Chapitre 37. Julia

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Mardi.

Après la séance d'essayage la plus déprimante et longue de toute ma vie pendant laquelle j'ai réalisé qu'à quatre mois de grossesse passé, on ne pouvait manifestement plus porter de vêtements prêt du corps sans avoir l'air d'être ballonné ou tout simplement d'un rôti trop ficelé, je souris enfin avec satisfaction, et un grand soulagement, quand je trouve mon bonheur au fin fond de ma penderie. Une vieille robe noir que je n'avais encore jamais portée puisqu'achetée trop grande part flemme de passer en cabine à l'époque, et qui maintenant me va comme un gant. Alléluia.

Ses manches trois-quart en dentelles cachent la nouvelle rondeur de mes bras dont j'ai un peu de mal à m'habituer tandis que le bas de la pièce, évasé, masque celle de mon ventre et mes cuisses.

Parfait.

A force de passer mes journées à traîner dans des leggings et tee-shirts informes, seuls vêtements dans lesquels je me sens véritablement à l'aise, j'avais presque oublier la jouissance qu'on pouvait ressentir quand notre reflet dans le miroir nous convenait plus ou moins. Même si pour être franche, une partie de moi jubile carrément à l'idée de voir mon corps changer au fil des semaines. Et ce à une vitesse assez hallucinante d'ailleurs.

-Tu ne voudrais pas qu'on annule le dîner chez Mme Lynn et qu'on passe la soirée en amoureux devant un bon film plutôt ? la ramène Axel, brisant mon moment de satisfaction personnel pourtant inespéré.

-Absolument pas, m'exclamais-je depuis la chambre sans cesser de m'admirer dans le miroir.

Même enceinte, t'es pas si mal que ça ma grande, me complimentais-je mentalement.

Axel me rejoint en baragouinant le mot « glace » et « chantilly », essayant de négocier la soirée en me prenant par les sentiments, avant de s'arrêter finalement sur le bas de la porte.
Un yaourt au chocolat dans une main, la cuillère encore dans la bouche, il me détaille de la tête aux pieds.

-Hé bien... marmonne-t-il en s'avançant lentement vers moi tout en continuant de me dévisager avec insistance. Il y à longtemps que je ne t'avais pas vu... Comme ça, ajoute-t-il quand son regard termine de me scruter à travers le miroir, visiblement tout aussi ravi que moi par ce qu'il renvoi.

A mon tour, je m'examine pour la énième fois.

Chose que je n'avais pas fait depuis ce qu'il me semble être un siècle, j'ai pris le temps de me donner meilleur mine qu'avec seulement un coup de mascara et de fards à joues le matin. Mes cheveux, eux, plus récemment habitués à être relevés en queue de cheval haute ou chignon désordonné, tombent naturellement dans mon dos en quelques ondulations qui me conviennent parfaitement.

En revanche pour ce qui est question de ma frange, c'est une autre histoire. Elle a tellement poussée qu'elle est quasiment devenue inexistante, à tel point que je la rabat sur un côté et la coince dorénavant constamment derrière mon oreille pour ne pas qu'elle traîne devant mes yeux. Chose bien évidemment insupportable.

-Il faut que j'aille chez le coiffure, décrétais-je pour moi-même.

Bien qu'en vérité, j'apprécie ma nouvelle coupe. Si j'en crois les vagues souvenirs des photos de moi enfant que ma génitrice possédait, il me semble avoir toujours porté une frange.

C'est peut-être un changement totalement débile et minime aux yeux de certains, mais j'ai le sentiment que le fait de ne plus la couper et de changer de tête sonne définitivement le départ de ma nouvelle vie.

-Je te trouve parfaite comme ça, me sourit tendrement Axel en posant un bisou sur ma tempe, comme j'adore toujours autant qu'il le fasse. Bon, tant pis pour la soirée en amoureux dont je rêvais. Je m'en voudrais de t'obliger à réenfiler un vieux tee-shirt alors que je vois bien que ça te fais plaisir de t'être pouponner.

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