Chapitre 34-2

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J'ouvris les yeux dans un cri, couverte de sueur et le cœur battant à cent à l'heure. Je me trouvais dans un lit, entortillée dans les draps, et clouée au matelas par deux mains puissantes appuyées sur mes épaules.

— Je suis réveillée ! criai-je d'une voix rauque et étrange, à la vue de l'ombre menaçante s'approchant de mon visage.

— Merci mon Dieu, murmura Nicolas en s'écartant, les mains tremblantes, avant de s'assoir lourdement au pied du lit. Tu hurlais dans ton sommeil et on n'arrivait pas à te réveiller.

— Je ne dormais pas vraiment, en fait.

— Je sais, Aaron m'a expliqué.

— Il n'a pas fait que ça, apparemment ?! commentai-je d'un ton acide en portant lentement ma main à ma joue endolorie. Aïe !

— Désolé, mais nous étions vraiment inquiets. Que s'est-il passé ?

Tout me revint en mémoire d'un coup et ce fut à mon tour de me mettre à trembler. De ce côté de la réalité, tout cela ressemblait à un mauvais rêve. Pourtant je savais qu'il n'en était rien.

— J'ai été attirée dans un... souvenir.

— Un souvenir ? Comment ça, un souvenir ? s'étonna Aaron en me tendant un verre d'eau. Un rêve tu veux dire, non ?

— En fait, c'était un rêve et un souvenir à la fois. Comme le jour où j'ai trouvé Cat. J'avais revécu un souvenir tellement réaliste que je me suis retrouvée devant le terrain vague sans comprendre comment j'y étais arrivée.

— Pourtant là, tu ne t'ais pas déplacer, objecta Aaron avec raison.

— Vu que vous me clouiez au lit, cela aurait été difficile. Mais de toute manière, c'était différent. Charles m'a expliqué que...

— Attends, qu'est-ce que tu as dit ? s'exclama Thomas, dont je ne remarquai la présence que maintenant, délaissant le mur près de la porte contre lequel il était adossé.

Je bus une grande gorgée d'eau et faillis m'étouffer avec lorsqu'une partie du liquide glacé passa dans le mauvais trou. Je repris difficilement mon souffle et entre deux quintes de toux, entrepris de leur expliquer ce qu'il m'était arrivé.

— L'homme pouvait communiquer avec toi par la pensé et a dit qu'il s'appelait Charles ? Tu es sûre de ça ?

— Oui, j'en suis sûre Thomas, lui répondis-je pour la seconde fois d'une voix légèrement agacée. Tout comme je suis raisonnablement certaine que ce n'était pas un piège d'Ivory, les détails étaient trop précis et... réalistes. C'était un vrai souvenir, avec un Kane au sommet de son art, ajoutai-je dans une grimace écœurée. Ce type n'a aucune conscience... c'est un monstre, ajoutai-je dans un frison irrépressible.

Je vis les poings de Nicolas se crisper et ses yeux virer à l'ambre à l'évocation de ses deux tortionnaires. L'inquiétude et la douceur remplacèrent bien vite la colère dans son regard lorsque je me penchai en avant pour poser la main sur sa jambe en signe de soutien silencieux.

— Tu dis qu'il torturait une femme. Elle ressemblait à quoi exactement ?

— Je te l'ai dit déjà.

— Oui, mais si c'est bien la personne à laquelle je pense, je dois être sûr.

— Elle était jeune, blonde, apparemment grande et svelte, avec des yeux de glace.

— Et tu ne l'as pas reconnu ?

— Non, pourquoi l'aurais-je...

Je me tus soudain, un détail infime titillant ma mémoire. Lorsque j'avais déboulé dans cette pièce sinistre et que j'avais croisé son regard éteint et résigné, il m'avait sembler la reconnaître. Puis mon esprit, déjà saturé et conscient que cela était impossible puisque je n'étais pas encore née dans les années quatre-vingt, avait fait l'impasse. Pourtant, maintenant que j'y repensais, j'avais déjà vu cette femme, mais plus mature, plus froide, plus...

— C'était Hannah Moore ?! m'exclamai-je, encore sous le choc de ma révélation.

— Hein ?! Hannah Moore, la représentante officielle des métamorphes ? grogna Aaron, pas très convaincue de la fiabilité de ma description, apparemment.

— Il semblerait en effet, confirma Thomas. Son père s'appelle Charles et c'est l'un des plus vieux et des plus puissants métamorphes existant, à ma connaissance. Doublé d'un salopard sans cœur la plupart du temps.

— Il faut voir le bon côté des choses, au moins elle ne sera pas difficile à trouver ! Elle passe au moins deux fois par jour à la télé, ironisa Lyn en entrant dans la pièce sans attendre qu'on l'y invite.

— ça c'est une autre histoire, lui rétorqua aussitôt Thomas. Mais ce qui me préoccupe vraiment c'est de savoir comment Charles a pu te contacter alors qu'il est plongé dans le coma depuis plus de six mois ?!

— Tu es sûr de cela ? Et si oui, comment peux-tu le savoir ? lui demanda Aaron d'un ton aussi suspicieux que surpris. Depuis sa brusque disparition du paysage, tout un tas de rumeurs circulent à son sujet, dont celle-ci.

— Je le sais parce que je connais Hannah et les circonstances exactes qui ont mené Charles à cet état.

— Décidément, tu es un homme plein de surprises, siffla Aaron d'un ton étonné autant que respectueux.

— Pas plus que ça, lui répondit Thomas avec un petit sourire. Hannah faisait parti du petit groupe de métamorphes qui nous a sauvé la vie, à Waahana et moi, entre autres. Elle sait juste qu'elle peut compter sur moi en cas de besoin, j'espère juste que la réciproque est encore vraie, surtout vu ce que je vais devoir lui demander.

— Tu peux la joindre ? lui demandai-je, ne croyant pas à ma chance.

— Autrement que par les canaux officiels, tu veux dire ? On va le savoir très vite, ajouta-t-il en tirant son portable de sa poche arrière.

Il chercha quelques instants dans son répertoire avant d'initier l'appel, preuve qu'il ne devait effectivement pas l'appeler tous les jours. Les sonneries s'égrenèrent faisant paraitre les secondes interminable. Au terme de la dixième sonnerie, on décrocha enfin.

« Oui », résonna une voix sèche et froide.

— Bonjour Hannah, c'est Thomas, commença-t-il avant de sortir de la pièce, nous arrachant à tous des grimaces de frustrations.

— Non mais il est sérieux, là ?! ronchonna Lynda en se laissant tomber sur l'une des deux chaises libres de la pièce.

— Tu aimerais devoir parler des tortures que tu as subi en sachant pertinemment qu'une bande d'inconnu entendra tout ce que tu dis ? demanda Nicolas en lui jetant un regard noir. J'ai une petite idée de ce qu'elle a pu vivre aux mains de ce psychopathes... Thomas a fait exactement ce qu'il fallait.

Après ce rappel à l'ordre, sinistre mais nécessaire, Nicolas me prit la main et nous attendîmes en silence. Thomas revint seulement quelques minutes plus tard, les poings serrés et la mine tourmentée.

— J'ai une adresse approximative, mais il y a plusgrave. Kane va faire une apparition publique ce soir, sous les traits deBrandon Frye. Si quelque chose doit se passer prochainement, il y a de grandeschances que ce soit pour bientôt.

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Chapitre de transition un peu plus court que d'habitude, dû au cross-over immersif et non planifié avec "Elémental" =)) Comme je vais devoir rajouter une partie dans Elémental pour la cohérence, je compléterai ce chapitre par la suite, une fois que tout sera bien calé :-)

Des bisous et à vendredi pour la suite <3 <3 <3

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant