10. Brocolis et épinards

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En me tournant sur le côté, je rencontre un corps et pense un instant que c'est celui d'Idris. Mais il est bien trop petit pour être le sien. J'ouvre enfin les yeux et vois une Angèle souriante.

-Tu es enfin réveillée ! clame-t-elle en s'excitant toute seule.

Je lui fais un gros câlin et l'entraine sous la couette. Elle rigole avec moi puis me raconte sa journée d'hier au parc.

En descendant les escaliers, je tombe sur Ilan qui me regarde d'un drôle d'air. Il me serre maladroitement contre lui en me disant que maman est affolée. J'arrive dans la cuisine et trois têtes se tournent vers moi. Maman me prend dans ses bras et je l'enlace à mon tour pendant qu'elle me touche les cheveux en me demandant comment je vais. C'est ensuite au tour de Charly de me caresser affectueusement le dos.

Je me tourne vers Idris et le surprends en le prenant dans mes bras : ma tête contre son cou, je respire son odeur apaisante. Il m'étreint lui aussi en respirant dans mes cheveux puis on se décolle et je prends mes cachets en me touchant le crâne. Je n'ai qu'un fond de mal de tête à la place de la douleur suraiguë d'hier.

Je reste allongée dans le lit d'Idris - il est trop confortable - pendant toute la journée. J'ai trop peur que mon atroce mal de crâne reprenne si je me lève. De temps en temps maman vient s'assurer que tout va bien et à midi Charly me ramène une assiette de pâtes.

Plus tard dans l'après-midi, Angèle et Ilan s'assurent que je ne m'ennuie pas en jouant avec moi pendant quelques heures, puis c'est au tour d'Idris de me tenir compagnie. On parle un peu et il me fait rire en me racontant des anecdotes.

Dans la salle de bain, le brun m'aide à enlever définitivement mon bandage et enlève le long tissu délicatement. Je touche mon crâne à la recherche de ma blessure et mes doigts rencontrent une bosse. Je regarde dans le miroir et entrevois une minuscule cicatrice, il ne m'a pas loupée le pauvre type.



Avant d'aller me coucher, j'appelle Agathe.

-Ambrette ?

-Ag, il s'est passé quelque chose.

-Ça va ? demande-t-elle inquiète.

Je lui retrace la fâcheuse histoire d'hier et elle me propose son aide.

-Change-moi plutôt les idées.

Elle me parle de Cameron avec qui elle va au centre-ville demain. Elle me dit qu'elle compte bien passer la deuxième vitesse et je glousse en l'entendant dire une chose pareille. Ma meilleure amie qui embrasse un mec, non mais je rêve ! Elle qui les éconduisait tout le temps, je me demande où est passée ma copine.

~~~

Alors que le soleil me chatouille le visage, maman m'embrasse sur le front en m'informant que Charly part travailler et qu'elle accompagne Ilan à son tournoi de foot. J'acquiesce faiblement et lui fais un rapide bisou avant de regarder l'heure : il est un peu plus de midi.

Ça commence à devenir une habitude.

Je traîne un peu dans ma chambre, je parle avec Agathe qui stresse pour son rendez-vous, je me fais mes ongles en bleus - j'ai pris la couleur la plus proche de celle des yeux d'Idris - et je lis aussi quelques pages de mon livre.

Quand une odeur de nourriture me chatouille les narines, je descends à la cuisine et retrouve Angèle et Idris qui rient devant le plan de travail.

-Et voilà la Belle Au Bois Dormant ! clame le beau brun en me voyant.

Je le salue avant qu'Angèle ne me saute dans les bras et je la fais tournoyer dans les airs sans problème : mon mal de crâne a complètement disparu.

La blondinette retourne à table, les couverts dans les mains. C'est vrai qu'il est l'heure de manger. Je regarde dans la casserole et fronce les sourcils à la vue de brocolis et d'épinards.

-Tu vas lui faire manger ça ? je demande en riant.

Idris me regarde en se grattant la tête et je secoue la mienne en cherchant dans le frigo de quoi faire un bon petit plat. Je sors du saumon et du riz - un repas basique - et je le fais réchauffer au micro-onde avant de le servir à Angèle. Sa tête passe d'un plat à un autre, ne sachant pas quoi choisir entre les deux assiettes.

-Si j'étais toi, je mangerais ça, lui fais-je en montrant mon plat.

-Ne l'écoute pas, Angèle. Si tu manges mon plat, tu grandiras plus vite.

Le brun me regarde avec un air de défi et je le fixe en retour. J'avance mon plat dans les mains d'Angèle en l'incitant à choisir le mien.

-Je ne sais pas lequel manger, déclare-t-elle perdue.

-Je vais t'aider.

Je prends le plat d'Idris sous son regard interrogateur et jette le contenu de l'assiette dans la poubelle.

-Et voilà ! je m'exclame. Tu n'as plus besoin de faire de choix.

Idris a la bouche grande ouverte et je tends la main pour la refermer. Son regard ahuri se pose sur moi et ses yeux me lancent des éclairs.

Un scintillement sauvage que je commence à reconnaître traverse ses pupilles. Il s'avance alors vers moi et je recule de quelques pas.

-Ne fais pas ça, je viens d'avoir un gros choc à la tête.

Idris sourit avec ses fossettes mais continue à avancer vers moi et par-dessus son épaule, je vois Angèle nous regarder bizarrement. Ma jambe rencontre le canapé et il continue de marcher avec une allure de prédateur. Je tends mes bras pour le tenir à l'écart mais mes mains rencontrent son torse.

-Piscine ? suggère-t-il en ricanant.

Très vite il s'élance pour m'attraper mais je l'esquive du mieux que je peux. Il atterrit mollement sur le canapé et je bondis sur lui pour le neutraliser.

-Tu vois Angèle, les filles gagnent toujours !

La fillette crie de joie et je ris avec elle.

Idris, quant à lui, ne dit pas un mot. Je suis assisse à califourchon sur lui et il me regarde à travers ses longs cils. Ses beaux yeux bleus ont d'ailleurs repris leur couleur normale mais je ne me laisse pas attendrir et mets mes mains sur mes hanches avant de lui lancer :

-Tu fais moins le malin, maintenant !

Il lève un sourcil en me regardant fixement et, toujours en silence, il met ses mains sur mes cuisses. Alors que j'allais lui crier dessus, le beau brun se redresse imperceptiblement et me retourne. Je me retrouve à mon tour allongée contre le canapé. Je fronce les sourcils en voyant Idris au-dessus de moi : il a un sourire en coin tout en m'immobilisant mes jambes. Je le repousse mais il prend mes mains dans les siennes en les mettant au-dessus de ma tête.

StepbrotherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant