Life Always Restarts

Chapitre 12 : Démission

MAI 1974

Pendant ce temps là, loin de me douter de l'existence de cette jeune fille éprise de liberté qui se perdait dans le Londres moldu, j'étais de mon côté retournée à Poudlard, prête à affronter les deux derniers mois de cours qui, ponctués des examens et du stress qui montait en conséquence, ne s'annonçaient pas de tout repos. Angel eut beau nous créer un planning de révision afin de nous éviter de prendre du retard, et Lily et Alice nous aider à maîtriser les quelques sorts qui nous résistaient encore, la peur de l'échec planait au-dessus de ma tête comme une épée de Damoclès et s'accentuait davantage lorsque, quand nous avions cours en commun, je voyais que Marly paraissait tout à fait sereine.

Plus rigoureuse que jamais encore je ne l'avais été, je fis donc une pause dans ma traduction acharnée pour les Maraudeurs et pris sur moi pour relire et apprendre mes cours alors que tout mon corps me criait de profiter du beau temps pour aller voler au terrain de Quidditch ou me gorger de soleil dans le parc. Bien conscient de mon appréhension, mon entourage en jouait d'ailleurs ; James et Sirius en se moquant de mon sérieux et Angel en en profitant pour me convaincre de l'accompagner à la bibliothèque pour travailler alors même que j'avais toujours privilégié la salle commune pour le faire.

— Je t'assure que c'est le meilleur endroit pour réviser ! m'assura-t-elle un matin où nous devions nous attaquer à la première Guerre des Gobelins. Du silence, aucune distraction, et toute la documentation qui nous faut à portée de main !

Tout en énonçant ses arguments, elle posa plume et parchemins sur une table libre et me somma de faire de même.

— Si tu le dis, grommelai-je en m'exécutant. Il n'empêche que la compagnie est meilleure dans la salle commune ! ajoutai-je en remarquant que Ganymede Lestrange et Aiden Wilkes nous tenaient lieu de voisins.

En les apercevant à son tour, Angel fronça le nez, pas ravie de voir que son grand rival prenait lui aussi à cœur d'être prêt pour les examens.

— Ils révisent quoi, à ton avis ? me demanda-t-elle en les jaugeant d'un air méfiant.

— J'ai l'air d'avoir des yeux en suffisamment bon état pour le deviner d'ici ? rétorquai-je.

Mon amie me ficha un coup de coude, à moitié amusée, puis me tira par le bras pour m'entraîner dans le rayon réservé à l'Histoire de la Magie. Docile, je la laissai me charger de plusieurs épais volumes traitant de notre sujet du jour, habituée à ses excès de zèle dès que quelque chose touchait au travail scolaire. Sur le chemin de retour, aveuglée par la pile de livres que je portais, je manquai de renverser plusieurs élèves que je rencontrais et m'égarai quelque peu, me retrouvant bien plus près de la table des deux Serpentard que ce que j'avais escompté. Si près, à vrai dire, que je surpris une partie de leur conversation qui, à mon grand étonnement traitait de tout sauf des cours.

— C'est étrange qu'ils démissionnent comme ça, disait Wilkes à son fidèle comparse. Surtout pour être remplacés par Maugrey Fol-Œil ! D'après mon père, il est complètement fou...

— Il est surtout bien moins tolérant, répartit Lestrange d'un ton sans appel. Et du coup bien plus compétent. Lui n'hésitera pas à venir fouiller chez nous à la recherche d'objets de magie noire...

Intéressée par leur conversation malgré moi, je ralentis le pas tandis que Wilkes s'esclaffait.

— C'est bien vrai ! s'exclama-t-il. En même temps, les Martins n'étaient pas très bien placés pour la ramener. Leur manoir doit regorger d'autant d'objets louches que les nôtres !

— Pas sûr. Ils ont dû s'en débarrasser depuis belle lurette.

— Mouais, depuis une quinzaine d'années tout au plus, alors. Ils font les fiers maintenant, mais quand ton grand-père était encore en vie... D'ailleurs, ça lui ferait une belle jambe de voir ce qu'est devenu son fils !