Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 31-2

La culpabilité me submergea, vite rejointe par la peine. Je connaissais Sean, c'était un jeune homme adorable et l'un des rares métamorphes de Thomas qui avait toujours été gentil avec moi. Il allait avoir vingt ans et faisait des études pour devenir architecte-paysagiste. Penser à lui me fit revoir son doux regard brun, ses cheveux châtains toujours en bataille et je sentis les larmes me monter aux yeux. Elles dévalèrent vite sur mes joues sans que je ne puisse les retenir tandis qu'une colère, puissante et dévastatrice m'envahissait.

— Rose ? me demanda doucement Nicolas en s'approchant de moi avec précaution, comme s'il avait peur que je le repousse.

— Rose, je suis désolé mais... je devais le faire. Il y avait peut-être une chance qu'il travaille quand même pour Ivory et aussi de retrouver Sean vivant...

— Je sais. Au fond de moi je l'ai toujours su, mais... lui répondis-je entre deux sanglots, le laissant passer son bras sur mes épaules et m'attirer contre lui. Je le connaissais, Sean. Si ce salaud de Josh n'était pas déjà mort je...

  Je le sentis se détendre imperceptiblement avant qu'il n'intensifie son étreinte, allant même jusqu'à poser son menton sur mes cheveux.

— Au regard que tu nous as lancé... j'ai cru que tu m'en voulais de l'avoir tué.

— Je ne t'en veux pas de l'avoir tué, même si sur le coup cela m'a choqué, lui avouai-je en essuyant rageusement mes larmes d'un revers de main. Je t'en veux de l'avoir torturé, lui avouai-je dans un souffle. Entendre ses hurlements et savoir que c'était toi qui...

Un frisson involontaire me parcourut et Nicolas me retint fermement contre lui lorsque je voulus me dégager de son étreinte.

— J'ai fait ce que je devais faire et j'ai douloureusement conscience que ces six mois de captivités m'ont arraché un bout de mon âme... mais sache que ça m'a couté, plus que tu ne peux l'imaginer, me chuchota-t-il à l'oreille d'une voix légèrement tremblante. S'il y avait eu un autre moyen je l'aurais privilégié, mais nous n'avions pas le temps.

Ne trouvant pas de mots assez forts pour exprimer ce que je ressentais à cet instant, je me contentai de pivoter et de le serrer contre moi, aussi fort que mes blessures me le permettaient.

— On fait quoi des corps ? demanda soudain Lynda à Thomas qui venait de revenir dans la pièce.

— Il est mort ? m'exclamai-je, en avisant le corps du crétin qui nous avait menacé, transporté par Lyn et Cooper.

— On ne peut plus mort. Tu ne l'as pas raté !

— Mais, je ne lui ai donné qu'un coup de poing.

— C'est le bout de bois pointu sur lequel il s'est empalé qui l'a achevé, mais même sans ça, je ne suis pas certaine qu'il s'en serait remis, m'expliqua Lyn en emportant le corps en dehors de la pièce.

Troublée et soudain légèrement nauséeuse je me dégageai doucement le l'étreinte de Nicolas, regardant mes mains sans vraiment les voir.

— Comment j'ai pu... murmurai-je alors que les souvenirs de l'afflux de puissance que j'avais ressentis me revenaient en mémoire.

— En tant que Louve-garou, tu as plus de force désormais, m'expliqua Nicolas d'une voix douce.

— Bien sûr, mais je sais me contrôler d'habitude. Sans compter que même à pleine puissance, je n'ai jamais été capable de... ça ! chuchotai-je horrifiée en remarquant pour la première fois les articulations rougies et écorchées de ma main droite.

— En situation de combat, c'est différent. Tu étais gorgée d'adrénaline et... le fait d'être l'Alpha de la meute te confère un surplus de puissance non négligeable, m'expliqua-t-il en se levant lentement.