Chapitre 16-1

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Je chutai lourdement sur une surface lisse et dure, très différente du sol humide et terreux de la forêt. L'atmosphère était étrangement sèche et pesante, étrange même. Je voulus me remettre sur mes pattes, mais un spasme me traversa, me tordant tout le corps. Bien que je ne l'aie pas désiré ou amorcé, mon corps entamait sa métamorphose sans mon consentement. Je luttai, cherchant à m'opposer à cette force invisible mais sans succès, mes os se réarrangeaient provoquant une douleur insoutenable. Vaincue par la souffrance je tentai d'accompagner le changement plutôt que de le combattre, mais cela ne changea rien. Le processus fut lent et atroce. Une véritable torture qui me laissa à bout de souffle et sans force, recroquevillée en position fœtale sur le sol glacé.

Je ne sais exactement combien de temps je demeurai ainsi, frissonnante et vulnérable, mais assez longtemps pour comprendre que je venais d'être victime d'un sort. Quelque chose qui forçait les métamorphes à reprendre leur forme humaine le plus douloureusement possible, les laissant diminués et vulnérable à une attaque. Consciente d'être en danger je me forçai à déplier mes membres engourdis et courbaturer et me redressai lentement. L'effort sembla me demander le peu d'énergie qu'il me restait, et c'est tremblante et étourdie que je parvins enfin en position assise. Avec d'infinies précautions je jetai un coup d'œil autour de moi, essayant d'analyser mon environnement et de comprendre où j'étais tombée.

Je me trouvais dans une sorte de pièce rectangulaire, aux murs et au sol de pierres. Ce dernier était jonché de poussière, de terre et de feuilles mortes, qu'un courant d'air glacé faisait tourbillonner. Machinalement je levai la tête vers le haut, cherchant mon point d'entré, mais le peu de luminosité ne me permettait pas de distinguer le plafond. A vrai dire, je ne distinguais pas grand-chose au-delà d'un mètre de distance. Je finis par me lever, contente que le mur ne soit pas loin lorsqu'un vertige me saisit, me forçant à y prendre appuis pour ne pas tomber. La lumière paraissant un peu plus soutenu vers la droite, je décidai donc de me diriger dans cette direction, prenant mon temps pour retrouver mon souffle et économiser mes forces. Au bout d'une vingtaine de pas, j'atteignis une sorte de passage menant à une galerie étroite mais maçonné.

De plus en plus certaine d'être tombée dans les souterrains dont s'étaient souvenue Lyn, je fermais les yeux et tendis mon esprit à la recherche de Nicolas. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine lorsque je le sentis. Il était là, j'étais au bon endroit ! Folle de joie et d'inquiétude mêlées je me mis à avancer plus vite, avant de m'arrêter au bout de quelques mètres. J'étais seule, sans arme, ni même la possibilité de me retransformer (je le sentais). Partir comme cela, toute seule, avait été une erreur. Mais si moi, Rose, j'en avais eu conscience, ce n'était pas le cas de Whisper. Pendant quelques secondes je m'en voulu énormément de ne pas avoir écouter Thomas et les autres qui m'enjoignaient à me métamorphoser, pour pouvoir appréhender et contrôler mon côté animal. Si je l'avais fait, ma louve n'aurait certainement pas réagit de cette manière et je ne me retrouverais pas dans cette situation impossible. Consciente que ressasser mes erreurs était tout sauf productif, je me remis à avancer, cherchant des yeux un objet, quelque chose pouvant me servir à me défendre le cas échéant mais rien ne se présenta.

Mes pieds nus faisaient peu de bruit sur le sol rugueux, mais ce simple son suffisait à me donner des sueurs froides. La peur et le stress me poussaient en avant mais la fatigue semblait peser de plus en plus lourd sur mes épaules tandis que les tunnels se succédaient, ne paraissant pas avoir de fin. Pour la énième fois, je me demandai où étaient les autres, s'ils avaient pu se débarrasser de Grant et suivre ma piste ? Et surtout pourquoi personne ne m'était encore tombé dessus ? Pour un endroit sécurisé par un sort aussi subtil et puissant, cela me paraissait bien désert.

J'eus ma réponse quelques mètres plus loin. J'étais tellement épuisée, que je mis quelques secondes à réaliser le changement d'environnement et ce qui se trouvait en face de moi et au moins deux de plus à me plaquer contre le mur, mon cœur manquant sortir de ma poitrine.

Une porte en acier, tout ce qu'il y avait de plus moderne, barrait l'ancien tunnel décrépit. Elle était ouverte mais un homme armé montait la garde, me tournant fort heureusement le dos. Je pris quelques secondes pour me calmer et retrouver un rythme cardiaque normal, puis risquai un coup d'œil rapide. Le garde n'avait pas bougé. Je l'observai durant dix bonnes minutes, cherchant une faille, une idée, un stratagème, pour passer cet obstacle sans me faire remarquer... sans grand succès bien évidemment ! Frustrée, j'en étais à tenter le tout pour le tout et compter sur l'effet de surprise, quand soudainement, il s'en alla.

Allant contre l'instinct de ma louve, j'attendis le temps d'un battement de cœur avant de m'élancer, le plus silencieusement possible, en direction de la porte. De l'autre côté, tout était désert et silencieux et étrangement identique au couloir que je venais de quitter mais en plus propre et en beaucoup mieux éclairé. Deux portes en bois brut se faisaient face, ressortant étrangement dans le mur de briques. J'hésitais à jeter un coup d'œil derrière les battants ou à poursuivre le long du couloir qui tournait brusquement à gauche au bout de quelques mètres m'empêchant de voir ce qu'il y avait plus loin.

Un bruit d'eau se fit brusquement entendre sur ma gauche, me faisant violement sursauter et décidant pour moi, lorsque la poignée de la porte commença à tourner. Sans réfléchir je me ruai sur la porte de droite et m'engouffrai à l'intérieur comme un fantôme, refermant le battant pile au moment où le garde ressortait de l'autre pièce. Légèrement tremblante et le souffle court, je me tournai lentement pour voir où j'avais atterri.

La pièce était, à première vue, petite et carré. Le peu de luminosité, provenant des rais de lumière filtrant au-dessus et au-dessous de la porte, ne me permettait pas de bien distinguer ce qui m'entourait, mais au vu de la forte odeur de produits ménagers flottant dans l'air, je devais me trouver dans un local de maintenance. Sans issu, donc, réalisai-je avec angoisse et découragement. Je ne pouvais me risquer à entrebâiller la porte, les chances que le garde ne me surprenne étant beaucoup trop élevées. Un instant découragée, j'appuyai ma front sur le panneau de bois. Nicolas était là, à seulement quelques dizaines de mètres de moi à peine et j'étais bêtement coincée dans un placard à balais !

La peur, l'impuissance et la colère m'envahirent soudain me donnant un coup de fouet salutaire et me permettant de me ressaisir. Rebooster par ma rage et ma frustration, je me mis à fureter à tâtons à la recherche d'une arme potentielle. Un cri de joie faillit m'échapper lorsque ma main se referma sur le manche rond et caractéristique d'un balais. Je m'empressai de dévisser la brosse, avant de la poser sur le sol avec mille précautions. Puis, empoignant mon arme de fortune, je m'approchai résolument de la porte que j'entrouvris cette fois-ci sans hésitation.

Le garde, par un heureux hasard, me tournait le dos à l'instant où je passais la tête dans le couloir. Ne perdant pas une seconde et mue par l'urgence et la détermination, je m'élançai sur la pointe des pieds dans le dos de l'homme qui ne se doutait encore de rien.

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Vous avez du remarquer la petite nouveauté entre parenthèse à côté du titre !!*o*!! Et non, ce n'est ni une blague, ni un poisson d'Avril ! "Whisper" ainsi que son tome 1 "Ombre Fauve", sont sous contrat d'édition !!*o*!! Pas de date de sortie à vous communiquer encore, mais sachez que ce devrait être pour cet été ^.^

Gros bisous et merci à vous pour vos lectures et votre soutiens <3 Tout cela, c'est grâce à vous <3 <3 <3

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant