Chapitre 22 : L'héritière de la famille endormie

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FÉVRIER 1975

Peu de temps après les révélations d'Angel, ce fut autour de Joyce d'affronter les démons de son passé lorsque, pendant la deuxième semaine de février, le jour de son audience au Ministère arriva. N'y ayant pas assisté, c'est au même titre que pour les fiançailles de Rodulphus et Bellatrix Lestrange que je vous en fait le récit, à l'aide des informations que j'ai pu récupérer ici et là depuis. Encore une fois, je ne prétends pas vous en faire un compte rendu exact, mais je pense avoir suffisamment de matière pour oser le qualifier de fidèle.

À en croire Joyce, cette journée débuta non quand son réveil sonna, mais quand elle dut se planter devant sa penderie pour choisir sa tenue. Les circonstances prohibant le port de l'uniforme, elle était libre de revêtir n'importe quelle pièce de son dressing. Une jupe et un pull sobres auraient pu suffire, mais Joyce n'était pas Joyce Martins pour rien : doucereusement provocatrice envers sa tante Ariane, c'est parée d'une robe d'un vert qui rappelait celui de ses yeux et d'une étoffe dont ma famille ne pourrait faire que rêver qu'elle choisir d'aller retrouver son oncle dans le bureau de Dumbledore, à partir duquel ils rejoignirent par cheminée le Ministère de la Magie.

Une heure et un examen de baguettes plus tard, c'est assise sur un banc coincé entre deux portes du Département de la Justice Magique que Joyce attendait, pianotant nerveusement de ses doigts contre le bois de son siège. À ses côtés, tout aussi nerveux à l'idée de revoir sa sœur et son beau frère, Edwin lui jetait de temps à autre des regards furtifs qu'elle faisait semblant de ne pas remarquer, considérant que leur accorder de l'importance ne ferait qu'accroître le malaise qu'ils ressentaient déjà tous deux. À mesure que l'heure fatidique approchait, Joyce sentait effectivement son aisance s'amenuiser. Sa tenue lui paraissait désormais stupide et déplacée, et plus elle réitérait les coups d'œil en direction l'horloge qui ornait le mur, plus elle sentait ses mains devenir moites.

Le quart d'heure qui lui restait passa bien trop vite à son goût et, à onze heures tapantes, deux hommes arborant l'écusson réglementaire du département s'approchèrent. Ils saluèrent Edwin, qui était figure connue au Ministère, puis se tournèrent vers elle, lui permettant de les détailler. Le premier, grand et svelte, passa une main dans ses cheveux bruns en la saluant, roulant des épaules et renforçant le contraste qui existait entre lui et son collègue, bien plus petit et détenteur d'une panse plutôt conséquente.

— Miss Martins, je suppose ? demanda le premier.

Ravalant le « Qui veux-tu que je sois d'autre ?! » qui germait sur sa langue, Joyce opina poliment du chef.

— Je suis Kerry Simpson, directeur du Département de la Justice Magique, et voici mon collègue John Bones, chargé des affaires concernant les mineurs. C'est lui qui s'occupe de votre dossier d'adoption tandis que je suis responsable de l'harmonisation des successions de vos ancêtres. Si vous voulez bien nous suivre, nous allons rejoindre la salle d'audience, les époux Lestrange nous y attendent déjà.

Edwin hocha la tête et déposa une main rassurante sur l'épaule de sa nièce pour la pousser à prendre la suite des deux hommes qui s'éloignaient déjà. Leur petit groupe s'arrêta devant une porte de bois vernie qu'un écriteau doré indiquait comme étant la salle d'audience numéro 3. La poignée actionnée, ils entrèrent et, retenant sa respiration, Joyce laissa son regard détailler le tribunal miniature dans lequel allait se jouer une partie de son destin. Ariane et Aldébaran Lestrange étaient installés sur l'un des bancs peu confortables qu'offrait la pièce et un greffier assis à une petite table située à côté de la loge des juges. Obéissant à Simpson qui lui indiquait de prendre place devant eux, Joyce grimpa à la tribune de bois et se laissa tomber avec une grâce toute calculée sur le siège qui lui était réservé. Edwin investit quant à lui le banc qui faisait face à sa sœur et son beau-frère.

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