Stepbrother

40. Enfer et damnation

Alors que je mange une tartine avec de la pâte au chocolat, Maria me regarde avec désapprobation. Je ferme les yeux pour essayer de me calmer mais Idris s'installe en face de moi sans même me jeter un coup d'œil, c'est tout juste s'il m'a remarquée.

-J'ai cru comprendre que vous vous étiez disputés, articule Maria.

-A cause de qui ? je réponds, sans prendre la peine de chuchoter.

Idris relève momentanément la tête en m'entendant et on se fixe droit dans les yeux. Angèle passe alors dans le salon en sautillant mais s'arrête en nous voyant, elle s'approche de moi pour me faire un câlin et je la prends dans mes bras.

-Mon ange blond, tu me fais un câlin à moi aussi ? dit maria en souriant.

Elle s'approche de nous en tendant ses mains mais Angèle secoue la tête avant de se retourner vers moi pour ne plus voir sa mère.

Je souris vicieusement à la femme en face de moi avant de me retourner pour aller dans le salon, Angèle aux bras, pour ne plus les voir.

Ça doit lui faire mal que sa propre fille ne veuille même pas la toucher et encore moins la voir. C'est une bonne leçon, on n'abandonne pas ses enfants comme ça et puis décider de revenir dans leur vie d'un seul coup – enfin, sauf pour Idris.

-Tu penses pouvoir me remplacer ?

La voix cassante de Maria me fait sursauter et je m'agenouille pour laisser Angèle descendre de mes bras. La fillette rechigne mais s'exécute en comprenant l'enjeu de la situation. Je lui chuchote de rejoindre Ilan qui est déjà dans le jardin en train de bronzer – même s'il n'est que neuf heures, « il n'a pas d'heure pour prendre le soleil » dixit mon demi-frère.

-Je vous demande pardon ?

-Tu crois que parce que tu prends ma fille dans tes bras, tu deviens instantanément sa nouvelle mère ?

-Je ne crois rien du tout, je réplique.

Du coin de l'œil, je distingue Idris debout à côté de la porte en train de nous observer. J'aurais pensé qu'il aurait pris un malin plaisir à voir ça, mais non. Il a le visage fatigué, comme s'il n'avait pas dormi, ses yeux sont ternes et son sourire inexistant.

-Va en enfer ! crie Maria en s'approchant un peu trop près de moi.

-J'y suis déjà.

Je ricane et me recule d'elle le plus loin possible. Où est passé Charly ? Il est déjà parti au travail ? Super, il nous laisse une seconde fois entre les mains de son ex-femme.

-Tu te crois supérieure à moi, c'est ça ?

J'allais lui répondre quelque chose de bien senti mais la brune continue sa tirade :

-Laisse-moi te dire une chose, ma petite, tu ne m'arrives même pas à la cheville.

-Je pense surtout que vous avez un problème mental.

Ma voix est forte, tout le contraire de ce que je suis actuellement.

-Pourtant, ce n'est pas moi qui trompe mon petit-ami...

Je n'ai jamais trompé Idris, qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ?

-Je n'aurais jamais pu faire ça.

-Ce n'est pas ce que dit ma filleule préférée.

-Écoutez, je ne sais pas qui est votre « filleule préférée » et j'en ai clairement rien à faire. Alors maintenant, je vais retourner dans ma chambre et vous aller me laisser tranquille, d'accord ?