Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 17-2

Aaron bougea plus vite que son ombre et avant que je ne comprenne ce qu'il venait d'arriver, il plaquait Grant contre le mur décrépit.

— Pas si vite, le chaton ! gronda-t-il entre ses lèvres, ses prunelles orangées aux pupilles verticales braquées sur lui. 

— Lâche-moi, le tigre ! Tout de suite !

— Tu ne me parais pas du tout en position de négocier ! Et ton petit talent ne fonctionne pas sur moi, je suis trop vieux et trop puissant.

Son ton aurait pu être hautain et suffisant en disant cela, mais ce n'était pas le cas. Il se contentait d'énoncer un fait, une évidence, ce qui rendait son affirmation encore plus percutante. L'éclair de panique qui traversa l'œil toujours parfaitement humain de Grant, me confirma que l'effet avait été identique sur lui.

— Si tu es si puissant que cela, pourquoi ne l'as-tu pas maîtrisé seul ton soi-disant fils ? lui balança-t-il malgré tout.

— Parce qu'il est beaucoup plus puissant que moi. La seul raison pour laquelle tu es parvenu à quelque chose c'est qu'il n'est pas dans son état normal, lui répondit-il malgré tout à mon grand étonnement.

— Malgré votre intrusion injustifié et manifeste sur mon territoire, je vous ais aidé alors que rien ne m'y obligeait. Que voulez-vous de plus ?

— De la compassion ? De l'empathie ? Ou peut-être simplement du bon sens ? Car tu ne comprends certainement pas le sens des deux premiers de toute façon ! sortit Lyn, tout à trac, comme à son habitude.

Thomas esquissa un sourire, qu'il réprima bien vite pour braquer son regard, tout sauf souriant, sur Grant.

— Nous avons besoin d'un endroit sûr et sécurisé où Nicolas pourra retrouver ses esprits.

— Et vous voulez que j'emmène ce... fou furieux parmis les miens ?! C'est absolument hors de question ! cracha-t-il, essayant une nouvelle fois de se dégager de la poigne d'Aaron, sans succès. D'après vos propres dires, il serait le plus puissant ici. Et s'il ne retrouve pas ses esprits, vous comptez faire quoi ?

Un silence d'outre-tombe suivit ses paroles acrimonieuses. Malheureusement, cette triste et funeste prédiction était possible, et si cela devait se produire, nous savions tous très bien quel seul et unique choix il nous resterait. Le doute et la peur, anéantirent momentanément tout l'espoir que j'avais pus ressentir quelques minutes auparavant.

— On fera ce qu'il faut, dit enfin Thomas d'une voix emprunte de tristesse et de lassitude. Nous avons justement besoin d'une pièce sécurisée et je suis certain que tu as ce type d'endroit dans ta communauté.

Le visage de Grant se ferma, montrant clairement son intention de nous refuser son aide, sans qu'il n'ait besoin de prononcer une seule parole. Son regard dériva et se posa sur ses hommes, toujours à terre, mais qui commençaient à donner des signes de réveil. Je vis un bref rictus étirer ses lèvres et compris qu'il gagnait du temps ! Si ces hommes étaient sur le point de se réveiller, alors Nicolas n'allait pas tarder à suivre et une chose était certaine, il ne nous aiderait pas deux fois !

— Je suis la seule à m'interroger sur son implication dans toute cette histoire ? attaquai-je aussitôt en me rapprochant des deux métamorphes avant de fusiller Grant du regard.

— Non, en effet, gronda Aaron en réponse, resserrant sa prise sur le cou de Grant.

— Quoi ? s'insurgea ce dernier. Mais je n'ai strictement rien à voir là-dedans ! Vous ne pouvez pas...

— Alors comment expliques-tu qu'un type aussi paranoïaque que tu l'es, aies pu avoir pendant des moi un groupe de métamorphes sur son territoire sans s'en rendre compte ?

— ils n'étaient pas sur mon territoire...

— Bien sûr que si ! Ces tunnels doivent courir sur des kilomètres et l'endroit par lequel nous sommes entrés se trouvait dans le périmètre de ta communauté, embraya Thomas. Si tu n'as vraiment rien à voir là-dedans prouve le nous en nous.

— En vous donnant l'asile, c'est ça ? ironisa-t-il dans un petit rire mesquin.

— Je vois que l'on se comprend enfin, ajouta Aaron en écartant enfin son bras.

— Seulement le temps qu'il reprenne ses esprits. Ensuite vous dégagez et je ne veux plus jamais vous revoir sur mes terres, dit-il d'une voix emplie de colère rentrée tandis qu'il ouvrait brutalement la porte de la cellule et s'approchait de Nicolas d'un pas rageur.

— Je vais avoir besoin d'un coup de main ! aboya-t-il quelques secondes plus tard à l'intention de Aaron, qui le rejoignit d'un pas rapide mais néanmoins beaucoup plus posé.

Ils essayèrent de le détacher, mais même en s'y mettant à deux, ils n'arrivèrent à rien.

— Il va nous falloir les clefs ou une pince coupante, finit par conclure Aaron, s'adressant aux jeunes métamorphes qui venaient juste de se relever.

— Et des entraves assez solides pour l'immobiliser si jamais il se réveille.

Les jeunes partirent au pas de courses, visiblement pas étonné par la demande, et revinrent à peine quelques minutes plus tard, essoufflés mais pince et menottes à la main.

Grant coupa les chaines qui retenaient Nicolas mais laissa Aaron lui entraver les mains derrière le dos. Puis, chacun d'un côté, ils passèrent leur bras sous celui de Nicolas et sortirent de la pièce. Le trajet retour jusqu'à mon point d'arrivée me paru beaucoup plus court, malgré l'angoisse qui me tordait les entrailles. À présent, une échelle de corde pendait du plafond, gardée par deux nouveaux métamorphes armés en tout et pour tout d'un poignard et d'un révolver. Lyn passa en premier, suivit de Thomas puis de moi. Retrouver l'air libre, fut comme une seconde naissance et l'air frais et froid qui inonda mes poumons fut presque aussi douloureux qu'il fut bon. Aaron émergea rapidement derrière nous et s'emparant d'une corde posée à côté du trou, la laissa tomber dans l'abîme.

— C'est bon ! cria Grant.

Aaron assura alors ses appuis et commença à hisser Nicolas. Nous vînmes rapidement lui prêter main forte et en à peine deux minutes, nous étions tous sortis.

— Kal, Mel ! Montez la garde et restez à votre poste jusqu'à ce que je vous relève. Leur ordonna Grant. A la moindre chose suspecte, prévenez-moi.

Puis il nous entraîna à travers bois jusqu'à un sentier forestier où nous attendait deux Jeeps. Nous grimpâmes dans la première sans nous faire prier, Nicolas toujours inconscient et encadrer de Grant et Aaron. Le trajet se passa comme dans un brouillard et malgré la peur et le stress intense de ces dernières heures, je dus m'assoupir. Car lorsque je rouvris les yeux, je me trouvais de nouveau sous terre dans une sorte de cave creusée à même la roche.

Des barreaux me faisaient face et derrière ceux-ci, Aaron était en train de déposer Nicolas sur le sol de terre battu. Il lui caressa doucement les cheveux en lui murmurant des paroles indistinctes, avant de se lever et de refermer la porte derrière lui.

— Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre, me dit-il dans un soupir las.

— Va te reposer, je prends le premier quart, lui dis-je avec un petit sourire, avant de m'asseoir par terre et de commencer ma garde.

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Je vous souhaites une très bonne et très heureuses années 2020 ^.^ Qu'elle vous apporte santé, joie et bonheur ^.^ Très bon réveillon et... à l'année prochaine ;-)

Des bisous <3 <3 <3