Chapitre 13-1

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Lorsque je rouvris les yeux, la pièce était vide. Me rappelant instantanément de la promesse de Waahana, je sentis mon cœur s'emballer. Étais-je dans un rêve ou bien dans la réalité ? Encore groggy par le sommeil je me redressai, en appuis sur mes mains m'attendant au tiraillement douloureux et désagréable de ma blessure... mais rien. Un rêve donc, commençai-je à me dire lorsque la porte s'ouvrit sur Cooper, un plateau dans les mains.

— Même dans mes songes je rêve de bouffes, gémis-je en sentant les effluves de pains grillés arriver jusqu'à moi.

— C'est peut-être, tout simplement, parce que tu ne rêves pas ? me répondit Cooper en souriant. Après plus de douze heures de sommeil, il était temps que tu te réveilles, cendrillon.

— Tu plaisantes ?

— Non. Désolé si j'ai un peu forcé la dose, mais j'ai beau être médecin, et, loup-garou, je ne maitrise pas encore bien les dosages pour notre espèce. J'ai dû te refaire deux injections pour être certain que tu restes profondément endormie. Tu devrais manger un peu...

— Enlève ça de ma vue si tu ne veux pas que... je te gerbe dessus, gémis-je d'une voix pâteuse tandis qu'un ensemble de percussion jouait la conga sous mon crâne. Où est Waahana ? Je croyais qu'elle ne devait pas quitter mon chevet ?

— Tout se passait bien et tu étais en phase de réveil. Elle en a profité pour aller aider aux derniers préparatifs avant le départ.

— Le départ ? Pour où ? La virginie ?! m'exclamai-je en balançant mes jambes hors du lit.

Nausée et maux de tête ou pas, il était hors de question qu'ils partent sans moi ! Thomas me l'avait promis. Je tentai de me mettre debout en prenant appuis sur mes mains, mais la pièce se mis soudain à tanguer et une sueur froide à inonder mon dos. Je ne m'étais pas sentie aussi mal depuis... ma transformation ! réalisai-je en m'écroulant à quatre pattes sur le sol.

— Qu'est-ce que vous m'avez donné ?

— De la kétamine.

— C'est pas pour les chevaux ?

— Pas seulement. On l'utilise aussi pour les anesthésies générales... et pour les loups-garous maintenant, ajouta-t-il avec un petit sourire, tandis que j'essayai de rassembler mes esprits et de ne pas vomir mes tripes.

— Pourquoi je me sens si mal ?

— Parce que notre cher apprentis doc ici présent, a visiblement encore des choses à apprendre ! grinça Aaron en pénétrant dans la pièce.

J'essayai de m'assoir, ne voulant pas paraître faible devant un autre prédateur, mais ne réussis qu'a m'affaler, me prenant les pieds dans mes propres bras ! Je sentis plus que je ne vis Thomas s'approcher pour m'aider et ne pus m'empêcher de gronder lorsque sa main se posa sur mon bras.

— Ne la touche pas, elle est encore complètement shootée, lui lança Aaron d'un ton dégouté.

— Au moins, elle n'a pas rêvé et ne s'est pas fait pomper toute son énergie vitale durant son sommeil, non ? Alors arrêter de vous plaindre ! les admonesta Waahana en s'accroupissant devant moi. Pour aller mieux, il faut que tu manges.

— J'ai vraiment... pas faim, lui répondis-je.

— Ce sont les tranquillisants qui te donnent la nausée. Waahana a raison, mange et ça passera, promis.

— C'est dingue, elle réagit comme une humaine ! Ce cocktail aurait-il le même effet sur les métamorphes ? demanda Thomas d'un ton préoccupé. 

— A cette dose, il pourrait vous tuer. A votre place, je ne tenterai pas l'expérience.

— Comment vous savez ça ? demanda soudain Aaron dans un grondement féroce en épinglant Cooper contre le mur, un bras en travers de sa gorge.

Soudainement totalement en alerte et inquiète pour mon loup, je bondis à mon tour sur mes pieds, un grondement sourd et continu sortant de ma gorge.

— Lâche-le ! articulai-je difficilement entre mes crocs émergeants.

— A votre place, j'écouterai la dame. Pas certain qu'elle se contrôle très bien dans l'heure à venir, le prévins Cooper d'un air contrit mais pas plus effrayé que cela.

Est-ce son ton désolé ou mon grondement qui s'amplifiait ? Toujours est-il qu'Aaron desserra sa prise avant de se reculer de quelques pas.

— Mon intention n'était pas de créer une drogue potentiellement mortelle. Je cherchais juste un psychotrope efficace sur le métabolisme des loups-garous et assez puissant pour l'empêcher de rêver. Il me faudrait du temps et un labo pour l'affiner et que l'on ait une chance de pouvoir s'en servir pour les métamorphes gravement blessés, mais ce ne serait qu'en dernier recours.

— Vu les effets secondaires, je ne pense même pas que l'on puisse l'utiliser de nouveau sur Rose, ajouta Waahana d'un ton lugubre en me faisant assoir sur le lit, avant de me fourrer d'autorité une cuillère de potage dans la bouche.

— Je peux manger toute seule, merci, grommelai-je en saisissant la cuillère au vol.

— On ne peux pas l'emmener avec nous, dans ce cas...

— Il est hors de question que vous me laissiez là ! criai-je à Aaron en essayant de me lever.

Ce dernier me jeta un regard noir, mais je ne le pris pas pour moi. Je savais qu'il était inquiet pour Nicolas et que la peur d'arriver trop tard pour le sauver devait le ronger autant qu'elle me dévorait. Je comprenais son impatience et ne voulais en aucun cas être la cause du moindre retard.

— Je ne vous retarderai pas, lui promis-je en plongeant dans son regard torturé.

— Dans ce cas, rejoins-nous à l'entrée sud dans une heure et demie. Si tu n'es pas là, nous partirons sans toi.

Puis il sortit, sans un regard en arrière, vite suivit par Thomas dont le niveau de colère se devina aisément dans la violence avec laquelle il claqua la porte derrière lui.

— J'en connais un qui va regretter d'avoir oublié qu'il n'était pas chez lui, commenta Waahana avec un petit sourire complice.

— Thomas ne fait pas le poids face à Aaron.

— Hmm... tu serais surprise. Il ne faut pas se fier à son jeune âge et à son physique passe-partout. C'est l'un des métamorphes les plus balèse que j'ai jamais croisé, hormis Charles peut-être, et j'en ai côtoyé un paquet. Je suis rassurée qu'il ait décidé de vous accompagner.

J'accusai le coup tandis que je terminai ma soupe.

— Ce n'est pas risqué pour lui de partir après ce qu'il vient de se passer avec Josh ? Il n'a même pas de véritable second pour le remplacer.

— Il m'a, moi, me répondit Waahana avec une pointe fierté dans le regard. Et Shane et Jhin viennent de rentrer. La communauté sera entre de bonnes mains. Même si j'ai dû insister lourdement pour qu'il accepte de partir, mais je sens que c'est la bonne décision.

Rassérénée, j'acceptai d'engloutir encore un sandwich et deux verres d'eau gazeuse, avant de filer sous la douche. Un peu plus d'une heure plus tard, j'étais prête. Vêtue de vêtements et de chaussures confortables, assise sur mon lit un sac à dos remplis d'affaires de rechanges à mes pieds, j'attendais l'heure du rendez-vous en comptant les secondes. L'eau chaude m'avait fait un bien fou et je me sentais enfin mieux. A ma grande surprise, ma blessure était totalement guérie, mais j'avais encore la désagréable sensation d'avoir le cerveau rempli de coton. Je m'apprêtais à me lever quand on frappa un coup discret à la porte et vis Lyn entrer avant d'avoir eu le temps de dire quoi que ce soit ?

— Tu es prêtes, constata-t-elle, un léger soulagement dans la voix. J'en étais sûre !

Son sourire contagieux et sa seule présence me firent un bien fou et me permirent d'oublier durant quelques secondes mon angoisse et la terrible peur qui me tiraillait et monopolisait mon esprit... et s'il était déjà trop tard ?

— On va le retrouver, Rose. Tu dois y croire, me dit-elle alors que je ramassais mon sac à dos.

— J'espère de tout cœur que tu as raison, lui répondis-je dans un murmure en sortant dans le couloir.

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant