Chapitre 40 : La morsure du serpent

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FÉVRIER 1976

Après ma victoire contre Tess, le sérieux inhabituel dont j'avais fait preuve en défense contre les forces du mal disparut et je redevins l'élève détachée que j'étais auparavant. Sirius, bien trop content de lui pour ne pas en profiter, me proposa bien de poursuivre ma remise à niveau en sa compagnie, minimisant la participation du pauvre Remus, mais ma fierté refusa pour moi, préférant me laisser vaquer vers d'autres occupations et, surtout, d'autres mystères.

Effectivement, quelques jours plus tard, alors que je finissais à la bibliothèque une traduction que je n'avais pas eu l'intelligence de terminer en cours comme l'avait fait Angel, je parcourais mon syllabaire en quête de l'alphabet runique adéquat lors que je tombai à nouveau sur la page qui avait tant fasciné Lestrange, un mois plus tôt.

Tout en meurtrissant ma lèvre de mes dents, je parcourus du regard les huit symboles du Cercle des Sept Dons alignés sur le papier. Ils me paraissaient toujours aussi familiers mais, pas plus que le jour où Babbling nous avait expliqué leur signification, je ne pus m'expliquer pourquoi. Je soupirai puis, jugeant que je pourrais toujours recopier la traduction d'Angel, j'abandonnai mon syllabaire sur la table pour me diriger, tremblante et impatiente, vers la section réservée à l'étude des runes. Sans perdre de temps, je pris d'assaut la première étagère qui croisa mon chemin et examinai la tranche des livres, essayant de déterminer à leur titre ceux qui pourraient m'en apprendre plus sur ce fichu Cercle.

Je fis chou blanc. Il y avait de tout, mais pas de traces du Cercle ou de quoi que ce soit s'en rapprochant. Je finis par désespérer de pouvoir assouvir ma curiosité autrement qu'en allant poser des questions à ma professeure et me laissai glisser au sol, les joues brûlantes de frustration.

— Quel Cercle à la con, quand même ! m'agaçai-je à voix haute.

— Ce n'est pas faux.

Je faillis hurler de peur et me redressai d'un bond, le regard fou, à la recherche de la personne qui venait de me parler, mais j'étais seule dans le rayon.

— C'est si... désespérant, reprit la voix, le ton oscillant entre amusement enfantin et humour noir. Dire qu'avant on ne voyait que moi dès que j'entrais dans une pièce...

Cela me mit la puce à l'oreille et je levai la tête pour tomber nez à nez avec un fantôme. Enfin... une. Flottant dans les airs, elle me dévisageait, un sourire moqueur aux lèvres, semblant se délecter de mon étonnement.

Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vue auparavant, mais ses traits fins et le port de silhouette me firent penser à Joyce. Comme mon amie, elle respirait l'aristocratie. Elle était vêtue d'une robe dont le tissu devait autrefois témoigner de sa richesse et ses cheveux défaits cascadaient sur ses épaules en une myriade de boucles d'un noir d'encre.

Tout en elle forçait au respect, du soin impeccable de sa tenue à ses expressions distinguées. Tout sauf un détail, à vrai dire. Au niveau de son ventre, des taches sombres brillaient sur sa robe et je ne mis pas longtemps à comprendre qu'il s'agissait de sang. L'étoffe luxueuse du vêtement semblait avoir été tailladée avec hargne par plusieurs coups de couteau et j'eus grand peine à ne pas baisser les yeux, dégoûtée. Remontant à son visage, je constatai qu'elle avait profité du fait que je l'observe pour faire de même et je me sentis aussitôt mal à l'aise. 

— Tu parlais du Cercle des Sept Dons, n'est-ce pas ? reprit-elle en caressant de son doigt inconsistant le dos de plusieurs livres. Je m'en doutais. Tu lui ressembles tellement... Et puis Ganymede me l'avait dit.

Je commençai franchement à me demander qui était cette femme à l'âge incertain quand elle se tourna à nouveau vers moi avec un regard insondable et m'indiqua d'un geste de la suivre. Persuadée que je n'avais rien à craindre d'un fantôme, qu'il fréquente Ganymede Lestrange ou non, je m'exécutai et elle me mena jusqu'à une section de la bibliothèque nommée « Organisations et Rassemblements de Sorciers ». Voletant gracieusement entre les rayonnages, elle finit par s'arrêter devant les livres concernant la période de la Renaissance. Puis, sans chercher à obtenir des remerciements, elle commença à s'éloigner.

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