Chapitre 42. Axel

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Samedi.

Lessivé par ma semaine de travail et par tout ce qui me préoccupe ces dernières semaines, je traîne honteusement du pieds pour rentrer à la maison, bien que je sache que Julia m'attend pour dîner et que je rêve de m'allonger contre elle. Ce n'est pas elle que je cherche à éviter, mais Valérie, qui semble avoir enregistrée l'heure à laquelle je rentre du travail et qui depuis dix jours, s'affaire à relever son courrier chaque soirs à cette heure même. En faisant semblant d'être étonnée de tomber sur moi à chaque fois, comme si c'était une coïncidence.

Je fais un arrêt au supermarché pour acheter un tas de conneries. Principalement des chocolats et des sucreries que Julia adore grignoter à longueur de journée, puis fais une halte chez un fleuriste. J'inspecte chaque bouquet un à un dans le seul but de gagner un peu de temps, espérant ainsi ne pas croiser Valérie aujourd'hui et m'éviter cette énième conversation insupportable.

C'est donc seulement près d'une heure plus tard que je me gare devant notre résidence. Je coupe le moteur, souffle de fatigue, de lassitude et de contrariété, ferme un instant les yeux en m'enfonçant dans mon siège, puis me restreins à pénétrer dans le hall sans grand enthousiasme. A juste titre.

-Tiens, Axel ! s'étonne faussement, à mon grand désarroi, Valérie. Décidemment, on se croise souvent ici.

Elle imite un rire indéniablement nerveux, tandis que je me retiens de l'envoyer sur les roses parce que son petit manège devient sérieusement agaçant.

-Vous m'avez attendu longtemps, j'aurais dû rentrer il y a pratiquement une heure, lui balançais-je blasement en inspectant ma boîte aux lettres.

Surprise que j'ai démasqué son petit manège, elle rougit en détournant le regard, certainement gênée de se montrer aussi insistante. Et il y à de quoi.

J'en ai sérieusement marre d'être constamment prit entre deux eaux entre elle et Julia, avec qui ma relation commence à battre de l'aile à cause de toute cette histoire. Elle m'en veut d'avoir accordé une quelconque importance à sa mère en écoutant les récits de son passé, et est même persuadée que je me suis maintenant rangée de son côté puisque je lui répète sans cesse qu'elle devrait elle aussi l'écouter les lui raconter, sous la pression constante de Valérie. Et ça, je ne le supporte plus.

-Ecoutez, soupirais-je, las. Je vous ai dit que j'avais déjà essayé de la convaincre de vous écouter. Plusieurs fois, je vous assure, mais elle ne veut rien entendre. Elle est catégorique et je ne peux pas la forcer, j'en ai encore moins envie. C'est à elle que revient ce choix et à personne d'autre, même pas à vous. Je suis désolé.

J'appuie sur le bouton d'appel de l'ascenseur en espérant qu'elle lâche l'affaire comme je me suis contraint à le faire depuis quelques jours, suite à la dispute de trop avec Julia, qui m'a juré que si j'abordais le sujet de sa mère une seule fois de plus, elle partirait pour de bon. Mais malheureusement, Valérie est plus coriace que moi.

-Tu sais que c'est important, s'obstine-t-elle. T'es le seul qui peut m'aider à renouer contact avec ma fille, je t'en prie Axel...

-Renouer contact ? répétais-je en déchantant méchamment, comprenant ce qu'elle a véritablement en tête depuis le début. Parce que vous croyez que j'ai accepté de vous aider dans l'espoir qu'elle vous prenne en pitié et vous pardonne ?

Je souffle un rire désabusé, réalisant qu'elle s'est servie de moi comme intermédiaire avec la seule intention de regagner une place dans la vie de sa fille, alors que ça n'a jamais été le deal. Et que surtout, je ne l'aurais jamais accepté si j'avais su dès le départ de quoi il en retournait.

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