LA REINE AU DRAGON_ Livre IV

Chapitre 22. Point de vue Luc G.

- Que faites vous là vous deux ?

Je les observes sursauter, se retournant vers moi alors que je m'appuie contre la porte. Arquant un sourcil en les observant. Voyant leurs mains posées sur le piano.

- Vous vouliez jouer ?

Ils hochent doucement la tête et je soupire avant de m'avancer, refermant la porte derrière moi. C'est certains qu'en l'absence de leurs mères, personne n'allait jouer de ce piano. Même moi je n'y touchais jamais normalement.

J'enjambe le large tabouret, me glissant entre les deux. Caressant doucement les touches en soupirant.

- Maman vous apprendra le violon la connaissant. Vous voulez apprendre ça ?

- Ouiii ! S'exclame Aylan.

Je hoche doucement la tête, lui caressant la tête en souriant. Commençant à lui expliquer la base, lui montrant les choses les plus simples. Les laissant faire en ayant l'impression de nous revoir à leurs âges. Enfin moi surtout parce que forcément Naë c'était pas la même.

Je ne parviens pas à ne pas rire de voir leurs joues se gonfler alors que je devines leurs impatiences à jouer comme maman. Vouloir être du niveau d'un génie quand on a cinq ans... C'est bien un désir d'enfant ça.

Ouais. Le lien du sang parles pour nous décidément.

- Quand j'avais ton âge, je jouais comme toi. Commençais-je. Et déjà, votre maman jouait si bien... J'en pleurais tellement c'était rageant.

Je souris en hochant la tête face à leurs mines perplexes. Caressant les touches du bout des doigts. Je me mets à jouer à « Comptine d'un autre été » d'un compositeur français, souriant en voyant leurs yeux s'illuminer.

- Même pour votre maman, ou pour moi, arriver à jouer ainsi sans regarder les touches... Cela fut le résultat d'années et d'années d'entraînements. Tout est question d'entraînement dans la vie. Vous ne devez pas apprendre pour faire comme, mais apprendre parce que vous aimez ça. Sinon cela deviendra désagréable pour vous. Et il y a assez de choses déjà dans la vie que vous devrez apprendre qui ne sont agréables... La musique ça ne doit pas être ça. La musique, ça doit être vos mots, vos émotions... Vos rires et votre souffle en des notes.... Et sous le regard de l'autre, c'est la possibilité d'y lire votre âme. Pour votre mère et moi, la musique... C'est dans nos gênes, notre langage depuis toujours. Peut-être que pour vous aussi, sûrement. Je sais que parfois vous aurez l'impression de ne pas avancer, mais croyez moi... Moi aussi j'ai été comme vous un jour face à ce piano.

Je laisse mes doigts entamer d'eux-même la sonate numéro 17 en D mineur de Beethoven. Me concentrant sur les touches alors que je les vois du coin de l'oeil observer mes doigts danser sur les touches. Continuant sur le Prelude et Fugue en C de Bach, les laissant s'installer sur mes genoux l'air de rien. Et alors que je continue de faire raisonner les notes, je peux sentir leurs poids s'alourdir, voir leurs respirations plus profondes trahissant le sommeil qui les a emportés.