Chapitre 29 : L'ultime étreinte

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PRINTEMPS 1979

Ces quelques jours de ma vie furent si intenses, entre le nouveau décret du Ministère, les sentiments de Regulus, ceux de Theo, le comportement d'Angel et la proposition de Nathan, que je peine à me rappeler de ce qu'il s'est passé ensuite. J'ai essayé, pourtant. J'ai relu les journaux, j'ai questionné Becca, Theo, Marly et Charlie, et je suis même allée voir Jake, Elladora et mon père, mais rien à faire, il semblerait que leurs souvenirs à tous soient aussi flous que les miens. Je vous prie donc de m'excuser pour le manque de fidélité dont je vais devoir faire preuve en vous contant les mois qui ont suivi.

Il y eut d'abord Angel. Le lendemain de ma ronde avec Nathan, avachies sur son lit, nous eûmes la discussion la plus longue et la plus mouvementée de toute notre relation. Nous parlâmes de Theo, de la situation dans laquelle je le mettais malgré moi, de ce que nous pouvions faire pour y remédier mais, évidemment, n'étions jamais d'accord sur rien. Il m'est tout bonnement impossible de me souvenir de l'issue de la conversation, mais de toute façon nous aurons l'occasion d'en reparler par la suite. Tout ce que je peux vous dire, c'est que nous nous réconciliâmes.

Un jour, une semaine, un mois, une saison plus tard, il y eut Joyce. J'ai essayé de remettre la main sur la lettre qu'elle m'avait envoyée à l'époque, mais je n'ai pas réussi. Sans doute l'avais-je foutue à la poubelle quelques jours après l'avoir reçue. Mais en même temps... Comment faire autrement ?

Dans cette lettre, Joyce m'annonçait qu'elle s'était inscrite à une formation de briseur de sort qui avait lieu... de l'autre côté de l'Océan, à Boston. Depuis le début de l'année, nous ne nous étions que peu parlé, les événements ayant fait suite à la mort de ma mère étant toujours bien présents dans nos esprits respectifs, mais le moins que l'on puisse dire c'est que, même de la part de Joyce, l'initiative me laissa coite.

— Elle t'a expliqué pourquoi ? demandai-je à Jake pendant les vacances de Pâques.

— Non. Même son oncle et sa tante ont l'air d'hésiter sur les raisons qui l'ont poussée à faire ça. Quoique ça soit plutôt raisonnable dans le fond.

— De partir à Boston étudier les sorts ? C'est de la folie pure, oui !

Jake haussa les épaules.

— Pas tant que ça. Arthur, Joyce, l'ancienne attrapeuse de votre équipe... Peut-être que ce sont eux qui ont raison dans le fond. Peut-être qu'on devrait quitter ce pays. C'est pas comme s'ils cherchaient à nous retenir, de toute façon.

Cette dernière phrase, mon frère la prononça avec une amertume plus qu'évidente. Le décret interrompant sa carrière au Ministère alors qu'elle venait de commencer, il ne l'avait toujours pas digéré, d'autant plus qu'il avait ôté à mon père son métier, un repère qui lui était précieux depuis la mort de Maman.

Quelques semaines après, je remportai avec mon équipe la coupe de Quidditch, ce qui n'était jamais arrivé à une autre équipe qu'à celle des Poufsouffle depuis mon arrivée à Poudlard, Elladora faisant des ravages. Puis il y eut les examens et mon permis de transplanage. Je manquai de le rater à cause de mon aversion chronique pour ce moyen de transport, mais au moins je n'eus plus à m'en inquiéter.

***

4 JUILLET 1979

Fort heureusement, la mémoire me revient pour l'été et son lot de rebondissements. Je n'ai même pas eu besoin d'aller consulter Theo pour me remettre les dates en tête – dommage, ça aurait pu être très drôle – car elles y sont aussi bien gravées que dans le contrat qui se trouve toujours dans le tiroir à côté de la caisse de notre boutique, à Nathan et à moi.

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