Enfants sans mère, c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur.

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Paris, France
Taryn était sur son dernier patient du jour.  Enfin, elle allait pouvoir rentrer chez elle. Depuis 3 jours elle ne recevait que rendez-vous sur rendez-vous. A croire que les enfants se sont tous entendus pour tomber malades.  Elle adorait son métier de pédiatre mais il y a des fois elle a juste envie de se cacher quelque part d'autre.  3 jours qu'elle avait passé sans voir son fils Sam et son mari Georges.  Ils lui manquaient. Et puis son père. Elle allait passer à son appartement histoire de le voir. 
Elle ôta sa blouse, alla se laver les mains, prit son sac et ferma la porte.  Elle passait dans le couloir et dit un bonsoir à Christelle sa secrétaire qui lui lançait un" coucou à Sam et bonne soirée à vous docteur".
Elle est en service à l'hôpital NECKER qui se trouve dans la rue de Sèvres.  Elle longeait les couloirs et se retrouva à la réception.  Elle aperçut le docteur Fernand qui était cardiologue.
-Alors ma chère Taryn je vois que tu es épuisée.  Je suis passé par ton service hier pour t'inviter à prendre un café mais ton service était rempli de bambins. Est-ce une épidémie?
-Je ne te le fais pas dire Fernand.  Ces 3 jours ont été les plus fatigantes de ma vie.
-Alors je ne te retiens pas plus.  Allez bonne soirée.  Passes mes salutations à Georges et Sam.
Elle lui fit une bise et s'engagea vers le parking.  Elle prit sa voiture de sport de couleur rouge et lança un appel.
-Coucou mon amour.
-Alors chérie, tu as pu te libérer ?
-Oui, là je suis entrain de conduire pour rentrer.
- t'aurais dû prévenir.  Je t'aurai envoyer le chauffeur.
-non ne t'inquiète pas.  Je dois passer voir mon père avant de rentrer. Et Sam ?
-Il va bien.  Bébé je dois te laisser j'ai une réunion. A plus bisou et prends soin de toi.
Elle avait rencontré Georges lors d'un séminaire au Sénégal. Étant aussi dans la santé alors le courant est vite passé.  Georges est un grand obstétricien qui aujourd'hui avec ses deux amis Paul et Luc avaient implanté un grand hôpital à Nantes.  Elle n'avait pas voulu travailler dans la même entreprise que son mari et c'est grâce à des contacts que Gorges a pu lui trouver une place au Necker. Georges avait une confiance aveugle en elle. Tout ce qu'elle était aujourd'hui elle le devait à son homme et à son père.  Elle gara sa voiture juste en face de l'immeuble de son père.  Elle sortit.  Ayant le double des clés elle priait qu'il soit à la maison. Depuis toute jeune, elle savait qu'il trainait dans des affaires louches.  Elle ne l'avait jamais forcé à lui en parler. Le seul sujet sur lequel elle aimerait parler avec son père est le sujet de sa mère. Depuis toute petite, elle n'a jamais connu une image féminine et elle se demandait toujours ce qui a bien pu réveiller l'instinct maternel en elle au point où elle adorait les enfants. Ce qui l'a plutôt poussé  à être pédiatre. Son père lui répétait chaque fois que sa mère était morte en couche. Au début elle y croyait, mais plus les années passèrent et plus les doutes se formaient en elle. Morte en couches? Et aucune photo d'elle? Elle avait voulu mener son enquête mais elle s'est rendue compte que les informations sur son certificat de naissance ont été truquées. L'avait-il adopté ? Impossible, elle ressemblait trop à son père.
Elle rentra dans l'appartement et le vit coucher sur son transat. Son père était d'un naturel calme. Elle savait qu'il était dangereux quand on s'attaquait aux siens. Il est un bel homme, fort avec des cheveux bouclés.  Elle avait toujours remarqué qu'il ne ressemblait pas aux parisiens et elle-même d'ailleurs.
-Papa, elle lui fit la bise sur la joue.
-Oh Taryna ma princesse.  Comment vas-tu? Je viens d'avoir Sam au téléphone.
-Je suis exténuée papa.  Si tu savais, dit-elle en faisant des mouvement circulaires avec son cou.
-Et si tu te reposais avant de rentrer.
-Non papa j'étais venue voir comment tu allais..
Elle fixa longuement son père.  Elle remarqua qu'il n'était pas en forme.
-Pourquoi ne te maries-tu pas? Tu sais j'aime pas te savoir seul ici.  Ou carrément j'envoie une infirmière qui resterait ici avec toi.
-Mais non, je ne suis pas un enfant.
Cette phrase agaçait Taryn.
-Si tu ne sais pas prendre soin de toi moi le ferai.  Même si tu ne m'aimes pas moi je t'aime papa et je ne te laisserai pas mourir. Il y a des gens qui s'inquiètent pour toi.
-tu sais bien que je t'aime Taryn. Je ne sais pas comment le prouver c'est tout.
-Si tu m'aimais vraiment tu allais me dire toute la vérité sur ma mère. Mais non tu n'es qu'un pur égoïste. Tu sais ce que je ressens là, dit elle en touchant son coeur.  J'ai beau grandi mais j'ai ce manque. Tu as beau me couvrir de tous les cadeaux luxueux de ce monde, mais une maman ne se remplace pas. Tu es vraiment sûr que ma mère est morte?Alors quel est ce secret qui te ronge depuis des années?. Je suis fatiguée  papa.  Fatiguée de te rappeler que je suis plus une petite fille et que j'ai droit de connaitre la vérité. Fatiguée de faire comme si tout allait bien.  Je m'interroge et ça me rend malade quand je n'ai pas les réponses.  Déjà je découvre que je ne suis pas française. Papa tu as truqué les documents. Je n'ai rien dit par respect et par amour.  Je me suis toujours dite que quand tu seras prêt tu m'en parlerais. Mais j'ai vu que ça ne te traverse même pas l'esprit. Tu t'es jamais demandé comment je me sentais quand je voyais mes copines avec leur maman.? Tu m'as privé d'un bonheur et je te déteste pour ça, dit-elle au bord des larmes.
Elle prit ses clés et son sac à main. C'en était trop. Elle ne pouvait pas supporter une fois de plus son indifférence. Elle se dirigea vers la porte quand elle entendit:
-Je t'ai enlevé à ta maman. 
Cette phrase lui fit l'effet d'une gifle.  Elle était immobilisée. Elle n'arrivait à articuler aucun son.
-Elle venait de t'accoucher.  Tu étais si belle, si innocente pour rester avec un être aussi ignoble qu'elle. Je n'ai été là que pendant le premier mois de sa grossesse.  Après je suis parti et je la surveillais de loin. J'avais déjà établi mon plan. Je voulais te kidnapper pour lui faire du mal comme elle m'en avait fait. J'étais persuadé que tu n'étais pas mon enfant mais j'ai eu la brillante idée de faire un test. Et depuis ce jour, j"ai fait de mon mieux pour te combler d'amour. Désolé si je n'ai pas réussi dans mon rôle de père -mère.  Ta maman a tué en moi la capacité d'aimer. J'aimais cette femme plus que ma vie. Si je ne suis pas capable de faire des gestes affectueux c'est à cause de cette femme. Mais avec Sam et toi c'était différent. Je vous aime naturellement. Si tu penses que je t'aime pas, cela veut dire alors que je le prouve pas assez. Ta mère, cette pute elle couchait avec mon patron. Je lui faisais confiance. Mais j'ai été bête. Comment un pauvre pêcheur comme moi pouvait se marier à une fille quittant une famille si riche. ?Son amour m'a aveuglé. Je ne sais pas si elle m'a jamais aimé. Elle m'a épousé malgré ma pauvreté. J'étais persuadé que la situation s'arrangerait et bientôt je pourrai lui offrir une vie plus ou moins luxueuse.  Que ne fut ma surprise lorsque je l"entendis gémir dans les bras de mon patron. Ça a blessé mon amour propre. Je me suis senti humilié. 
Baracelo se leva de son transat. Il était trop calme pour quelqu'un qui souffrait. Il alla vers le bar pour se servir un verre.
Taryn était toujours immobilisée.  Elle était abasourdie.  Elle avait une mère.

*Épris de la Teufel*Où les histoires vivent. Découvrez maintenant