Touch - II

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Cela devait bien faire une heure que je fixais le plafond sans arriver à dormir.


La visite de Jungwoo ce matin m'avait totalement retourné. Il me mettait la pression mais je persistais à croire que j'étais la personne la moins bien placée pour ce genre de mission.

Je grognai contre moi même, contre cette insomnie et contre mon psychopathe de frère et passai mes mains sur mon visage, excédé.

Un type comme Taehyung, par exemple, n'aurait pas eu de mal à gagner la confiance de tous ses camarades, tout le monde l'appréciait ici et il ne le faisait même pas exprès.

Peut être que j'aurais du prendre exemple sur lui... ?

Non, laissons tomber, je refusais de prendre exemple sur un type qui pensait que la malpolite aigüe était une vraie maladie. Sérieusement, d'où il sortait ? Il était bien trop crédule, on aurait dit un gamin. Est-ce que c'était comme ça que finissait tous les gosses de riche maternés par papa et maman?

Un petit bruit sur ma droite me fit immédiatement me redresser.

Depuis le temps que j'étais allongé dans le noir, mes yeux s'étaient habitués à l'obscurité et je vis très distinctement le battant s'entrouvrir légèrement.

Je sautai de mon lit à la vitesse de l'éclair et parcourus ma chambre en silence pour me retrouver derrière la porte qui continua de coulisser.

Le bizutage était chose courante dans ce genre d'établissement, et le fait que j'occupe une chambre à moi tout seul alors que les autres devaient se serrer dans les leurs ne devait pas plaire à tout le monde. Je devais avouer que ça ne m'étonnait pas d'avoir de la visite, je m'étonnais plutôt de ne pas en avoir reçu plus tôt.

Je levai mes poings joints au dessus de moi, prêt à les abattre sur la première tête qui passerait la porte.

Au moment où une première mèche de cheveux apparut, je donnai le premier coup mais sans même s'en rendre compte, l'intrus pivota pile au bon moment, évitant de se faire assommer de justesse et se retrouvant nez à nez avec moi qui venait de taper dans le vide.

Son cri de terreur me vrilla les oreilles et me fit reculer. Lui finit par glisser et tomber contre l'encadrement de la porte, l'ouvrant encore un peu plus d'un coup de genou aléatoire.

Le jeune soldat serrait son coussin contre lui, les yeux fermés, et balbutiait des excuses.

Je soupirai en le reconnaissant. Encore...

- Qu'est ce que tu fiches... ?

- Mon nouveau voisin de lit ronfle trop fort, j'arrive pas à dormir, lâcha-t-il d'une traite sans ouvrir les yeux.

- Et en quoi ça répond à ma question ?

- Je te dérangerai pas, je vais juste prendre le lit vide le plus éloigné du tien, s'il te plaît. Juste pour cette nuit...

Il ouvrit enfin les yeux et regarda la chambre rapidement, comprenant mon soudain mutisme. Les autres lits se limitaient à des planches de bois vides. Il n'y avait même pas de futons installés dessus.

- Tu vois, c'est pas ici que tu vas pouvoir dormir, alors fiche le camp.

- T'as aucune pitié ! Ça se voit que tu l'as pas entendu ronfler !

Et il se mit alors à imiter ce que je supposai être les ronflements de son ami, à moins que ce ne soit les cris d'un porcelet à l'agonie...

- C'est bon, j'ai compris ! Tais-toi !

Wang [KookV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant