Chapitre 35-2

1.4K 228 104
                                    




Malgré ma main toujours tendue dans sa direction, il ne fit aucun geste vers moi et resta debout devant la porte, le visage fermé.

— Si tu crois que je vais changer d'avis et te laisser risquer ta vie bêtement, on peut abréger tout de suite cette... discussion.

Sa voix coléreuse et grondante faisait écho à son regard incandescent et inflexible fixé sur moi. Je retins de justesse la réplique assassine qui me brûlait les lèvres et après avoir pris une grande inspiration pour me calmer, m'avançait vers lui.

— Alors en fait, ce que tu es en train de me dire c'est, ferme-là femme et fais ce que je te dis ? attaquai-je à mon tour d'une voix mielleuse où planait quand même la colère qui bouillonnait en moi et que je ne parvenais pas à masquer totalement.

Ses yeux s'étrécirent et ses poings se crispèrent faisant saillir les muscles de ses bras dévoilés par son tee-shirt. Tee-shirt blanc d'ailleurs lacéré, imbibé de sueur et parsemé de tâches rougeâtres, qui ne laissait plus grand-chose à l'imagination. Malgré ma colère je sentis mes hormones se réveiller.

— Tu sais très bien que ce n'est pas comme ça que je le vois.

— Désolée, mais c'est comme ça que moi je le vois ! Tu t'attendais à quoi en m'imposant ta volonté d'Alpha comme un bon vieux dictateur ? La discussion, tu ne connais pas ? C'est un concept très intéressant, tu devrais essayer un de ces jours ?!

— Parce que tu m'aurais écouté, peut-être ? Discuter, comme tu dis, n'aurait servit à rien d'autre que repousser le problème et je n'avais pas le temps de te convaincre.

— Parce que tu penses vraiment que m'imposer ta volonté va finir par me persuader que tu as raison ? m'exclamai-je avec un petit rire incrédule. Même si je crois comprendre, au fond de moi, pourquoi tu réagis comme ça, je ne l'accepte pas ! Alors, soit on discute, soit je n'hésiterais pas une seconde à tester la pseudo-autorité que tu crois avoir sur moi.

— Tu me menaces ? dit-il d'une voix grondante agrémentée d'un voile de surprise, alors que le parfum musqué de sa colère emplissait l'air.

— Je t'avertis c'est tout. Si notre relation, qui n'existe pas vraiment d'ailleurs, doit être sous le signe de la contrainte, je préfère arrêter tout de suite les frais.  A toi de décider, ajoutai-je d'une voix coléreuse alors que ma fureur se mariait à la sienne, créant une atmosphère lourde et électrique.

Les mots que je venais de prononcer me faisait mal, mais n'exprimaient que la plus stricte vérité. J'aimais Nicolas et j'espérais sincèrement qu'il allait réfléchir et ne pas laisser son orgueil et son égo prendre le dessus. Mais s'il le faisait, cela prouverait, sans l'ombre d'un doute, que nous n'avions aucun avenir ensemble.

L'intensité augmenta encore d'un cran et son aura déborda au point de venir flirter avec la mienne. Craignant qu'il ne cherche une nouvelle fois à m'imposer sa volonté, je contrattaquai aussitôt sans même m'en rendre compte. Mon aura se déploya, percutant la sienne avec une telle force, que j'en ressentis le contrecoup jusque dans mes os. Nicolas, lui poussa un gémissement de surprise et vacilla sous le choc.

Je n'avais pas voulu le blesser, juste me protéger, pourtant je me ramassai sur moi-même, prête à le combattre s'il se jetait sur moi. Son regard d'ambre lançait des éclairs et ses muscles étaient tendus à tel point que cela devait être douloureux, pourtant il ne bougea pas, se contentant de m'observer de ses yeux incandescents.

Nous nous mesurâmes ainsi du regard durant de longues minutes, j'étais tellement hypnotisée par son regard que je ne perçus l'infime soubresaut de sa jambe que lorsqu'il fut trop tard. En un souffle, il fut sur moi, nous projetant tous les deux contre le mur opposé, où il m'emprisonna, faisant barrage de son corps.

— Comment peux-tu croire que je ne veux plus de toi ?

Son souffle grondant effleura ma joue lorsqu'il parla d'une voix heurtée, sa bouche à quelques centimètres à peine de la mienne.

— Je sens ta colère, elle t'enveloppe comme un nuage toxique, et elle est dirigée contre moi, lui répondis-je, d'une voix que la peur et l'adrénaline rendaient rauque et heurtée.

— Tu ne comprends donc pas que c'est parce que je tiens à toi que j'ai réagi de la sorte ?

— Et toi tu ne comprends pas qu'en réagissant comme tu l'as fait, tu ne peux que nous séparer ?

Ma voix, à mi-chemin entre le cri et le sanglot, me donna l'impression de me déchirer la gorge et le cœur, tandis que je cherchais à franchir le barrage de ses bras.

— Je ne voulais pas mais... t'imaginer à la merci de ces monstres, tu ne peux pas comprendre ce que cela m'a fait. S'ils mettaient la main sur toi, ils...

La peur et la détresse qu'il dégagea soudain m'anéantirent presque et ne trouvant pas de mots pour le réconforter, j'apposai doucement ma main sur sa joue. Il ferma les yeux un bref instant savourant ma caresse.

— Dis-moi que tu comprends ? murmura-t-il d'une voix suppliante à peine plus forte qu'un souffle.

— Je comprends parfaitement ce que tu peux ressentir, car j'éprouve exactement la même chose pour toi. Ouvre les yeux, bon sang ! Si je tiens à vous accompagner, c'est avant tout car je ne veux plus jamais te perdre ! criai-je dans un sanglot, alors que mes poings s'abattaient sur sa poitrine exprimant là toute ma rage et ma frustration. C'est sans doute un piège et il est absolument hors de question que tu partes là-bas sans moi, ajoutai-je farouchement.

— Pourquoi as-tu dis que nous n'étions pas un vrai couple dans ce cas, gronda-t-il d'une voix douloureuse, sa colère reprenant le dessus.

— Parce que c'est la vérité. Tous le monde croyait que nous... bredouillai-je, soudain gênée. Et puis tu es si distant ces derniers temps, ça aussi ils l'ont tous remarqué. Tes actions contredisent tes paroles, que veux-tu que je pense ?

— Je te l'ai dit, c'était pour te protéger.

— Et bien j'en ai marre que tu me protèges ! lui hurlai-je à la figure, tremblante de frustration et de toute la tension accumulée.

Enhardie par ma colère, je me jetai sur sa bouche où il m'accueillit sans hésiter. Nos langues se cherchèrent, hésitantes et fougueuses à la fois, avant de s'unir en une danse passionnée et voluptueuses. Les mains de Nicolas quittèrent enfin le mur pour se refermer sur mes hanches qu'il commença à caresser langoureusement, tandis que les miennes s'aventuraient vers le bas de son dos. Je gémis lorsqu'il me serra encore plus fort contre lui, pressant son entrejambe durcis contre ma cuisse. Oubliant mes dernières inhibitions, je plaquai mes mains sur ses fesses et...

— Rose, arrête, dit-il d'une voix essoufflée en s'arrachant à notre étreinte.

Complètement déboussolée et le souffle court, je le fixai sans comprendre, mes yeux hypnotisés par ses lèvres encore gonflée de notre baisé.

— Je... il faut que je prenne une douche, ajouta-t-il précipitamment avant de quitter la pièce comme une tornade.

Bouche-bée, je restai un instant immobile, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. A peine cinq minutes plus tôt, son érection explosait presque son jean et voilà qu'il était devenu le clone de bip-bip le coyote ! La colère pris aussitôt le pas sur l'humiliation que j'aurais pu ressentir et c'est d'un pas rageur et décidé que je me dirigeai à mon tour vers la porte.

Je savais qu'il avait des sentiments pour moi et que le problème ne venait pas de mon côté. Je ne laisserais pas tomber sans me battre, rugis-je intérieurement alors que j'ouvrais la porte de la salle de douche.

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant