Chapitre XIII

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J'avais toujours eu une excellente mémoire. Mes souvenirs d'enfance, tout particulièrement, refusaient de s'effacer.
C'était à la fois une chance et une malédiction.
Ma mère était morte quand j'étais jeune, pourtant je me souvenais parfaitement d'elle et je pouvais chérir les moments que nous avions passés ensemble. Je me souvenais aussi de choses qu'elle m'avait apprises et cela m'avait servi toute ma vie, cela m'avait même permis de sauver Taehyung une première fois.

Mais d'un autre côté, je n'avais pas ce privilège qu'ont les enfants qui perdent un parent dans leur petite enfance, le privilège d'oublier et de surmonter ce traumatisme.

Je me souvenais également que tout le monde avait pensé que la mort de ma mère m'avait laissé de marbre. On avait murmuré de drôles de choses à mon sujet pendant quelques mois, tout ça parce que je n'avais pas versé une larme.
À l'époque, j'étais choqué et en colère, pleurer devant les autres, alors que je détestais ça, n'aurais rien arrangé.
J'avais pleuré, seul, et je me fichais bien de ce que pouvais penser les autres.

J'avais retrouvé un sorte de deuxième maman avec Vieille Nun. Elle s'était occupé de moi avec attention, plus que ce qu'elle faisait déjà lorsque ma mère était en vie, et parfois, j'avais l'impression qu'elle me comprenait aussi bien que ma génitrice.
Dans ces moments-là, je me rendais compte que je tenais beaucoup à ma vieille nourrice, et je me sentais un peu coupable. Je n'avais pas envie de remplacer ma mère...

Je n'en avais cependant pas eu le temps car on m'avait rapidement arraché Vieille Nun aussi.
J'aurais pu oublier ce moment de ma vie, oublier la façon dont Jungwoo m'avait rejeté, oublier ma peine, mais tout restait gravé dans un coin de ma mémoire.

Je me souvenais également du désespoir que j'avais ressenti lorsque j'avais su qu'on m'envoyait dans une caserne militaire.
Je ne voulais pas me battre et je ne voulais pas quitter ma maison, le seul endroit que je connaissais.
Mais on ne m'avait pas demandé mon avis, on m'avait balancé dans une charrette sans pouvoir emporter aucune autres affaires personnelles que celles que je pouvais prendre dans mes mains et j'avais quitté la capitale.
La raison officielle était que je perturbais le jeune prince. C'était l'avis de la reine mais le roi ne s'y était pas opposé, se contentant de poser un regard indifférent sur moi. Pire, de me cracher aux visage des insultes qui restaient gravées au fer rouge dans mon esprit depuis.

Les premières années à la caserne avaient été les pires de ma vie. J'étais le plus jeune, et de beaucoup, si la reine elle-même ne m'avait pas envoyé, le commandant n'aurait sûrement jamais accepté de m'enrôler à cet âge là.

J'avais d'abord été garçon d'écuries, mais on m'avait vite intégré aux autres élèves.
J'étais seul, complètement seul pendant deux ans. Les autres ne me ménageaient pas même s'ils avaient parfois un bon paquet d'années de plus que moi, et j'étais un de leurs boucs émissaires préférés.

Les choses avaient commencé à s'arranger lorsque Seokjin hyung était arrivé dans l'école.
Il avait été mon premier ami là-bas et il m'avait protégé jusqu'à ce que je sois assez fort pour me débrouiller tout seul et que Hoseok et Namjoon hyungs n'arrivent à leur tour.

À nous quatre, nous formions une petite bande plus ou moins soudée. Disons que je les aimais bien et que je les considérais comme mes amis, des frères de substitution, même si je devais leur mentir sur qui j'étais, ou plutôt sur ma famille, et garder un certain nombre de choses pour moi.

J'avais fini par devenir performant à force d'entraînement et le commandant s'était révélé plutôt fier de moi.
Puis j'avais été appelé par mon nouveau roi, Jungwoo, pour remplir une mission à la capitale.

Je me souvenais de toutes ces années de souffrance et de solitude, de la peur enfouie, qui m'avait suivie pendant des années, de m'attacher à quelqu'un, de peur qu'on me l'arrache.

Wang [KookV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant