Laissant momentanément mes scrupules d'humaine bienveillante et altruiste au vestiaire, j'avançai le plus rapidement possible et lorsque je fus à quelques dizaine de centimètres de dos de l'homme, je cassai le manche à balais d'un geste vif. Le bruit sec qui envahit le couloir le fit se retourner dans un mouvement brusque, mais aussi rapide qu'il ait pu être, il était déjà trop tard.Dans un geste aussi preste qu'instinctif j'attaquai avec mon arme de fortune qui s'enfonça dans sa chair comme dans du beurre. Le bruit spongieux me souleva le cœur, tandis que les yeux du garde s'écarquillaient sous l'effet de la surprise. Il commença à s'affaisser doucement, ses prunelles déjà vitreuses et son doigt se crispant sur la gâchette de son arme dans un spasme involontaire. J'attrapai cette dernière de la main gauche, l'arrachant à la main du mort à l'instant où son corps s'affalait sur le sol. Ne voulant pas réfléchir à ce que je venais de faire, je tournai immédiatement les talons, remontant le couloir éclairé au pas de course.
Parvenue au coude je ralentis et passai prudemment la tête de l'autre côté. La voie étant libre, je repris ma course, me laissant guider par mes liens de meutes et celui de Nicolas qui semblait m'appeler. Je dépassais plusieurs portes fermées sans croiser personne ni entendre le moindre murmure. Tout ce silence et ces couloirs vides ne me disaient vraiment rien qui vaille. J'espérai secrètement qu'ils étaient déjà tous partis, fuyant devant notre arrivée imminente, mais dans ce cas, pourquoi laisser un garde ? Et pourquoi ressentais-je la présence de Nicolas ? Il était là, pas loin, mes nouveaux sens ne me trompaient pas. Toute cette situation n'avait aucun sens... à moins qu'ils ne veuillent me capturer ? Mais ils avaient déjà eu moults occasions de le faire et ne les avaient pas saisis... Stop ! m'ordonnai-je mentalement à moi-même. Me torturer le cerveau ne servait à rien. Quel que soit leurs intentions, les miennes étaient on ne peut plus claires et, piège ou pas, je ne renoncerais pas si près du but. Alors pourquoi tergiverser ? conclus-je en me remettant en route, plus déterminée que jamais.
Je débouchai soudain dans une pièce rectangulaire. L'odeur pestilentielle qui s'en dégageait me stoppa net et faillis même me faire rebrousser chemin. Pourtant, cachant mon nez avec mon bras, je mis un pied à l'intérieur. Ce que je vis, finit de me retourner l'estomac. Du sang séché recouvrait les murs et une partie du sol en éclaboussures noirâtres et d'horribles chaines pendaient du plafond. Il ne fallait pas être devin pour comprendre ce qui avait dû se passer ici. Je m'empressai de traverser cet antichambre des enfers et une fois à un ou deux mètres de la pièce, fit une pause pour prendre de longues inspirations tremblantes. L'odeur semblait s'accrocher à moi et tapisser mon nez et ma gorge d'un film huileux et nauséabond.
Je continuai néanmoins et finit par déboucher dans une nouvelle salle dans les murs de laquelle s'ouvraient quatre nouvelles portes. Ces dernières étaient en aciers et pourvues d'une meurtrière vitrée permettant de voir à l'intérieur. Électrisée par la présence de Nicolas que je sentais toute proche, je m'avançai vers la première porte et jetai un bref regard à l'intérieur... vide. Identique pour la suivante. Mais à la troisième, je crus que mon cœur allait s'arrêter de battre.
Nicolas était là. Le sentir, l'effleurer en rêve était une chose. Mais avoir la preuve incontestable qu'il était bien vivant, là, à a peine deux mètres de moi çà en était une autre ! J'étais tellement submergée de soulagement et d'émotion que je mis quelques secondes à me rendre compte de son état.
Il était enchainé au mur, ses bras étendus portant tout le poids de son corps et la tête penchée en avant. Ses cheveux, à présent beaucoup plus long que dans mon souvenir, tombaient en mèches sales et emmêlés devant ses yeux, me cachant son visage. Son immobilité m'inquiétait. Sans plus de soucier d'un piège éventuel, je tournai la poigné et me mis à tambouriner sur la porte sans aucun soucis de discrétion lorsque cette dernière ne s'ouvrit pas.
— Nicolas ! criai-je d'une voix où se mêlait frustration et anxiété, espérant au moins susciter une réaction de sa part, mais rien.
Mon inquiétude décupla et, utilisant ma nouvelle force de louve-garou, je tentai de forcer l'ouverture à mains nues... sans résultat. Au comble de l'angoisse, je me tournai vers le centre de la pièce cherchant frénétiquement quelque chose qui me permettrait de faire levier, mais la pièce était totalement vide. Pas même un tuyau ou un objet métallique que j'aurais pu arracher. J'étais en train d'essayer de me remémorer mon cheminement jusqu'ici, cherchant dans ma mémoire un objet qui pourrait me servir, lorsque mon regard est tombé sur la petite lucarne vitrée de la porte. Sans plus réfléchir, j'armai mon bras et projetai mon bras de toute mes forces sur le petit rectangle de verre.
Le choc fit trembler mon bras et la douleur, immédiate et cuisante, m'électrisa des doigts jusqu'à l'épaule. Pourtant, seulement quelques lézardes marquaient la surface lisse, c'était du verre renforcé. Malgré la douleur, je réitérai mon geste, encore et encore, jusqu'à ce que la vitre explose en milles éclats scintillants qui lacérèrent ma peau d'une multitude de petites entailles. Sans m'occuper du sang qui ruisselait et rendait ma main glissante, je m'approchai et glissai mon bras par l'ouverture. Du bout des doigts je parvins à atteindre le verrou mais dû m'y reprendre à trois fois avant de parvenir à l'ouvrir.
Je me rendis compte que j'avais retenu ma respiration durant toute l'opération lorsque j'ouvris la porte.
Une odeur acre et nauséabonde me submergea, m'arrachant un hoquet de stupeur et de dégout. C'était un remugle de sang, de crasse et de désespoir qui me prit aux trippes et manqua me faire pleurer de rage. Pourtant ça ne m'arrêta pas et je fis enfin les quelques pas qui me séparait de lui.
Nicolas, l'homme qui me manquait depuis si longtemps. L'avoir enfin devant moi était comme si, enfin, je retrouvais un morceau perdu de mon être, de mon âme. Malgré l'horreur de la situation, je me sentais enfin complète et tellement heureuse de le retrouver.
— Nicolas ? appelai-je doucement, n'osant pas le toucher de peur de l'effrayer.
— Nicolas, tu m'entends ? C'est moi, Rose, réitérai-je d'une voix de plus en plus hésitante.
Prudemment j'avançai une main tremblante vers son visage et avec délicatesse et lenteur, dégageait ses cheveux. Ses yeux s'ouvrirent brusquement et son regard se riva au mien. Mais plus de prunelles chocolat, plus aucune chaleur dans les iris d'ambres qui me fixaient d'un regard fou. Plus que de la rage et de la douleur dans des yeux qui ne me reconnaissaient pas.
— Nicolas ? murmurai-je malgré tout d'une voix aussi brisée que mon cœur, sentant des larmes dévaler mes joues sans que je ne puisse les retenir.
— Ne restez pas là ! entendis-je crier derrière moi, alors que des bras puissant m'enlaçaient et me tiraient en arrière au moment où Nicolas se jetait en avant, tout crocs dehors, pour m'attaquer.
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Voilà, chapitre enfin en ligne :-) J'espère qu'il vous aura plu ? ( Même si j'entends d'ici vos commentaires !!^o^!!) J'essaierai de poster la suite avant Noël, mais je ne promet rien, fêtes obligent ^.^
Sinon, je tenais à préciser, que bien que "Whisper" soit à présent sous contrat d'édition, je continuerai à poster l'histoire jusqu'au bout sur Wattpad. C'est grâce à vous mes chers lecteurs que j'en suis là aujourd'hui et, à mes yeux, vous êtes et resterez prioritaires <3
Des bisous et très bonnes fêtes de Noël si je ne post pas d'ici là <3
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Whisper - Ombre Fauve Tome 2
ParanormalLe monde a changé, les métamorphes sont enfin sortis au grand jour et l'adaptation est chaotique. Au milieu de ce tumulte, certains clan jouent profil bas et attendent de voir l'évolution des événements pour se dévoiler ou non. A moins que d'autres...