Stepbrother

15. Petit déjeuner déstabilisant

Cela fait maintenant plus de trois heures que Cleo et moi arpentons de nombreux magasins sans relâche. J'ai récolté plusieurs sacs venant de boutiques de luxes et par chance, ils sont tous entassés dans la voiture de mon amie.

On se pose finalement dans un petit café pour reprendre des forces avant de continuer notre gigantesque shopping. Mon amie m'a fait essayer de nombreuses robes, parfois trop courtes, parfois trop grandes mais j'ai trouvé les pépites rares - si chères soient-elles.

De retour à la maison, je m'enferme dans ma chambre et déballe mes multiples sacs. On a fait une vingtaine de magasins et mes pieds ressentent bien les effets. Je range progressivement mes nouveaux habits dans mon dressing. Hier il était vide, et désormais il est plein à craquer.

J'appelle ensuite Agathe pour lui raconter ma folle journée mais au bout d'un moment notre conversation divague sur Idris et je me surprends à lui dire que je l'apprécie, que notre jeu m'amuse beaucoup mais qu'en ce moment notre relation est étrange.

-Parce que tu as dit que tu le trouvais beau ?

-En partie pour ça mais aussi parce que je le regarde différemment.

-Comment ça ?

-Depuis quelques temps, sans faire exprès, je le regarde intensément. J'étudie ses traits, ses beaux yeux... et aussi intérieurement.

-Intérieurement ? répète Agathe.

-Je l'observe. Non, dis comme ça, on dirait une psychopathe. En réalité, je m'efforce de découvrir qui il est.

Un silence s'installe où je repense aux moments où Idris jouait et riait avec Ilan et Angèle. Pendant ces instants, j'entrevoyais le vrai Idris, sans son sourire en coin et son ricanement moqueur. J'ai aussi remarqué ses yeux qui changent selon ses humeurs : bleu foncé lorsqu'il est inquiet ou en colère et bleu clair quand il est heureux.

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Il est là. Debout. Juste en face de moi avec un sourire plaqué sur ses lèvres. Il me tend les bras, comme pour me faire un câlin. Ils ont l'air confortable, ils pourraient me protéger. Je tente de m'approcher de lui mais mes pieds refusent de m'obéir et restent collés au sol. Je lève la tête vers son visage mais ce n'est plus Idris que je vois devant moi, mais mon père.

J'inspire si fort que mes poumons me brûlent. Je suis assise dans mon lit, trempée de sueur, mes cheveux collent à ma nuque et mes draps sont emmêlés au pied de mon lit.

-Ambre, je suis là.

Je me tourne vers la voix et aperçois Idris près de moi. Sans réfléchir, je tends les bras et m'agrippe à son tee-shirt. Il m'enlace et me touche les cheveux pour m'apaiser.

-Ça va ? J'ai entendu des cris.

Je hoche la tête pour ne pas qu'il entende ma voix tremblante pendant que mes larmes coulent sur mes joues et finissent sur le tee-shirt du brun. Quelques minutes plus tard, lorsque mes pleurs se sont calmés, je lève la tête du cou d'Idris et plante mes yeux dans le bleu océan qui entoure ses pupilles.

-Merci, je chuchote.

Pendant une seconde je crois qu'il va me demander quel était mon cauchemar mais il ne le fait pas et je le remercie silencieusement. A la place il me sourit et m'embrasse sur le front puis se relève. Il ouvre ma porte et juste avant qu'il ne parte je lui lance :

-Désolée pour ton tee-shirt, Didi.

Il rit doucement pour ne pas réveiller les autres et je me rendors.

L'alarme de mon téléphone me réveille et je baille en m'étendant dans mon lit. Un flash-back me revient d'un coup. Moi faisant un cauchemar et la seconde d'après j'étais dans les bras d'Idris.

Je descends à la cuisine et me sers un bol de céréale puis j'embrasse Charly et maman sur la joue puis serre Angèle dans mes bras. Elle m'explique qu'Ilan dormait chez son copain Victor et qu'il ne rentrera que cet après-midi. Par contre Idris n'est pas encore levé, alors je décide de le remercier pour cette nuit et de lui préparer son petit-déjeuner.

Je sors un plateau et mets quelques tartines à griller. Je sors un verre et le rempli de lait puis j'étale délicatement de la confiture sur les tartines et j'arrange le tout sur le plateau. Maintenant il ne reste plus qu'à porter la planche jusque dans sa chambre.

Je resserre mon peignoir contre moi et avance lentement vers l'escalier tout en tenant soigneusement le plateau entre mes mains. Je monte les marches une à une, je suis tellement concentrée que mes yeux ne quittent pas le sol. Arrivée au second étage une voix rauque dit mon prénom, je lève les yeux et vois un Idris surpris.

-Salut, je... je t'apporte ton petit-déj.

Il se gratte la tête en me souriant.

-Merci.

Le brun me détaille de haut en bas puis me laisse de la place pour entrer. Je pose le plateau sur son lit défait puis me retourne vers lui. Il a les yeux plissés et les cheveux en batailles. Comme aucun de nous deux ne prend la parole, je fixe le sol - en sentant son regard posé sur moi.

-Je vais te laisser manger, fais-je en me dirigeant vers la porte.

Mais Idris se décale au dernier moment pour me bloquer la route. Nos corps sont séparés de seulement quelques centimètres et ma respiration s'accélère. Je lève la tête pour voir son visage en attendant qu'il prenne la parole mais les secondes passent et il ne dit toujours rien.

Alors on se fixe tous les deux du regard pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'il replace une mèche de cheveux derrière mon oreille. Instantanément, je sens mes joues chauffer.

Il me déstabilise et il le sait.

Je ne sais pas combien de temps nous gardons cette position là mais la voix d'Angèle nous fait reprendre nos esprits.

-Idris ! Ambre ! Vous êtes où ?

Je m'éclaircis la voix pendant que le beau brun se passe une main dans les cheveux. On a juste le temps de se décoller avant qu'Angèle n'entre dans la chambre.

-Ah vous êtes là !

Je me décale encore plus d'Idris même si je préférais être proche de lui. Il y a de l'électricité dans l'air mais la blondinette n'a pas l'air de s'en apercevoir.

Sous la douche je repense à toute cette histoire avec Idris. Je ne saurais pas dire s'il m'aime bien ou pas. En tout cas, je ne le vois plus du tout comme mon demi-frère mais plus comme un... colocataire ? Un très beau colocataire alors.

Je me savonne avec un liquide hors de prix mais qui sent vraiment bon puis je me fais un gommage pour le corps, le visage et même les cheveux ! Je mets ma playlist préférée et chante à tue tête en essayant de m'épiler correctement.

Après mettre enroulée dans une serviette, je cherche un tuto de maquillage à réaliser sur Youtube. Maintenant que Cleo m'ait sélectionner quelques produits, autant qu'ils servent ! J'en trouve un qui m'a l'air pas mal : chic et facile à faire.

Je m'attaque ensuite aux cheveux et fais des tresses légères pour les retenir et pendant que j'entre dans mon dressing, mon téléphone sonne et je décroche sans regarder le numéro.

-Allo ?

-Ambre ! Je suis trop excitée pour ce soir, crie Cleo à l'autre bout du fil.

-Moi aussi ! J'ai presque fini de me préparer, il ne reste plus que les habits.

-J'arrive au meilleur moment. Tu vas mettre quoi ?

-Un jean slim et un top.

-Je ne crois pas non.

-Une jupe ? je suggère.

Mon amie fait un bruit de désapprobation.

-Une robe ?

-Tu vois quand tu veux !

Je lève les yeux au ciel et choisis une robe dans le dressing.