AOÛT 1977
Sur le coup, Joyce réagit exactement comme je m'y attendais : elle se confondit en excuses, déplora ma situation et chercha par tous les moyens possibles de me convaincre qu'elle et ses cousins n'y étaient pour rien. C'était inutile, bien sûr. Je ne lui en voulais pas, m'étais suffisamment apitoyée sur mon sort toute seule et l'enquête qu'elle avait initiée à la suite des événements de Pré-au-Lard avait déjà prouvé qu'aucun des Lestrange n'y était mêlé.
En revanche, contrairement à ce que je pensais, elle ne s'épancha en paroles inutiles pendant des heures. Dès le lendemain de notre balade sur les hauteurs de Tinworth, elle ne fit plus référence à ce que je lui avais annoncé et se comporta avec un détachement qui aurait pu me vexer si je n'avais pas été trop étonnée pour ça. Cherchant peut-être à combler le décalage entre la réaction à laquelle je m'étais attendue de sa part et ce qui s'était réellement produit, c'est peu après que je mis James et Sirius au courant et, bien que le tact ne fasse pas partie de leurs qualités principales, leur réaction me toucha et me fit oublier celle de Joyce.
Cependant, alors que même moi je n'y pensais plus, la Serpentard ramena le sujet sur le tapis au cours d'une après-midi pluvieuse au cours de laquelle nous avions trouvé refuge dans ma chambre.
— J'ai eu une idée, lâcha-t-elle alors que, allongée sur mon lit, elle regardait, tête à l'envers, les gouttes qui s'écrasaient avec virulence sur les vitres.
— À propos de quoi ?
— De comment nous venger de ce que la Communauté t'a fait.
L'effet fut immédiat : je me tendis. Mais Joyce paraissait tellement paisible que je n'eus pas le cœur de l'énerver en lui avouant que je n'avais aucune envie de me venger. À vrai dire, je n'y avais même pas songé. Tout ce que je souhaitais, c'était reprendre ma vie là où je l'avais laissée et ne plus m'intéresser au Cercle. Ce qui était après tout ce que j'avais voulu faire suite à la mort d'Adelyn, mais la Rose de Nuit en avait décidé autrement.
— Vas-y, soupirai-je.
— Je pensais envoyer une lettre à Rodulphus.
Je m'étranglai.
— PARDON ? m'écriai-je, incrédule. Mais ça va pas la tête ? C'est toi qui m'a dit que tu le soupçonnais d'être un Mangemort, et tu veux quand même lui demander de l'aide ?
S'étant sans doute attendue à ma réaction, Joyce haussa les épaules d'un air désinvolte.
— On ne cherche pas à lutter contre Voldemort, là, alors quelle importance ? Ce n'est pas le même combat, et certainement pas les mêmes ennemis.
Sa réponse me fit éclater d'un rire nerveux.
— Quelle importance ? Tu ne le vois peut-être pas puisque tu as grandi à ses côtés, mais il y a de forte chance pour qu'il ait pris part à toutes les attaques qu'il y a eu ces deux dernières années. Excuse-moi de ne pas vouloir faire ami-ami avec un assassin !
— Je ne te demande pas de faire ami-ami avec lui ! s'agaça Joyce. Juste de me donner ton assentiment pour lui envoyer une lettre et lui demander d'enquêter à notre place. C'est bénéfique pour nous, Alicia ! Il fait le sale boulot à notre place, et toi tu es vengée !
Son calme me révolta.
— Mais à quel prix ? Qu'est-ce qu'il va nous demander en échange ? De livrer mes parents à son maître ? C'est hors de question, Joyce ! Je ne te donnerai pas mon consentement.
— Juste parce que c'est un Mangemort ?
— Tu veux vraiment que je te fasse la liste des raisons de mon refus ? Je ne veux pas mêler Rodulphus Lestrange à tout ça, point barre.
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Life Always Restarts
FanficEn 1973, Alicia Azer effectue sa première rentrée à Poudlard. Sur un fond d'amitiés qui se tissent et de liens familiaux qui se brisent, le tout agrémenté de mystères en tout genre, elle va peu à peu évoluer et s'intégrer dans cet univers de magie. ...