Le vrai monstre

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 Jake se penche au-dessus de moi puis se détourne pour chercher de quoi attacher mon autre bras. Je réfléchis à toute vitesse, tentant de me souvenir des conseils de Nikolaï pour me sortir de pareil situation. Avec la stature de Jake, ce n'est même pas la peine d'imaginer le prendre par la force ou par la technique de corps à corps. Je ne peux pas non plus tenter le joker de la séduction, car un homme en colère y est hermétiquement fermé. Ma seule option est la surprise. Je tente de détourner son attention :

« Je... je ne sais pas comment était Nikolaï quand... tout ça est arrivé, mais aujourd'hui c'est... quelqu'un de bien... »

J'ai dis la première chose qui me vint à l'esprit.

« Vraiment ? Un mafieux ? ... »

Je n'écoute pas la suite, je cherche activement des yeux de quoi assommer Jake. La lampe de chevet ! Le socle est en cuivre ! Autant tenter le tout pour le tout...

J'attends qu'il revienne vers moi, puis j'attrape la lampe avec le seul bras qui me reste et frappe le bas du crâne de mon agresseur au dernier moment. Le visage de Jake se fige dans une expression de stupeur ; yeux grand ouvert et lèvres fermées. Il tombe sur moi et je le repousse, tirant sur mon poignet attaché. Bien sûr, il aurait été plus rapide de défaire la boucle, mais je ne pense plus rationnellement. Je me lève d'un bon, et me précipite vers la sortie. Dieu merci, il a oublié de fermer la porte à clé ! Il semble assommé mais pas assez car il parvient à se tourner vers moi. Pas le temps de chercher ma robe, j'avise la chemise que je viens de lui retirer et je l'enfile. Puis je me rue au-dehors. Me balader à poil en pleine nuit me fait bien moins peur que de rester avec mon agresseur ! Je prie intérieurement pour que Jake reste assommé le plus longtemps possible.

Je cours jusqu'à ma voiture jusqu'à en perdre haleine, puis je prends brutalement conscience d'un léger détail : mes clés de voiture sont restées dans la poche intérieur de ma robe, dans l'appartement de Jake !

Je m'arrête, tremblante. Je m'accoude au mur le plus proche. Je suis à bout de souffle. Soudain des bruits de pas, des pieds nus sur le bitume. Non !!

Je sens mon sang se glacer dans mes veines, il ne peux pas avoir retrouvé ses esprits si vite ! Je l'ai assommé !

Je n'ai même pas repris mon souffle, je me sens comme la petite fille que j'étais fuyant Varvara ! Moi qui espérais que Jake m'aide à vaincre mes démons, le voilà devenu l'un d'entre eux !

Je pense un instant abandonner, mais je n'ai pas le droit de flancher. Je ne veux pas être un moyen de pression contre Nikolaï !

Je me remet à courir ; hélas Jake cours bien plus vite que moi, Je ne lui donne pas 30 secondes pour me rattraper.

Soudain, j'entends des rires gras et désinhibés. Instinctivement, je me cache en sautant de l'autre coté du muret d'un jardin. Des quidams trinquent ivres. Je suis bloquée entre eux et Jake !

Je réfléchis à toute vitesse, avisant les alentours : ils ont garé leurs moto dernière eux, et de là où je suis, deux murs me séparent d'elles. Par chance, ces murs baignent dans l'obscurité, et je me porte pas de chaussures, ce qui devrait me faciliter l'ascension.

J'entends Jake se rapprocher de plus en plus, je cours vers le premier mur pour me donner de l'élan, en sautant sur une pierre pour prendre de la hauteur. Mes mains agrippent le bord de justesse. Je hisse mon corps fatigué, pour me laisser tomber de l'autre coté. C'est à ce moment que Jake déboule vers les quidams.

Pardon Jake, je me doute qu'ils vont t'attaquer, mais c'est ma seule porte de sortie.

« Hey mec, on se balade en froc à présent ? »

Le prix du passé (Jake is it love?)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant