Alors qu'Adrien prend une profonde inspiration pour tenter de mieux contrôler cette sensation de malaise qui lui retourne lentement l'estomac, Gabriel poursuit son discours.
Son récit est clair et concis alors qu'il omet volontairement de décrire avec trop de précision les douloureux évènements de cette terrible journée. Cette froideur clinique et ces détails qu'il passe sous silence ne font que rendre son histoire plus terrifiante encore, mais nul dans son auditoire ne songe à l'interrompre pour lui en faire la remarque.
D'une voix qu'il peine à contrôler à présent, l'ancien héros décrit ce combat aux allures de guerre fratricide.
La violence.
Les coups.
Les corps projetés sur plusieurs mètres par des attaques déployées avec une force surhumaine, les bâtiments fragilisés par des chocs d'une intensité folle.
Et, finalement, l'irréparable.
Cette vie à laquelle il tenait plus que la sienne et qui lui a été arrachée en une fraction de seconde à peine.
« C'était un accident », lâche Gabriel dans un souffle tout juste audible. « Alexandre voulait les miraculous du Chat Noir et de la Coccinelle, mais jamais il n'a eu l'intention de faire quoi que ce soit à Émilie, j'en suis sûr. Il l'estimait beaucoup. Mais quand ce pont s'est écroulé... »
Incapable de poursuivre, le styliste s'interrompt brusquement.
Figé d'horreur, Adrien peine encore à réaliser pleinement ce qu'il vient de découvrir. Son cerveau reste paralysé, comme prisonnier d'une terrifiante transe, tant son esprit répugne encore à prendre toute la mesure de l'atrocité de la situation.
Il avait beau s'attendre à une issue tragique, cette terrible révélation lui fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac.
Sa gorge se noue d'émotion, sa respiration se fait laborieuse et ses doigts se serrent mécaniquement autour de ceux de sa coéquipière. Mais malgré tout, rien ne saurait le détourner du récit de son père, aussi difficile à entendre soit-il.
Dans le silence horrifié qui plane dans la pièce, Gabriel résume brièvement la fin de cet affrontement cauchemardesque.
Émilie morte, lui-même grièvement blessé au dos, impossible d'empêcher Alexandre de fuir le lieu de l'affrontement – en emportant avec lui le miraculous du Papillon, arraché à sa porteuse légitime dans les dernières secondes avant le drame, souligne le styliste avec amertume.
Pour Gabriel, l'issue du combat n'aurait pas pu être plus cruelle.
Certes, par leur intervention, Émilie et lui ont permit à Maître Fu de fuir son ancien protégé, et ainsi évité qu'Alexandre ne mette la main sur ce pouvoir absolu après lequel il court toujours aujourd'hui.
Mais jamais il n'aurait été prêt à payer un pareil prix pour ce qu'il considère encore comme la plus atroce défaite de toute son existence.
Jamais.
La voix de Gabriel se fait froide et clinique alors que ce dernier refoule ses émotions un peu plus loin encore.
Ce jour funeste a sonné le glas de sa vie d'époux, poursuit-il avec un détachement presque effrayant, et ouvert un nouveau chapitre de secrets et de mensonges.
Mensonges, dont le premier était et est encore aujourd'hui le plus cruel de tous à ses yeux.
Privé de la possibilité d'expliquer au monde les réelles circonstances du décès de la femme extraordinaire qu'était Émilie, Gabriel s'est vu contraint de travestir la vérité et de trahir la mémoire de celle qu'il aimait tant. Alors que son univers s'écroulait autour de lui, alors que tout n'était plus qu'horreur et douleur, alors qu'il aurait voulu que chacun sache qu'Émilie était tombée en se battant pour ce en quoi elle croyait tant, le célèbre styliste explique ne pas avoir eu d'autre choix que de mentir.
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A cœur ouvert - Miraculous Ladybug Fanfiction
FanfikceSi Marinette devait décrire sa vie, elle la qualifierait de « relativement normale ». A quelques détails près, bien sûr, comme sa double identité et son rôle de super-héroïne. Mais en dehors de ça, rien de bien extraordinaire. Ladybug combat le cri...