Chapitre 40-2

1.3K 221 61
                                    




Au bout de cinq cents mètres, une odeur d'eau saumâtre et de gasoil m'assaillie les narines, preuves que nous approchions des docs. Et en effet, quelques minutes plus tard nous arrivâmes sur les quais. Le commerce maritime de la ville était quasiment à l'arrêt depuis plusieurs années et cela se voyait à la décrépitude des lieux. Luc, d'un petit coup de fusil dans le dos, me força à accélérer l'allure et je dus prendre sur moi pour ne pas me retourner, attraper son arme et l'assommer avec. Je n'avais aucune confiance en lui et était quasiment certaine qu'il allait se retourner contre nous. C'était le genre de mec à préférer la puissance et l'argent, à une cause juste et noble. Vu qui nous avions en face de nous, il y avait de gros risque qu'il retourne sa veste. J'avais peur de ce que nous allions trouver. Nos amis étaient-ils morts ? Ma mère était-elle...

— On arrive, murmura Shane, me sortant de mes ruminations, en nous désignant un vieil entrepôt entouré d'une cour.

Nous franchîmes le portail rouillé resté ouvert et nos pas résonnèrent étrangement sur les pavés disjoints et envahit de mauvaises herbes. Le silence était étrange et pesant, seulement troublé par le son ténu et distant du clapotement de l'eau sur les coques des rafiots abandonnés. Cette ambiance lugubre ne s'arrangea pas, lorsque Shane nous conduisit vers un porche obscur que je reconnu aussitôt. C'était l'escalier de mon rêve.

— Où nous emmenez-vous ?

La voix de Nicolas creva le silence, me faisant sursauter.

— Tais-toi et avance, grogna Luc en réponse, tout en le poussant durement dans le dos, le faisant trébucher.

Nous atteignîmes la porte et commençâmes la descente. L'angoisse montait à chaque marche, le souvenir de ce que j'avais vu en bas lors de ce rêve étrange, parasitant mes pensées et accroissant ma peur. Le décor restait le même que dans mes souvenirs, constatai-je lorsque nous atteignîmes le bas de l'escalier. Une grande pièce rectangulaire dépourvue de fenêtre et aux murs suintant d'humidité. Les différences résidaient dans les cages grillagées vides qui habillaient désormais le côté droit de la pièce, ainsi que dans le comité d'accueil armé, présidé par un homme que je ne connaissais pas.

Grand et à la limite de la maigreur, il se tenait au centre de la pièce, entouré de six gardes dont les armes étaient toutes braquées sur nous. Ses vêtements noirs trop grand pour lui le faisait ressembler à une chauve-souris, mais cela ne semblait en rien entamer sa confiance en lui. Elle suintait de sa personne tel un effluve nauséabond et étiraient ses lèvres quasi-inexistantes en un rictus méprisant et emplit de suffisance.

— Où est Azaldée ? demanda-t-il d'une voix haut perchée qui m'agressa les oreilles.

— Morte ! cracha aussitôt Nicolas, à fond dans son rôle.

Pas autant que Luc, qui lui asséna un coup de crosse pour le mettre à genoux avant de lui braquer son arme sur la tête.

— Cela m'étonnerait mon jeune ami, susurra-t-il en souriant. Si cela avait été le cas, nos jeunes loups ici présents ne seraient pas aussi calmes et obéissants. Alors, où est-elle ?

— Je vous le dirais, si vous nous dites où sont nos amis.

— Vous n'êtes pas vraiment en position de négocier, là.

— Pas plus que vous. Vous n'avez rien à gagner en nous cachant cette information, au contraire. Alors où sont-ils ?

— Sous clefs, dans la pièce voisine.

— Vivants ?

— Relativement intact, je dirais, répondit-il en arborant un sourire éblouissant tandis qu'il s'approchait de nous. Maintenant répondez-moi, où cet état de fait pourrait changer très rapidement.

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant