Chapitre 38 : It's Time To Play

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DÉCEMBRE 1975

Inévitablement, les révélations de ma grand-mère firent changer les choses au sein de notre famille. Mon père aurait pu en vouloir à sa mère du temps qu'elle avait mis à lui raconter tout cela, mais l'idée ne sembla à vrai dire même pas l'effleurer. Au contraire : il avait l'air bien plus heureux, le sourire qui trônait sur ses lèvres parvenant presque à faire oublier ses cernes toujours plus foncés. Si cela m'étonna au début, je constatai bien vite que son comportement était loin d'être le plus étrange. Il était par exemple bien plus surprenant de voir à quel point ma grand-mère paraissait sereine maintenant qu'elle s'était libérée du passé qu'elle traînait aussi lourdement qu'un prisonnier son boulet, ou encore d'intercepter les regards toujours hautement méprisants que Marly lui adressait depuis ce fameux réveillon.

Un après-midi de la fin décembre, je me souviens d'ailleurs l'avoir vue fusiller une énième fois ma grand-mère du regard tandis que, confortablement assise dans le fauteuil en cuir du salon, celle-ci lisait un quelconque journal traitant des dernières nouveautés musicales. N'ayant rien d'autre à faire, je tentai l'espace d'un instant d'en deviner la raison, mais forcée de reconnaître que je n'arriverai à rien, je finis par abandonner pour m'intéresser à Jake qui, penché sur une boule de cristal, essayait vainement d'y apercevoir quelque chose. Lorsque les Potter et les Martins, que ma mère avait invités pour le thé, arrivèrent, le parchemin qu'il était censé compléter pour son cours de divination était toujours désespérément vide.

— Tu fais ton devoir de divination ? lui demanda Joyce en venant s'asseoir avec nous.

— Non, je contemple cette merveilleuse boule transparente dans l'espoir qu'elle donne un sens à ma vie incroyablement pathétique, grogna Jake.

— Honnêtement, je ne vois pas pourquoi tu t'embêtes, dit James. Moi j'ai tout inventé. Tu connais la prof, il suffit que tu glisses une du blabla à propos de la rencontre entre deux âmes sœurs et elle sera contente.

Jake haussa les épaules en repoussant la boule un peu plus loin sur la table vernie. Pour ma part, je jetai un regard étonné à James, surprise qu'il adresse la parole à Jake de son plein gré. Si, quand ils se croisaient en-dehors de Poudlard, ils étaient toujours cordiaux l'un avec l'autre, leurs rapports n'en étaient pas moins empreints de froideur, alors le voir conseiller mon frère me fit un drôle d'effet.

— Je crois que c'est ce que je vais finir par faire.

— C'est fou ce que vous pouvez être flemmards, marmonna Joyce en levant les yeux au ciel. Je suis certaine que ce n'est pas si dur que ça de voir quelque chose dans cette cochonnerie, affirma-t-elle en saisissant entre ses doigts fins la boule de cristal.

Jake esquissa une moue sceptique mais la laissa tout de même faire.

— Tu crois sérieusement que tu vas réussir à voir quelque chose, Joyce ? se moqua James. Après tout, tu as raté cet examen...

Joyce tira la langue au Maraudeur et se pencha sur le petit objet avec une concentration presque comique tant elle était incongrue.

— Tu vois quelque chose ? m'enquis-je avec un sourire amusé.

— Chuuuuut, je me concentre...

Bien que peu confiants quant à sa réussite, on se tut tous pour la laisser se plonger dans la contemplation de l'objet.

— Je vois... des débris, murmura-t-elle après quelques instants, les sourcils froncés, en se penchant encore plus sur la boule de cristal. Il y a des flammes aussi, poursuivit-elle. Et des corps... Ils ne bougent pas. Ils sont morts, je crois. C'est marrant, ce cadavre-là il ressemble à...

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