Chapitre 42 : Les pensées profondes d'un Black

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AVRIL 1976

Lorsque j'ouvris les yeux après ce qui m'avait semblé être des mois d'inconscience – une semaine en réalité –, la lumière vive de l'infirmerie m'éblouit alors qu'un cri déchirant, mon cri, me perçait les tympans. Je n'eus même pas le temps de m'habituer à la luminosité agressive de la pièce que Mrs Pomfresh se précipitait déjà à mon chevet avec toutes sortes de fioles remplies de liquides colorés coincées dans les mains. Après m'avoir demandé comment j'allais, ce à quoi je répondis d'une voix pâteuse, rauque et éraillée, elle entreprit de m'examiner la tête sous toutes les coutures. Une bonne partie de mon crâne était en effet entourée d'un épais bandage de gaze en dessous duquel devait se trouver la raison de ma présence ici.

— Vous avez été percutée par un Cognard et votre crâne s'est ouvert, m'apprit l'infirmière en constatant que je ne me souvenais pas plus de mes blessures que de leur cause.

Puis, alors qu'elle entamait un long monologue sur les dangers inutiles que le Quidditch faisait prendre aux élèves et au travail supplémentaire que cela la forçait à accomplir, je tentai de me rappeler du choc. Tout était flou mais, peu à peu, les sensations principales me revinrent. Je me souvins du froid, de la pluie qui tombait sans relâche, du vent qui cinglait mes joues. Je me souvins de la douleur, du sang, de ma chute. Et je me souvins du regard bleu de celui qui m'avait rattrapée avant que je ne tombe pour de bon.

En revanche, l'identité de ce mystérieux sauveur, la durée qui s'était écoulée depuis le match et l'issue de ce dernier m'étaient inconnues. Tout semblait avoir été ôté de ma mémoire par le drôle de rêve dont je venais de me réveiller. La vision d'horreur du sang se répandant sur la neige me fit frissonner et je grimaçai. Se méprenant sur mon frisson, Mrs Pomfresh m'obligea à me rallonger et entreprit de confectionner un somnifère à l'aide des différents breuvages qu'elle avait ramenés.

— Buvez ça, Miss Azer. Ça atténuera la douleur et vous aidera à dormir. Comme ça, vous serez en meilleure forme lorsque vous vous réveillerez et vos amis pourront venir vous voir.

N'étant pas vraiment en état de protester, j'avalai sans mot dire la potion et je sentis mes membres s'ankyloser peu à peu à mesure que le sommeil artificiel me gagnait.

***

— ALICIA ! hurla presque Becca en entrant dans l'infirmerie le jour suivant.

Sans tenir compte du regard courroucé de Mrs Pomfresh qui lui rappela sèchement qu'elle se trouvait dans une infirmerie et non à la foire, elle se rua sur moi et m'étreignit avec force, de sorte que je me félicitai de m'être ouvert la tête et non brisé les côtes.

— Laisse-la respirer, s'amusa la voix de Charlie dans son dos.

Lorsque la rouquine se fut enfin écartée, je découvris Angel, Charlie et Theo derrière elle. Tous me regardaient en souriant et prirent place sur les chaises apportées par l'infirmière ou encore à même le lit pour Becca.

— Si tu savais la frousse que tu nous as mise ! s'exclama-t-elle dès que tout le monde fut installé. J'ai toujours dit que le Quidditch était un sport de brutes. Vous faire jouer par ce temps, franchement ! Heureusement que vous avez gagné, ça n'aurait servi à rien sinon.

— Le Quidditch est sacré, Bec'. Un match ne s'annule jamais, quelles que soient les conditions météorologiques, lui apprit Charlie. Content de te revoir parmi nous, Ali ! fit-il ensuite à mon intention. Tu nous as fait une belle frayeur, en effet.

Je souris légèrement, heureuse de les retrouver.

— Quoi de neuf, pendant tout ce temps ? m'enquis-je.

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