39. Ratatouille et fabulation

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Charly n'a pas tardé à rentrer : à dix-huit heures pile, il était là. Il avait peut-être des remords pour nous avoir laissé seuls ? En tout cas lorsque je descends à la cuisine, je trouve mon beau-père en train de préparer la nourriture.

-Ambre ! Alors c'était comment ?

-Horrible. Monstrueux. Cauchemardesque. Tu choisis lequel ?

-Je vois le genre.

On reste silencieux et je me demande s'il est au courant que son ex-femme revient demain. Mais je ne dis rien, Idris lui dira la nouvelle tout seul. Charly voit mon air renfrogné et me demande si tout va bien. Je mens en lui répondant que oui puis ressors de la pièce et grommelle assez bas pour qu'il ne m'entende pas:

-Je hais cette cuisine.



En attendant de passer à table, je traîne dans ma chambre sans but précis. Je lis quelques pages de mon bouquin sans grande conviction, puis décide de me couper les ongles et de ranger mes vêtements dans le dressing ; je m'occupe comme je peux. Je fais même le ménage, c'est pour vous dire.

Finalement, Charly ne tarde pas à nous appeler à table mais j'ai peur d'y aller parce je sais très bien qu'Idris sera là lui aussi. Durant toute la fin de journée je me suis efforcée de ne pas repenser à ses paroles blessantes et à son visage crispé quand il me parlait.

Je respire lentement avant de descendre les marches et jette un rapide coup d'œil à la table à manger : mon beau-père préside le repas, entouré de ses deux plus jeunes enfants. Alors je m'assois à regret en face d'Idris sans prononcer un mot et je regarde mon assiette et soupire : ce soir c'est ratatouille.

Moi qui n'aime pas les légumes, je suis ravie.

-Alors les enfants, cette journée ? demande Charles.

Personne ne répond.

-J'ai cru comprendre que ça a été mouvementé.

-Surtout après le départ de « maman », je marmonne en imitant Idris.

Charly est trop loin pour m'entendre mais le brun en face de moi me jette un regard noir pour me signifier que lui, par-contre, m'a bien entendue.

Je ne sais pas comment nous sommes passés d'amoureux à des regards noirs et des têtes d'enterrements à chaque fois qu'on est dans la même pièce.

-Maria revient demain matin, annonce Idris sans tact, à son père.

Ben tient, elle est redevenue Maria. Où est passé le fameux maman ?

Mon beau-père s'étouffe avec sa bouchée et regarde son fils avec de grands yeux.

-Je croyais que tu ne voulais plus jamais la revoir ?

-Elle m'a fait ouvrir les yeux sur certaines choses, répond le brun en me fixant sans grande discrétion.

Ils ont donc parlé de moi mais qu'est-ce que Maria a bien pu lui dire pour qu'il ne me parle plus du tout ?

-Si ça vous fait plaisir..., dit Charly en soupirant.

Je jette un coup d'œil discret à Ilan qui me rassure en me faisant un petit sourire. Le repas continue sans trop de problème, jusqu'à ce que mon téléphone sonne dans la poche de mon sweat. C'est Agathe.

Je lance un regard navré à Charles en décrochant - je connais ma meilleure amie, elle n'arrêtera que quand je décrocherai - et me lève de table en faisant quelques pas.

-Allo ?

-Ambroise ! Pourquoi tu ne répondais pas avant ? J'ai plein de choses à te raconter !

StepbrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant