Chapitre 12 : Pas à pas

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MARS 1977

Dans les jours qui suivirent ma dispute avec Joyce, l'état de Marly commença petit à petit à s'améliorer. Son regard se fit d'abord plus fixe, puis ses conversations plus longues et, enfin, sa détresse moins visible. En deux ou trois semaines, les progrès qu'elle fit furent considérables, si bien qu'à la mi-mars Mrs Pomfresh consentit enfin la laisser retourner en cours.

Elle devait sans doute appréhender le retour à la normale et les yeux curieux qui, nécessairement, se poseraient sur elle dès qu'elle aurait quitté l'infirmerie, mais elle n'en laissa rien paraître le jour où, sous le regard attentif de l'infirmière, je l'escortai hors de la vaste pièce, ses affaires sous le bras. Alors qu'on traversait le château pour rejoindre la tour des Serdaigle, c'est en effet une mine dure et assurée qu'elle affichait, bien loin de l'anxiété que je m'étais attendue à voir.

— Tu penses pouvoir rattraper les cours facilement ? lui demandai-je au détour d'un escalier, plus pour meubler le silence que par réel intérêt.

— Je devrais m'en sortir. Leane est passée me donner les cours régulièrement et Flitwick m'a dit que, si j'avais besoin, je pouvais solliciter des entretiens avec les professeurs.

— Avec Angel et Becca, on s'est organisé des séances de révision à la bibliothèque le samedi après-midi. Si tu veux, tu peux venir nous rejoindre, lui proposai-je, supposant que la compagnie de mes deux amies serait peut-être plus confortable que celle des Serdaigle de son année.

Un sourire sincère étira les lèvres de Marly, mais elle n'en hocha pas moins la tête en signe de négation.

— C'est gentil. Mais je crois que je préfère encore affronter les regards de pitié discrets des Serdaigle que ceux trop évidents des Gryffondor.

— Tu ne les connais pas. Je peux t'assurer qu'elles savent faire preuve de tact.

— Non, me démentit Marly. C'est elles qui ne me connaissent pas. Elles prennent peut-être des pincettes avec toi, mais c'est parce que ce sont tes amies. Elles tiennent à toi et elles ne veulent pas te froisser. Avec moi, elles n'auront pas la même délicatesse. Même si elles en auront l'impression.

Déstabilisée par sa lucidité, je remis maladroitement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et lâchai :

— Ça faisait longtemps.

« De quoi ? », fut la demande silencieuse que formulèrent les prunelles de Marly lorsqu'elles se posèrent sur moi, brillant d'un éclat de curiosité.

— Que tu n'avais pas été comme ça, explicitai-je en m'arrêtant. De manière publique, je veux dire.

La Serdaigle m'imita et prit une courte inspiration, laissant dériver son regard sur les dalles du sol, terrain du jeu d'ombre et de lumière dont s'amusaient les rayons du soleil.

— C'est vrai, répondit-elle après un long silence.

Comprenant qu'elle n'en dirait pas plus, je me remis en marche et on eut tôt fait de parvenir devant le heurtoir qui gardait l'entrée de la salle commune des Serdaigle.

— Tu m'attends là ? me demanda Marly. Je vais poser mes affaires et ensuite on pourra aller déjeuner ?

Surprise, je mis quelques secondes avant d'être capable d'acquiescer et la blonde débloqua l'accès à sa tour avant de disparaître dans les escaliers qui venaient de faire leur apparition devant nous. Seule dans le couloir, je sentis un sourire se dessiner sur mes lèvres à l'idée que, pour la première fois depuis de longues années, Marly réclamait explicitement ma présence. Je n'avais aucun indice sur le chemin qu'avaient pu suivre ses pensées pendant les semaines qu'elle avait passées allongée à l'infirmerie, mais il était évident que quelque chose en elle avait changé. Loin d'essayer de se faire passer pour l'adolescente naïve qu'elle prétendait être avant ce qui était arrivé à Adelyn, elle faisait preuve de la même franchise que j'avais pu découvrir lorsque, il y avait ce qu'il me semblait des siècles, j'avais lu les pages de son journal accrochées à l'arbre aux messages de Tinworth.

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