.
-On est où ? me renseignais-je auprès de lui.
En râlant entre ses dents, il cale son sac de sport à ses pieds puis soupire grossièrement en s'enfonçant dans son siège. Il s'agite un moment dessus pour trouver une position confortable, puis soupire à nouveau en fermant les yeux.
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Holidays
RomanceIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...