DÉCEMBRE 1977
Je ne sais pas vraiment comment définir la période de ma vie qui suivit cette discussion avec Regulus. Avec la difficulté croissante des cours en prévision des BUSES, les entraînements de Quidditch que James ne se gênait pas pour rendre éreintants et mes obligations de préfète, je n'avais que peu de temps à consacrer au mystère des Serpentard mais, en même temps, quand je repars en arrière, j'ai l'impression que c'était la seule chose qui daignait occuper mes pensées. Sûrement parce que, même s'ils avaient été loin de m'éclairer sur les comportements de Joyce et de Jake, les mots de Regulus m'avaient fait comprendre que ce qui les divisait était de bien plus grande ampleur qu'il n'y paraissait.
Un bon mois passa sans que j'en apprenne plus que ce que j'avais saisi en demi-teinte grâce à lui et à Joyce. Puis, un jour, le hasard, également appelé professeur Slughorn, fit que, faute de stocks suffisants de poudre jaune pour que chaque groupe de travail réalise sa propre préparation, le binôme que je formais avec Liam se retrouva à travailler avec celui de Becca et Lestrange sur la potion que nous étudiions. Liam et Becca ayant rompu peu après la rentrée, l'ambiance de notre petit groupe était tendue au possible malgré les efforts que je faisais pour détendre l'atmosphère en leur évitant toute interaction directe.
Mon stratagème fonctionna plutôt bien dans un premier temps mais, lorsque Becca se trompa en mesurant le volume de poudre jaune nécessaire à la réalisation de notre mixture, la tension que l'ancien couple contenait depuis le début du cours éclata, de sorte que Slughorn fut forcé de les enjoindre à quitter la salle pour qu'ils se calment.
Nos deux camarades partis, Lestrange et moi échangeâmes un regard gêné avant de continuer silencieusement la préparation de notre potion. Depuis le début de notre cinquième année et, à bien y réfléchir, depuis que nous avions appris la vérité sur les événements du 5 février 1977, nous ne étions plus retrouvés seul à seule et, le peu de fois où nous nous étions croisés, un hochement de tête nous avait tenu lieu de dialogue. Malgré le secret que nous partagions, nous n'étions liés que par l'entente tout juste cordiale forcée par les circonstances. Cependant, ce matin-là, réalisant que, s'il se tramait bien quelque chose chez les Serpentard, il devait en avoir entendu parler et être à même de m'apporter des informations, je décidai d'entamer la conversation.
— Dis, lâchai-je tandis que, forcés d'attendre, nous regardions notre potion bouillir à feu doux, est-ce que Joyce va bien en ce moment ?
Parler de sa cousine en feintant la sollicitude amicale était certes peu courtois, mais c'était l'unique moyen dont je disposais pour parvenir à conduire notre échange là où je le souhaitais sans qu'il ne se doute de rien. Pour autant, la curiosité n'en perçait pas moins son regard vert lorsque, réalisant que je le questionnais, il releva la tête.
— Elle n'en a pas l'air ? s'enquit-il, méfiant.
— Pas vraiment, non, improvisai-je. À chaque fois qu'on se parle, elle se braque et trouve une excuse pour s'en aller. Notre dernière vraie conversation doit remonter à des semaines.
Ce n'était pas tout à fait la vérité, mais pas totalement un mensonge non plus, aussi je ne rougis même pas de mes paroles. La réponse de Ganymede fut cependant très décevante.
— Ah, fit-il. Je n'ai pas remarqué.
— Parce que tu lui parles beaucoup ? contre-attaquai-je, faussement moqueuse. Aux dernières nouvelles, votre lien de parenté ne vous apportait que de l'indifférence et des ennuis.
— En effet. Mais, aux dernières nouvelles, j'ai toujours des yeux pour voir que tu ne cherches pas vraiment à insister quand vous vous parlez. Tu préfères tourner les talons et abandonner. Piètre attitude pour une Gryffondor.
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Life Always Restarts
FanfictionEn 1973, Alicia Azer effectue sa première rentrée à Poudlard. Sur un fond d'amitiés qui se tissent et de liens familiaux qui se brisent, le tout agrémenté de mystères en tout genre, elle va peu à peu évoluer et s'intégrer dans cet univers de magie. ...