Chapitre 9 : Ceux qui rêvaient

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JANVIER 1977

L'année 1977 commença d'une sinistre manière. Le 2 janvier, une famille de Gobelins fut retrouvée morte dans les environs de Gringotts, leurs corps calcinés puis réduits en charpie par des Mangeurs de Mort – ou Mangemorts comme on le disait de plus en plus – dont l'identité n'a jamais été découverte. Le 5, un représentant envoyé par la Commission Magique Européenne pour réguler les troubles du pays fut gentiment poussé à se mêler de ses affaires par quelques Doloris bien placés. Et le 8, un couvre-feu visant à assurer la sécurité de la population du Royaume-Uni fut instauré. Pourtant, la seule chose dont je me souviens avec netteté concernant ce début d'année, c'est du retour de Nathan et de ses conséquences.

J'étais en train de travailler à la bibliothèque sur un devoir d'arithmancie lorsqu'il tira la chaise à côté de la mienne et s'y assit en souriant doucement.

— Salut... souffla-t-il tandis que je relevais la tête et lui rendait son sourire, un peu gênée par son arrivée soudaine. Ça fait un bail, hein ?

— Effectivement... Je suis désolée de ne pas être revenue te voir après ce qu'il s'est passé la dernière fois, m'excusai-je tout en constatant avec une certaine fierté qu'il avait rougi à la mention sous-entendue du baiser que nous avions échangé. J'ai eu pas mal à penser ces derniers temps et, sans vouloir te vexer, tu m'es un peu sorti de l'esprit...

— Merci de ta franchise ! s'amusa-t-il. Mais tu n'as pas à t'excuser, reprit-il avec plus de sérieux. Je ne t'en veux pas. La preuve, moi non plus je ne suis pas venu. Enfin, pas avant aujourd'hui. Et puis...

Il s'interrompit, se grattant nerveusement la nuque en cherchant ses mots.

— Et puis ? l'encourageai-je.

— Je n'ai pas été complètement honnête avec toi. Sur les raisons qui m'ont poussé à accepter ton rancard, la dernière fois.

— Comment ça ?

— Disons que je n'ai pas accepté uniquement parce que tu me plaisais...

— Pour quoi d'autre, alors ? insistai-je en rosissant de plaisir – ce n'était pas tous les jours que je plaisais à quelqu'un !

— Il y a des... des rumeurs sur toi. Et sur Regulus Black.

— Quoi ?!

— Bah... Je ne vais pas te faire un dessin. Je crois que vos petites discussions au Club de Slug' ont paru être le point de départ d'une romance imaginaire et farfelue pour une adolescente pré-pubère en mal d'amour...

— Mais en quoi ça a un rapport avec nous ?

— Tu sais que je suis né-moldu ?

— Mmh-mmh, acquiesçai-je mollement, ne comprenant pas où il voulait en venir.

— Eh bien il y a des Serpentard de mon année qui ne se gênent pas pour me le rappeler dès qu'ils en ont l'occasion. Des amis de Black, notamment. Et, mine de rien, c'est vexant quand on te vient te clamer que tu es inférieur aux autres toutes les deux secondes ! Du coup, quand tu es venue me voir pour me demander de t'accompagner à Pré-au-Lard alors que la moitié de l'école pense que tu sors avec Black, je me suis dit que ça serait une sorte de revanche envers eux de sortir avec toi... Comme ça j'avais un truc que Regulus Black avait aussi, tu vois ?

Interloquée, je le fixai de longues secondes avant d'exploser de rire.

— T'es au courant que t'es vachement tordu comme mec ? m'exclamai-je en tentant de contenir mon hilarité. Je pourrais même être vexée de n'être rien de plus qu'une sorte de trophée pour rivaliser avec Regulus Black... !

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