Chapitre 39 : La naissance de la légende

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JUILLET 1980

L'année entière qu'elle avait passée à Boston sans rien trouver aidant, Joyce ne chercha nullement à m'impliquer dans ses recherches autour de la prophétie de Cassandra Trelawney. Elle m'en touchait parfois quelques mots, principalement lors de longs monologues au cours desquels elle désespérait de ne pas être à même d'offrir à son neveu un bel avenir en mettant fin à cette chasse à l'homme à laquelle son sang le presserait tôt ou tard de prendre part, mais elle semblait avoir admis le fait que, qu'elle s'amuse à anticiper l'avenir ou non, le résultat demeurerait le même.

De mon côté, si, dans les premiers jours, le journal d'Edalya Martins s'invita dans mon esprit et je ne pus m'empêcher d'être attentive aux potentielles incarnations de la larme du condor, je fus vite accaparée par la vie que j'avais désormais à cœur de construire hors de Poudlard.

Et pour cause : à la mi-juillet, Marly et moi reçûmes les résultats de nos ASPICS. Sans surprise, ma jumelle les empocha tous, ses multiples Optimaux ne faisant que renforcer sa rancœur d'avoir été bannie des belles carrières auxquelles elle aurait sans mal pu prétendre au Ministère. Pour ma part, j'échouai à l'examen d'Histoire de la Magie, mais parvins à valider toutes mes autres matières et cela suffit amplement à mon père pour déboucher une bouteille de champagne et nous féliciter chaleureusement.

À le voir si fier de ses petites filles, je dus bien me rendre à l'évidence : il me faudrait un jour ou l'autre lui parler de mon projet professionnel. En-dehors de mes amis et, en son temps, de Jake, je n'avais conté à personne ce que je comptais faire de ma vie. J'avais trop peur de la réaction de mon père et de la langue trop pendue des autres, car je savais qu'il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour me dissuader de me lancer dans une aventure si dangereuse. Il avait eu beau se dresser face à la montée de Voldemort en rejoignant l'Ordre créé par Maugrey, il n'était pas prêt à me voir faire de même, que ce soit de façon directe ou non.

Mais alors que Nathan et moi rencontrions toutes les semaines les investisseurs de Frédéric Rivalland, enchantés du développement prochain d'une boutique en Angleterre, visitions des locaux et passions le reste du temps à nous pencher sur les façons dont nous pouvions détourner de nouveaux objets afin de séduire notre future clientèle, le secret devint de plus en plus difficile à cacher et je finis par cracher le morceau.

Mon père réagit exactement comme je m'y attendais. Après avoir tout d'abord pensé que je plaisantais, il s'indigna et prit à cœur de me passer en revue tous les dangers inutiles qu'un tel commerce me faisait prendre. Le temps d'une semaine, cela devint l'unique sujet de conversation lors des repas que nous prenions avec Marly, Arthur et ma grand-mère. Ces trois derniers se gardaient d'ailleurs bien d'intervenir, même si je sentais que leur balance penchait plus en ma faveur qu'en celle de mon père.

Bien qu'attachée aux traditions, ma grand-mère avait, de par son parcours, un attrait nécessairement accru pour les ambitions sortant de l'ordinaire et ne s'était pour sa part pas laissée démonter quand les nazis puis Grindelwald avaient bousculé la totalité de son existence. Arthur, lui, préférait me voir aller de l'avant que ressasser les derniers instants de vie de Jake. Quant à Marly, elle paraissait voir en notre projet l'occasion d'enfin trouver sa voie.

Effectivement, tandis que les réticences de mon père s'affaiblissaient, ses yeux retrouvèrent leur éclat malicieux et elle se mit à se fasciner pour les prototypes d'objets modifiés sur lesquels Nathan et moi travaillons. À cette époque, nous nous concentrions sur deux inventions, en attendant que mon père cède et que nous puissions signer le contrat de bail pour le local que nous avions déniché sur le Chemin de Traverse, entre le bar des parents de Becca et Fleury & Bott.

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