4. Vengeance

1.5K 62 0
                                    

Je me sèche les cheveux et fais rapidement deux tresses collées puis je descends dans le salon, j'allume la télé et zappe jusqu'à trouver une chaine qui me plaît. Angèle se joint à moi, ses cheveux tout emmêlés lui tombent dans le dos alors je la prends sur mes genoux et commence à brosser sa crinière.

Charly passe devant nous en me faisant un clin d'œil, il porte un sac de course dans chaque mains qu'il dépose sur le plan de travail de la cuisine. Un peu après, c'est au tour de maman de passer devant la télé, alors je finis de coiffer Angèle et vais les aider à ranger les courses.

-Ma chérie, demain il y a une soirée où nous sommes invités, m'apprend maman tout en mettant le lait dans le frigo.

-Vous partez vers quelle heure ? Je pourrais préparer le dîner si tu veux.

-Pas besoin, vous venez avec nous.

-Mais je ne connais personne.

-C'est une fête et il y aura beaucoup de monde. Tu n'auras qu'à te fondre dans la foule, Ambre.

Je reste silencieuse en débarrassant les sacs de course puis maman me fait un rapide bisou et part retrouver Angèle dans le salon. Je pousse un soupir en les rejoignant.

Je n'ai aucune envie d'aller à cette fête.

Après diner, Angèle et moi regardons Toy Story bien installées sur le canapé. Idris passe devant nous et son eau de toilette me chatouille les narines. Ça sent bon. Il porte un tee-shirt vert frappé d'un logo de marque, un jean noir et les nouvelles chaussures qui viennent de sortir. Je me demande pourquoi il n'est pas en pyjama alors qu'il est presque vingt-deux heures. J'inhale encore quelques secondes son parfum avant de me reconcentrer sur le film.

-Je sors ! crie Idris devant la porte d'entrée.

Tout s'explique.

Charly arrive dans le salon, suivi par maman.

-Où vas-tu ? demande mon beau-père.

-A une fête.

Mon demi-frère se retourne pour attraper son blouson et ses clefs de voiture.

-Ne rentre pas trop tard, ajoute maman.

Il lève son pouce en signe d'affirmation et je me détourne d'eux pour continuer à regarder le dessin animé.

-Idris, pourquoi tu n'emmènerais pas Ambre avec toi ?

La voix de Charles s'élève dans le salon et les bruits de la télé comblent le silence inconfortable. Je me dépêche de répondre avant que mon demi-frère ne refuse :

-Non c'est bon. Je suis déjà en pyjama, de toute façon.

Je jette un œil au grand brun. Il hausse négligemment les épaules et ouvre la porte d'entrée.



Allongée dans mon lit, je fixe le plafond avant d'incliner la tête pour voir mon réveil mais il indique toujours la même heure depuis la dernière fois où je l'ai regardé. Je me tourne face au mur en repoussant ma couette et au moment où je cherche un moyen de me venger d'Idris, mon esprit divague sur cette après-midi. Toute cette eau que je me suis prise alors que je venais de me réveiller d'une sieste....

Pendant que mes paupières se ferment, une idée me traverse l'esprit.

~~~

Je pousse doucement la porte et m'avance sur la pointe des pieds. La lumière du couloir envahit une partie de la pièce et je distingue un lit. Je marche en sa direction tout en serrant le récipient dans ma main et en retenant un fou rire. J'aperçois enfin le corps d'Iris entremêlé dans ses draps, j'enlève le bouchon et me penche pour ensuite verser d'un trait le contenu de la bouteille sur son corps et son visage.

Il se relève brusquement et s'essuie la figure alors que j'éclate de rire. Idris regarde autour de lui pour comprendre ce qui vient de se passer mais quand il m'aperçoit enfin, moi et mon sourire, il fronce les sourcils.

-Tu vas devoir changer tes draps ! je m'exclame en lui lançant la bouteille vide.

Il l'attrape au vol et je redescends à la cuisine où j'annonce fièrement que j'ai réveillé Idris. Charly me remercie naïvement et je me sers des céréales en guise de petit déjeuner.

Peut-être que cet été ne va pas être si ennuyeux, finalement.

Quelques minutes plus tard, Idris descend à la cuisine avec son tee-shirt de pyjama trempé. Il ouvre le placard pour en sortir des tartines pendant que je le regarde beurrer son pain, un sourire aux lèvres.

-Tu veux en parler ? je lui lance en me retenant de rire devant son air sérieux.

-Du fait que tu m'as versé un litre d'eau alors que j'étais en train de dormir ?

C'est vrai que dit comme ça...

-Tu m'as jetée dans l'eau alors je t'ai rendu l'appareil. C'est gagnant-gagnant.

Voyant qu'il ne répond pas, je continue :

-Je me suis juste vengée, il n'y a pas de mal à ça.

-Tu n'as pas de chance parce que je compte bien avoir le dernier mot, dit-il en croquant dans sa tartine.

C'est à mon tour de rester muette, il en profite et rajoute avec un clin d'œil :

-Surveille tes arrières, Ambrette.

Je me lève en l'ignorant et repars dans ma chambre. Il est joueur, ça tombe bien parce que moi aussi.

Tout au long de la journée je reste assise sur le canapé : je fais mes ongles tout en regardant la télévision, je lis plusieurs livres, je joue au jeu des sept familles avec Angèle et Ilan s'efforce de m'apprendre les règles du foot. Je surveille les allers et retours d'Idris et j'essaie de deviner quelle sera sa prochaine vengeance, en vain.

Alors que je suis en train de parler avec Agathe par messages, Angèle déboule dans le salon et s'installe sur le canapé avec moi.

-Tu viens chez les Lopez ? demande-t-elle en me regardant de ses grands yeux.

-C'est qui Lopez ?

-C'est les amis de ta maman.

-Elle parle de la fête où l'on va ce soir, précise Idris en passant devant nous.

Je fais une petite moue en commençant à inventer des excuses dans ma tête pour ne pas y aller et rester au chaud dans mon lit.

-Ambre ? Tu vas mettre quoi pour la soirée ?

-Un jean et un tee-shirt.

Du coin de l'œil, je vois Idris ricaner en susurrant « bonne chance » tandis qu'Angèle me décrit sa tenue pour ce soir. Mais je ne l'entends pas ; je songe à l'excuse que je vais devoir présenter à maman. En parlant d'elle, elle sort de la cuisine et je l'intercepte.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je ne me sens pas bien, dis-je en jouant la comédie.

Angèle me regarde avec de grands yeux ronds tandis que je me tiens le ventre.

-Je crois que j'ai de la fièvre...

-Ambre arrête. Je te connais par cœur et je connais surtout les excuses inimaginables que tu m'as dites tout au long de ta scolarité pour ne pas aller à l'école. Va donc t'habiller.

Maman repart dans la cuisine en me laissant à cours d'argument pendant qu'Idris rit à gorge d'éployée. Je referme la bouche et fais un doigt d'honneur au brun avant de monter dans ma chambre. Je vais dans mon dressing et choisis un jean noir avec un sweat gris simple puis je mets une touche de maquillage - le peu que j'ai - et réajuste mes tresses collées.

Je retourne dans le salon et vois toute la petite troupe au complet : Charly a un costume trois pièces, Angèle une jolie robe bleu pastel, Ilan et Idris sont en chemises noires boutonnées jusqu'au cou tandis que maman a une longue robe verte pale qui lui va à merveille.

-On va à la Maison Blanche ? je m'exclame en descendant l'escalier.

StepbrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant