LGDC Tragédies ~ Cycle 2 : Spirale ~ Tome 6 ~ ○ Montagnes Nuageuses ○

| Chapitre 13 |

       Nuage de Plume se roula dans la neige tout en repensant aux prophéties qu'elle avait reçues. Elle secoua la tête comme pour les oublier. Les prophéties avaient tenté de la détruire ; elle avait failli en mourir en y réfléchissant trop longtemps sans trouver de réponses. Elle était furieuse d'apprendre que ce n'était qu'un mensonge, mais aussi soulagée de pouvoir reprendre une vie normale. L'apprentie noire croisa Chinchilla Sauvage. La guerrière perle lui adressa un sourire qu'elle lui rendit. Après tout, c'était grâce à elle si elle était encore en vie...
  La jeune noiraude repensa à sa mère décédée. Le chagrin voila son regard. Elle se souvenait les moments passés avec elle. Ils avaient été courts mais tellement précieux...
  Elle se redressa. En jetant un regard par-dessus son épaule, elle vit Nuage de Chute, Nuage de Questions et Nuage de Lune jouer ensemble. Elle les enviait un peu, elle aurait aimé avoir une fratrie, elle aussi... De plus, Nuage de Chute lui rappelait quelqu'un...
  Elle ferma les yeux pour chercher dans ses souvenirs les plus lointains et vit une chatonne rousse mouchetée près d'elle... La femelle au poitrail roux sursauta et fixa un moment Nuage de Chute tandis que son pelage noir était recouvert par les flocons. Elle est plus âgée que moi... pourtant... songea t-elle, les yeux dans le vague. Elle secoua à nouveau la tête. Qu'est ce que je m'imagine ?! C'est insensé ! Ma soeur a le même âge que moi ! Et puis elle est morte elle aussi, à tous les coups ! Elle donna un violent coup dans une pauvre motte de neige et se laissa tomber sur le parterre enneigé. Elle s'endormit dans le froid de l'extérieur...

PDV Clan des Cendres

     Lune de Braise se réveilla et fut surprise de constater qu'il était presque le soir. D'habitude, elle était levée en même temps qu'Étoile de Frayeur car elles dormaient dans le même antre malgré leurs relations pires qu'hostiles. Une cicatrice récente longeait le cou de la rouquine et descendait jusqu'au bas de son poitrail. Merci, Étoile de Frayeur ! songea la lieutenante en levant les yeux au ciel. Elle sortit dehors et sourit malgré elle en voyant les flocons transformer le Clan en une allée blanche... Elle bondit dans la neige à coeur joie et fut amusée en entendant la neige craqueler sous ses pattes.
  Elle grogna et reprit son sérieux, elle n'aimait pas vraiment se comporter comme un chaton. Ça lui rappelait des mauvais souvenirs de son enfance. Elle détestait y repenser. Une bourrasque glaciale lui fit dresser ses poils sur son échine et frissonner. Le froid est la pire chose qui puisse exister, jura t-elle.
  Une autre brise gelée souffla contre ses tempes. Elle grimaça mais préféra ignorer le froid pour observer ses camarades qui étaient... tous à l'intérieur, sauf Orage Cyclonique qui n'avait pas le droit d'aller dans les tanières, Coquelicot Solitaire qui avait reçu une nouvelle contrainte de la Chef, cette dernière les surveillant depuis le sapin, et ceux qui étaient encore en patrouille.
  Soudain, en voyant Coquelicot Solitaire, elle eut un tilt. Elle comprenait pourquoi elle s'était levée tard ! Elle fut prise d'une bouffée d'énergie et attendit le retour de la patrouille du crépuscule. Lorsque celle-ci revint, elle braqua leur regard sur eux et haussa un sourcil, interloquée, il manquait quelqu'un à l'appel ! Pourtant, ils ne semblaient pas apporter de mauvaises nouvelles...
  Un flocon tomba sur son oreille tandis qu'elle restait figée et un souffle de vent lui apporta une odeur âcre et poisseuse. Elle n'eut pas besoin de reconnaître l'odeur pour savoir ce qu'il s'était passé. Un sillage écarlate traînait dans la neige blanche. D'une marche machinale, elle s'approcha des fourrées éclaboussés de sang. Voilà pourquoi personne n'aimait le début de la mauvaise saison.
  C'était la journée de la neige rouge. À chaque première neige, chacun redoutait d'en être la victime. Mais c'était un rituel dans leur Clan qu'ils devaient accepter. À l'aube, Étoile de Frayeur ne tuait non pas un mais deux guerriers du Clan, et au crépuscule un troisième, puis, durant la nuit, elle les remplaçait par d'autres nouveaux. Cette fois-ci, les félins exécutés derrière les broussailles étaient Pelage de Diamants et Longues Griffes...
  Entre autre, sa meilleure amie et son compagnon. Elle s'effondra, en larmes. C'en était de trop pour elle ! Il ne va même pas connaître ses chatons ! songea la reine, profondément affligée. Elle se demanda qui allait être la victime du crépuscule. Elle aperçu le soleil se coucher au loin. Une ombre apparut derrière elle, un cliquetis de griffes... Elle fit volte-face et reconnut Étoile de Frayeur, qui la regardait avec un sourire carnassier. À partir de là, elle comprit. C'était elle la victime du crépuscule.
  Elle recula, tremblante de peur. Impossible ! Je l'ai assistée tout ce temps pour que le Clan des Cendres ne périsse jamais ! Elle ne peut pas me tuer ! tentait-elle de se convaincre. Mais pourtant, c'était bien réel. Les puissantes griffes de sa meneuse se trouvaient à une longueur de moustache d'elle. Elle la regarda dans les yeux comme si elle pouvait y trouver une issue.
 « Étoile de Frayeur ! Arrête ! » supplia désespérément la chatte rousse.
  La femelle grise ricana ironiquement et se rapprocha d'elle. Ses griffes frôlèrent le cou de Lune de Braise qui sentait son heure arriver. Elle recula encore, elle tenait trop à la vie pour se laisser tuer ainsi.
 « Tu ne peux pas tuer une reine ! cria t-elle dans un élan d'espoir.
 —  Une reine ? Voyez-vous ça... »
   La Chef du Clan des Cendres retira ses griffes. La rouquine la dévisagea, n'y croyant pas. Elle était encore vivante !
 « Dans ce cas, fit Étoile de Frayeur en contemplant ses griffes, il me faudra la vie d'un de tes chatons contre la tienne.
 —  Quoi ?! s'étrangla l'intéressée.
 —  Tu devrais savoir que je n'ai aucune pitié avec ça, ça m'est totalement égal. Soit je te tue sur-le-champ, auquel cas tu condamnerais tes chatons en même temps, soit je tue l'un de tes chatons à la naissance.
 —  D-d'accord...
 —  Allez, installe-toi dans la pouponnière. »
  La reine rousse hocha la tête et gagna la pouponnière sans un mot. Elle n'arrivait pas à pleurer alors elle se rendormit.