8. On a perdu sa langue?

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Je ne réponds rien et le fixe en attendant de savoir ce qu'il veut.

-Fais du sport avec moi, dit-il en souriant.

-Je ne crois pas non.

-Tant pis alors.

Il se détourne et repart.

Il m'énerve lui.

-Idris ! C'est bon, ne pars pas !

Je lui décris où trouver l'objet et attends tranquillement. Mais au bout de quelques minutes, le brun n'est toujours pas revenu et j'ai peur qu'il ne soit parti en me laissant là, mourante de froid. Alors que je commence à désespérer, Idris arrive enfin dans la chambre.

-T'en as pris du temps !

-Désolé, dit-il alors qu'il ne l'est absolument pas.

J'attrape le tube et repars sous l'eau chaude. Je prends le liquide dans ma paume et en applique sur mes cheveux. La matière est vraiment visqueuse, d'habitude ce n'est pas comme ça. Je renifle mes mains et sens une odeur d'œuf, mélangée à autre chose. Mon après-shampoing est à la vanille, comment...

Oh non.

Je rince mes cheveux visqueux à la vitesse de l'éclair et enfile ce que j'ai sous la main. Je sors précipitamment de la salle de bain et vois Idris allongé sur son lit.

-Toi ! je hurle en me dirigeant vers lui.

Il se redresse en entendant mes cris et je m'approche du lit en le fixant méchamment.

-Comment as-tu pu oser faire ça ?

-Faire quoi ? dit-il en tournant sa tête angélique vers moi.

-Dans mon après-shampoing, tu as mis du... de l'œuf et..., je bégaie.

-De la mayonnaise.

-Ah ! C'est bien toi !

-Ambre, je te rappelle que tu m'as réveillé en me versant un putain de litre d'eau sur le corps.

-Parce que tu m'avais jetée dans la piscine !

Idris ne répond pas et met à la place ses bras sous sa tête, fier de lui. Je grommelle en retournant dans la salle de bain et remballe illico presto mes affaires. Je laisse le tube maudit en plein milieu de sa douche et repars de sa chambre sans un mot.

Après manger, ou plutôt après avoir ignoré Idris et son air fier de lui, je retrouve Ilan au salon pour finir notre film de cette après-midi. Le gentil gagne le combat et le méchant finit exilé sur une île. Évidemment à la fin le héros embrasse la fille, c'en est presque écœurant.

Pendant le générique, Idris passe devant la télé et je me demande si lui aussi a une petite amie. Je le regarde faire sa vie : il rit un peu avec Angèle puis joue à un jeu vidéo avec Ilan. On dirait un grand frère exemplaire alors qu'avec moi c'est tout le contraire.

Lorsque je me relève du canapé, le brun m'attrape par la capuche de mon sweat et me tire vers lui. Surprise, je manque de trébucher et atterris contre lui. La chaleur de son corps transperce son tee-shirt auquel je suis collée.

-Tu pourrais arrêter de me regarder ?

Je suis trop occupée à calmer ma respiration pour répondre. Je sens son souffle contre mon oreille et devine qu'il sourit.

-On a perdu sa langue ? continue-t-il en riant doucement.

Maman passe dans le salon et nous regarde bizarrement. On pourrait croire qu'Idris me fait un câlin par derrière. Je reprends alors mes esprits et me dégage de ses bras noués autour de moi.

Je m'éloigne de lui en trébuchant, ahurie. Je suis déconcertée par mon manque de répartie qui est d'habitude toujours aux aguets. Je lui jette un coup d'œil tout en montant l'escalier, il sourit au point de montrer ses fossettes. Honteuse, je me réfugie dans ma chambre en marmonnant dans ma barbe et je troque mon gros sweat contre mon pyjama puis vais directement me coucher.

~~~

Il fait noir, sans une once de lumière. Je cours, cherchant une sortie à ce tunnel cauchemardesque. Alors que j'aperçois enfin une lueur, je me précipite vers elle mais le rayon s'éteint aussi vite qu'il est apparu. Je m'accroupis par terre et verse quelques larmes en me disant que je ne reverrais plus jamais ma famille et mes amis, mais surtout que je mourrais dans ce tunnel sans fin.

-Aller debout là-dedans ! crie une voix que je ne reconnais que trop bien.

Je me tourne face au mur en poussant un grognement. Idris tire les rideaux et ouvre ma fenêtre, laissant le soleil remplir ma chambre.

-Ambre, tu m'entends ?

-Non, gémis-je, fiche le camp.

Il rit en soulevant ma couette et je me retrouve alors sans mon drap, roulée en boule dans mon lit. Je reste alors allongée, le sentant toujours dans mon dos.

-Ma douche est à ta disposition.

-C'est ça, je marmonne.

Quelques secondes plus tard, j'ose jeter un coup d'œil aux alentours. Plus un signe d'Idris. Je soupire et constate qu'il a emporté ma couette. Je me lève et vais dans sa chambre : les murs sont neutres et le mobilier est identique au mien, mis à part le lit qui est plus grand et a l'air beaucoup plus confortable. Je m'aperçois vite qu'il n'est pas dans sa chambre et y rentre tout de même. Je vois directement mon drap sur son lit et le reprends.

Non mais oh, voleur de couette va.

Je m'étale sur son lit et ferme les yeux quelques instants. Alors que mon esprit vagabonde, Idris entre dans la pièce et ricane. Je soulève mes paupières et vois dans ses bras une serviette, un savon et des vêtements qui m'appartiennent.

Je fronce les sourcils pendant qu'il s'avance vers moi, les objets sur un bras. Il m'attrape la main pour me relever et toujours sans un mot, il me pousse gentiment dans la salle de bain. Je prends le savon de Marseille et le renifle, à l'affut d'une nouvelle blague. Le brun rigole, me tend la serviette et mes vêtements, puis referme la porte.

***

Pendant le repas, Charly nous annonce qu'aujourd'hui il va travailler au bureau et Ilan sort avec ses copains en ville. Pendant qu'Angèle demande à maman de l'emmener au parc, mon beau-père nous demande, à Idris et à moi, ce que nous allons faire cette après-midi. Pour ma part, j'allais lui répondre que je comptais rester dans mon lit mais Idris prend la parole :

-Ambre et moi on va faire du vélo.

Hein ?

Je m'étouffe avec mon eau et lance un regard noir à Idris.

-Oh, mais c'est super, rayonne maman. D'habitude Ambre n'est pas très sportive.

-Je me demande bien pourquoi, ricane-t-il.

Après manger je reste jouer avec Angèle au salon pendant que Charly part à son travail et emmène Ilan au passage. Je soupire en m'écroulant sur le canapé. Angèle et maman ne vont pas tarder à partir, elles aussi, et je vais devoir aller faire du vélo avec Idris au lieu de traîner dans la maison.

La blondinette me saute dans les bras pour me dire au-revoir et maman lève ses pouces pour m'encourager. Elles s'en vont et un grand silence s'installe dans la maison. Je me lève alors du canapé sans bruit et monte les escaliers doucement pour ne pas qu'Idris m'entende.

-Tu fais quoi là ? me questionne une voix grave.

Je me retourne en grinçant des dents.

-J'allais dans ma chambre.

Il ne répond rien, alors je continue à avancer et traverse le couloir pour me rendre dans ma chambre, Idris aux basques. J'entre dans la pièce puis me retourne, il est là, le beau brun, appuyé contre la porte avec un sourire aux lèvres. Je soupire, vaincue, et enfile mes chaussures puis le suis jusqu'au garage où il nous déniche deux jolis vélos.

StepbrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant