Chapitre 60 : J'aurais pas du

115 9 2
                                    

Je regarde à travers le miroir le petit sourire de Tommy puis repose sa bouteille là où je l'avais trouvée. Il s'avance, je m'avance mais que de très peu puisque je suis déjà collée contre le lavabo, son reflet derrière moi me perturbe plus qu'il ne le devrait.

- T'as peut être pas tant envie de m'ignorer que ça finalement.
- Peut être... Tu portes le même parfum qu'avant.
- Je n'ai jamais changé effectivement.

J'hoche la tête avant de laisser dériver mon regard vers le robinet, c'est fou comment même un robinet peut devenir intéressant dans ces moments là.

- Bon ! Je dis en prenant mon courage à deux mains. Bah on va retourner avec les autres hein.
- S'il te plait Rose, depuis le début de la journée je cherche à avoir un moment seul avec toi mais puisque tu m'évite ce n'est pas tellement facile.
- Ah.
- Ah ? Demande t'il après un moment.
- Oui ah.
- Simplement ah ?
- Oui.
- Tu refuse de me parler hein ?
- Bien vu l'aveugle.
- Pourquoi ? Qu'est ce que je t'ai fait Rose ?
- Rien, tu ne m'as rien fait.
- Alors pourquoi tu m'évites ?
- Pour rien.
- Rose, t'as plus 17 ans, ne me répond pas pour rien, explique moi s'il te plait.
- Je n'ai rien à t'expliquer.

Il souffle, signe de sa frustration, je sais très bien qu'il n'aime pas quand je ne lui explique pas ce qu'il se passe dans ma tête, et à vrai dire, ce soir ça m'amuse. Mais en même temps c'est le seul moyen que j'ai pour tenir bon, parce que s'il savait réellement ce qui se passait dans ma tête...

- T'as peur ?
- Peur ?
- J'en sais rien, tu me fuis comme si j'étais le grand méchant loup.
- Tu l'es.
- Pardon ?
- Tu l'es.
- J'avais compris, mais tu peux bien m'expliquer ce que j'ai fait pour que tu penses ça ? Je me suis excusé pour mon comportement, et tu me semblais même bien heureuse de recevoir mes excuses. Et là, depuis je ne sais combien de mois tu m'ignores, j'ai demandé à Dim de m'expliquer en vain. Il m'a dit que c'était pas à lui de me le dire. Alors je te le demande à toi. Qu'est ce que j'ai fait pour que tu m'ignores ?
- Je t'ai déjà expliqué ça Tommy.
- Ah oui j'ai bien compris ce que tu m'avais dit, crois moi tes mots sont imprégnés dans ma tête. Mais tu me dis des choses comme ça et je te retrouve en train de sentir mon parfum.
- Oui je sentais juste pour voir s'il n'avait pas changé.
- Non, tu ne sentais pas juste pour savoir s'il avait changé. Il y a une sorte d'incohérence entre ce que tu dis et comment tu agis Rose. Et je ne peux pas placer mes espoirs dans une incohérence.
- Tes espoirs ?
- Ok, tu ne veux pas parler, je vais le faire pour toi. Quand t'es là, j'suis pas indifférent, j'ai l'impression de revenir des années en arrière, quand on était nous. Et ça me rend fou, de savoir que quand je te vois je ne peux pas poser mes mains sur toi, je ne peux pas t'approcher de trop, et maintenant je ne peux même plus te parler. En fait ça me rend fou que tu ne sois pas mienne tout simplement.

J'ai comme l'impression de ne plus pouvoir respirer, mon cœur tressaute dans ma cage thoracique, je le sens sur le bord de l'explosion. Il s'approche, se tient maintenant dans mon dos, tellement proche que je peux sentir sa respiration venir caresser la peau nue de mon épaule et ce n'est pas fait pour calmer l'emballement de mon cœur.

- Dis moi quelque chose s'il te plait. Dit il en plaçant une de mes mèches qui tombait de mon chignon derrière mon oreille.

Mes mains se serrent contre le meuble du lavabo, qu'est ce que je suis censée lui répondre ? Je ne peux pas baisser la garde, pas maintenant.

- Arrête.

Je supplie une nouvelle fois, je veux qu'il arrête, d'essayer de me pousser à bout comme ça, tout mon corps tremble, je suis à deux doigts de flancher. Je prends la plus grande inspiration que je n'ai jamais prise et je me retourne, bien décidée à lui faire face, je n'ose toujours pas le regarder dans les yeux.

- Tommy, t'as pas le droit de me dire ça maintenant.

Il place sa main sous mon menton et me force à le regarder, il lève l'index de son autre main.

- Une chance, une soirée, s'il te plait, c'est tout ce que je te demande.
- Mais tu crois quoi Tommy ? Je ne suis pas en location pour une soirée ! Je suis en couple, y'a quoi que tu ne comprends pas ?

Une lueur de tristesse travers son regard quand je prends son bras pour le faire retomber le long de son corps. Mais il ne se laisse pas abattre.

- Si tu n'étais pas en couple tu ferais quoi ?
- Ce n'est pas quelque chose auquel je dois penser là maintenant.

En vérité je sais très bien ce que je ferais je lui sauterais dessus immédiatement, parce que j'en meurs d'envie et que la température dans cette salle de bain commence à devenir insurmontable.

- Je ne sais plus quoi te dire. Tu me rend dingue, à me dire que tu ne veux plus entendre parler de moi alors que tout ton corps crie l'inverse.

Matt, Matt, Matt, me criait ma conscience. Et pourtant en face de mes yeux se dévoilait le désir, l'envie, la perdition, mes yeux ne cessent de détailler Tommy. Son visage, son corps, sa posture. Puis mon regard croise le sien, les flammes dansent dans son regard et dans mon bas ventre. Tommy me crie mon corps. Et Tommy y répond, il s'approche un peu plus de moi, tente le tout pour le tout. Seulement quelques centimètres séparent ses lèvres des miennes.

- Dis moi seulement non.

Il souffle. Mes yeux se ferment, j'essaie de trouver tout le courage nécessaire dans les tréfonds de mon âme, mais rien ne sort, mon coeur refuse de dire non. J'ouvre à nouveau les yeux. Ses lèvres viennent rencontrer les miennes, ses mains se logent dans le creux de mes hanches et les miennes se nouent derrière sa nuque. J'ai l'impression que chaque parcelle de mon corps reprends vie petit à petit, notre baiser est passionné, brûlant, vital. Mes mains viennent chercher le bas de son t shirt et enlève ce dernier, puis viennent caresser son dos avant qu'il ne vienne me mordiller le cou. Il attrape mes fesses et vient me soulever pour me poser sur le meuble. Il enlève à son tour mon débardeur et mon soutient gorge puis vient caresser ma poitrine de ses mains habiles. Rose n'existe plus, elle n'est plus que désir. C'est comme si je connaissais tous ces gestes par cœur, que j'étais téléportée dans le temps où ce que nous faisons en ce moment n'était pas pêché. Mes mains ne m'écoutent plus, font leur chemin vers son bas ventre et tous nos gestes s'enchainent. Tellement vite que je ne sais même pas où nous en sommes quand j'entends la porte de la salle de bain s'ouvrir.

- Bordel de merde.

____________
Je vous laisse un peu de suspens ! J'essaie de poster le prochain chapitre le plus rapidement possible !
J'espère que ce chapitre vous a plut !

À fleur de Matt [FINI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant