Chapitre 23. Julia

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Vendredi.

-Prends ça ! me balance gaiement Elyott en posant un plus quatre sur le socle du Uno.

Je le fusille faussement du regard en piochant mes cartes, sous un ricanement de l'assemblé au complet.

-Tu lui as passé son tour au moins trois fois et tu lui as mis un plus deux, c'est de bonne guerre, le défend Maxime assit à mes côtés, à qui je tends un sourire pincé avant de poser un changement de couleur.

-Rouge, choisis-je en ayant vu sa dernière carte à la dérobée, bleu.

-J'y crois pas, peste-t-il en piochant à son tour.

Je tape narquoisement dans mes mains en échangeant un regard amusé à Axel, installé dans le canapé en face de nous avec sa cousine.

Il me sourit tendrement et comme à chaque fois depuis déjà bien trop longtemps j'ai l'impression, je fonds comme neige au soleil. Mes pensées vacilles sur ce moment grotesque où j'ai bien failli lâcher ces deux fameux mots, et mon cœur s'emballe de plus belle. On n'en n'a pas rediscuter depuis notre sortie de samedi soir, mais je sais qu'il a compris ce que j'allais manquer d'avouer malgré-moi, avant de me ressaisir de justesse. Mais ce n'est pas le pire, le pire c'est qu'il m'ait répondu que lui aussi en sachant exactement ce que je n'osais pas dire.

-Uno ! crie subitement Caroline en posant un sens interdit, m'arrachant à mes pensées.

-T'as une dent contre moi ou quoi ? se plaint Axel à qui elle vient de passer le tour, en se renfonçant paresseusement dans le sofa dans une moue adorable.

-Quel mauvais joueur, ricane sa sœur en posant une carte. T'as jamais supporté perdre, les parents m'obligeaient même à te laisser gagner pour éviter que tu ne crises quand t'étais petit.

Tout le monde rit en chœur alors qu'Elyott change à nouveau de couleur et choisit du vert, m'obligeant à piocher en ronchonnant. Je n'avais plus que deux cartes rouges avant de gagner cette manche.

-T'es une menteuse tu ne m'as jamais laissé gagner, j'étais juste plus fort que toi. Même à cinq ans je te foutais des raclées et tu l'as encore en travers de la gorge, la charrie Axel.

On repart tous à rire quand la sonnerie de téléphone de Zoé nous interrompt, faisant froncer les sourcils de chacun.

-Qui t'appelle à cette heure-là ? s'étonne son mari en piochant à son tour, tout en regardant l'horloge au-dessus de la cheminée qui indique vingt-deux heure passées.

Zoé hausse les épaules en se relevant de son fauteuil pour aller chercher son portable.

-Numéro non enregistré, nous informe-t-elle en décrochant. Allo... ?

Caroline inflige un plus deux à son cousin, qui la fusille du regard sous nos rires moqueurs. Tandis que Zoé revient vers le salon avant de se figer en cours de route, nous faisant tous relever la tête vers elle quand elle reprend, les yeux écarquillés vers son frère :

-Anaïs ? Hmm, non non tu ne déranges pas... lui dit-elle alors qu'un malaise évident s'invite brutalement dans l'air. Je ne m'attendais pas vraiment à un appel de ta part...

Je pose craintivement les yeux sur Axel, imitée par les autres membres de la maison. Il n'a curieusement pas l'air surpris, son visage est plutôt impassible mais aucune trace d'étonnement ne s'y trouve, ce qui me fait discrètement froncer les sourcils à nouveau.

-Euh, oui effectivement, on est bien tous à Paradise comme tous les étés, poursuit Zoé en achevant son trajet jusqu'au fauteuil, s'asseyant sur l'accoudoir. Oh, hmm, si Axel est avec moi ?

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