Life Always Restarts

Chapitre 41 : Sur les traces de Regulus

SEPTEMBRE 1980

La mort de Rosier eut l'effet fâcheux, outre de raviver la peine que me causait toujours l'absence de Jake, de modifier complètement l'emploi du temps de Walburga Black qui passa les jours qui suivirent à visiter quotidiennement la demeure des Rosier pour leur témoigner son soutien dans cette dure épreuve qu'ils traversaient, chamboulant sa routine. Le travail de Sirius, qui avait passé les dernières semaines de l'été à analyser tous ses faits et gestes en vue de dresser la liste des moments où nous serions le plus à même de nous introduire dans son ancienne maison sans nous faire prendre, fut donc réduit à néant et il dut s'acquitter de la difficile tâche qu'était de suivre sa mère sans pouvoir lui manifester à haute voix toute la haine qu'elle lui inspirait pendant une quinzaine de jours encore.

De plus, grâce à James qui avait été affecté par le Bureau des Aurors au contrôle des zones placées hors du réseau de tranplanage, nous apprîmes à peu près à la même époque que le 12, square Grimmaurd faisait l'objet d'une telle protection et que nous y rendre serait par conséquent bien plus délicat que nous ne l'avions anticipé.

Condamnée à l'impuissance, moi qui ne connaissais rien de Londres et des maisons sorcières qui s'y cachaient, je consacrais mon temps libre, lorsque je n'étais pas avec Nathan pour commencer à réfléchir à la disposition de notre boutique, dont nous avions récupéré les clés, à me renseigner sur les bibliothèques de l'Est de l'Europe.

Les deux ans qui avaient passé depuis que j'avais surpris la conversation de Jake et Regulus sur la digue de Tinworth n'aidant pas, j'avais en effet totalement oublié de quelle bibliothèque exactement il s'agissait et six jours ne furent pas de trop pour pouvoir remettre la main, avec un cri victorieux, sur celle que Regulus avait dû visiter.

Ma joie fut cependant de courte durée. La bibliothèque nationale de l'Union Sorcière de l'Est était à l'époque et, je crois, est toujours aujourd'hui, une des bibliothèques dont l'accès est le plus restreint en raison du caractère éminemment rare et polémique des ouvrages qu'elle renferme : en plus d'une belle collection de manuels de magie noire, la brochure que je parvins à dénicher dessus faisait mention d'incunables vieux de plusieurs siècles révélant les secrets les mieux gardés de la magie ancestrale.

Rien sur le dépliant et les quelques autres documents que je trouvai au sujet du joyau intellectuel de l'Union Sorcière de l'Est ne permettait de savoir ce que Regulus avait pu vouloir y chercher, et cela n'aurait été qu'un obstacle de bien faible hauteur si l'accès à la bibliothèque avait été semblable à celui de nos humbles bibliothèques britanniques. Mais, bien évidemment, de tels trésors littéraires ne pouvaient être mis dans les mains de n'importe qui et, au terme de mes recherches, je découvris que seuls pouvaient y entrer les Ministres de la Magie de chaque pays et les dix plus grandes fortunes sorcières du monde, ainsi que ceux à qui ils fournissaient une autorisation.

Si une telle information me renseigna bien vite sur le rôle qu'avait eu à jouer Jake dans le périple que Regulus avait entrepris jusqu'à l'Union Sorcière de l'Est, elle fut cependant une pilule amère à avaler car, j'eus tôt fait de me rappeler que le montage financier qu'Arthur, Marly et moi avions effectué au début de l'été pour solutionner le problème du coffre renfermant la fortune des Villevannes avait divisé en trois ladite fortune, nous laissant certes tous trois multimillionnaires, mais la chassant de sa place parmi le tiercé des plus grandes fortunes d'Europe au profit des Salvati, une vieille famille italienne qui avait ainsi gagné son ticket d'entrée à la bibliothèque.

— Il n'y a vraiment aucun moyen qu'on puisse y entrer ? se désespéra Sirius quand je lui relatais les faits.

Il était avachi dans son canapé, vidé de ses forces par la journée qu'il avait passée caché sous la cape d'invisibilité de James à guetter l'heure à laquelle sa mère quitterait le manoir des Rosier.