Chapitre 27

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PDV Emy

- OK alors Emy va te préparer, maintenant ! Lucas toi aussi vous avez pas le temps de prendre votre temps justement ! Vous devez être sur scène dans trente minutes ! Et vous êtes les seuls pas encore prêt ! Allez dépêchez vous un peu !

Lucas, un camarade, et moi nous échangeons un regard amusé avant de courir vers les loges. Madame Solenti est au sommome de son stress, elle n'arrête pas de nous hurler dessus depuis ce matin, ce qui nous amuse énormément.
Ce soir nous allons interpréter “ Le sacre du Printemps”. C'est la première fois que ce ballet va être interprété par notre institut alors nos professeurs sont extrêmement stressés. Personnellement je n'ai qu'une hâte : monter sur scène et oublier un peu tous mes problèmes en interprétant ce scandaleux ballet russe.

Une fois que nous sommes tous prêt, madame Solenti fait quelques dernières retouche sur nos coiffures, nos maquillages et nos costumes avant de nous laisser rejoindre les autres.

- Sur scène dans 10,9,8,7,6,5,4,3,2,1 maintenant !

Je souffle un bon coup et me dirige vers la scène encore plongée dans le noir alors que l'introduction se joue déjà.
Les rideaux s'ouvrent, mon souffle se coupe. Je suis vraiment partagée entre deux sentiments, je me sens presque honorée d'interpréter ce scandale de Nijinski sur cette musique toute aussi scandaleuse de Stravinsky et en même temps je suis pétrifiée de présenter cette œuvre ce soir. Elle a été tellement novatrice, tellement honteuse, j'ai peur de ne pas y faire honneur.

Je ferme un instant les yeux, puisant au fond de moi la confiance et la motivation, puis, mon corps commence, seul, à répéter les mouvements que j'ai passé tant de temps à apprendre.
Mon cœur bat au rythme de la musique. Mes membres prennent douloureusement, dû aux longues heures de répétitions les courbes inhabituelles imposées par la chorégraphie. Les muscles de mes jambes me tiraillent quand mes pieds prennent leur position en dedans si peu conventionnelle au moment de la création du ballet. Nous tournons de manière affolée, sautons frénétiquement. Nos corps disloqués s'emboîtent grâce aux techniques de contorsions malsaines, scandaleuses, honteuses imaginées par Nijinski.
Le regard surpris de quelques spectateurs, n'ayant surement jamais vu ce ballet, m'amuse au plus haut point. Je me met à imaginer les visages, outrés, scandalisés, choqués, révoltés, des gens lorsque ce ballet fut présenté pour la première fois en 1913. Ces gens qui n'avait pas compris le génie de ces deux hommes.

Nous sommes le dernier groupe de l'institut à passer. Les plus vieux, les plus expérimentés, les plus stressés. Nous ne danserons que trente minutes. Trente petites minutes décisives pour nos notes, nos appréciations.

Vint le moment du sacrifice de la jeune fille vierge, le moment de la fin du ballet, la fin des trente minutes. Le rythme de la musique s'accélère et mon cœur suit le même mouvement. Mon souffle se coupe à nouveau alors que le rythme atteint son apothéose.
Lorsque tout se stop, lorsque la musique et nos mouvements s'arrête, ma peau frissonne. Un long silence suit la fermeture des rideaux jusqu'à qu'une personne se mette à applaudir, suivie d'une autre et d'encore une autre. Tout le public finit par se lever, applaudissant toujours plus fort. Les rideaux s'ouvrent à nouveau pour que nous saluons, puis, nous retournons tous rapidement dans les loges.

Nous nous changeons tout aussi rapidement, pressés de retrouver nos proches pour leurs demander ce qu'ils en ont pensé. Un rictus amusé prend place sur mes lèvres. Déjà que Hakim n'aime pas forcément les ballets, j'ai hâte de savoir ce qu'il a pensé de ce ballet si peu conventionnel.
Je salue rapidement mes camarades et sors des loges. Madame Solenti m'arrête et me félicite pour ma prestation de ce soir. Je la remercie et sors du bâtiment un sourire rayonnant aux lèvres.

Savior Où les histoires vivent. Découvrez maintenant