Samedi.
Ne pas m'énerver, ne pas m'énerver, ne pas m'énerver.
Ne pas râler.
Ne pas me plaindre.-Alors, vous allez m'expliquer ce qu'il se passe entre vous ? nous interroge Caroline, ma cousine, sur la route de chez nos grands-parents.
Putain, pourquoi est-ce que je n'ai pas pris le premier train qui repartait dans le sens inverse ?
-Rien, grognais-je depuis la banquette arrière.
Apparemment, je me devais obligatoirement de m'installer à l'arrière et laisser la place passagère à l'invitée imprévue. Par politesse et galanterie d'après ma cousine.
Qu'est-ce que je pouvais faire face à deux femmes ? Je ne suis qu'un homme.
Mais j'ai le mal des transports et ça fait déjà vingt minutes qu'on roule sur des routes de campagnes gravillonnées, mon estomac commence à se retourner et c'est mauvais signe.
-Ah non ? pouffe sarcastiquement Caro. Parce qu'à vos têtes quand vous avez compris que vous alliez passer vos vacances ensemble, j'aurais juré que ça vous posaient problème à tous les deux.
Elle lance un regard interrogateur à sa copine, qui hausse naïvement les épaules, puis m'envoi le même depuis son rétroviseur central. Attendant que je lui donne une réponse, et je prends sur moi pour rester calme et courtois alors que je rêve de lui crier que sa pote est une folle alliée.
Elle ma frappé putain, qui frappe un inconnu pour un simple accoudoir débile ?
-On s'est retrouvés côte à côte dans le train et on s'est un peu...
J'hésite en lançant un coup d'œil dans le rétroviseur latérale, où la fameuse Julia m'observe discrètement depuis le siège avant. Je détourne le regard en soupirant.
-Chamaillés, choisis-je d'alléger la vérité. Rien de grave, c'est oublié.
-Il vaut mieux pour toi, me rappelle ma cousine.
Je lui répond par un sourire pincé avant de lever les yeux au ciel et m'enfoncer dans la banquette, partagé entre l'énervement, la fatigue, la joie de retrouver ma filleule, et l'envie démesurée de rentrer retrouver mon canapé pour continuer de le creuser jusqu'à ce que mort s'en suive.
Les filles se font un inventaire mutuel de tous les maillots de bains qu'elles ont ramené pendant ce qui me paraît durer une éternité, en paillant comme des poissonnières, tandis que je me garde de déverser mon estomac sur le tapis à mes pieds.
-On est bientôt arrivés ? me plaignais-je, transpirant. Je me sens pas bien, fait une pause Caro.
-On arrive dans dix minutes.
-Je vais gerber, la prévenais-je en ouvrant la fenêtre.
-Pas sur ma portière ! s'affole-t-elle.
Elle ralentit et freine brusquement sur la chaussée longeant un pré, secouant la voiture et mes intestins avec elle. J'ai tout juste le temps d'ouvrir la porte que je me vide intégralement.
Génial, vraiment génial.
-Merde, ça va ? me demande Julia, qui se précipite de sortir de la voiture.
Encore mieux. Il ne manquait plus qu'on me regarde dégueuler. Et évidemment, ça ne pouvait pas être une fille aux cheveux verts et un strabisme, plutôt que cette emmerdeuse foutrement canon que j'aurais préféré qui ne me voit pas recracher mes tripes.

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Holidays
RomanceIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...