Whisper - Ombre Fauve Tome 2

Chapitre 26-1

— Je sais bien que nous vivons longtemps mais ce que vous dites est ridicule ! balança Grant au terme de longues secondes de silence. Si ce que vous avancez est exact, il avoisinerait les trois cents ans ?! Même pour nous ce serait exceptionnel, sans compter qu'il  un vieillard tout juste bon à boire de la soupe avec une paille !

Le regard de Nicolas passa de Aaron à moi. Je savais le dilemme qui se jouait derrière son regard las. Devait-il dévoiler certaines caractéristiques propres aux loups-Garous et qui s'étaient perdu dans les méandres des légendes folkloriques et d'un ostracisme calculé ?

— Je crois que le temps n'est plus aux cachoteries, finit par dire Aaron dans un soupir. Hormis Grant, tous le monde ici est déjà au courant. Nous devons pouvoir faire confiance à nos alliés et inversement, tu ne crois pas ?

— Bien sûr mais... est-il vraiment notre allié ? demanda soudain Nicolas d'une voix chargée de menace en se tournant vers Grant.

Ce dernier eut l'intelligence de ne pas répondre immédiatement, ce qui venant de sa part aurait été un aveu évident de mensonge. Au lieu de cela, il se cala plus confortablement dans son siège et prit soin de braquer son regard dans celui de Nicolas avec une lenteur étudiée.

— Je crois vous avoir déjà prouvé ma bonne foi à maintes reprises. Devant une telle menace je ne peux qu'être de votre côté. Ma seule limite sera ma fille, si elle est en danger par votre faute je vous lâcherai.

— ça a le mérite d'être clair ! persifla Lyn en jetant un regard noir à Grant.

— Vous préféreriez peut-être que je vous mente ?

— Non, mais un peu de diplomatie n'a jamais fait de mal à personne ?

— Et c'est toi qui dis ça ? s'esclaffa Thomas, ne pouvant s'empêcher de sourire.

Ce petit échange spontané et tellement criant de vérité allégea l'atmosphère et je sentis Nicolas se décrisper légèrement à défaut d'être détendu.

— Bon cessons de tourner autour du pot, reprit Grant. Quelle est la bombe que vous devez me balancer ? Il aurait plus de trois cents ans, c'est ça ? s'esclaffa-t-il de la voix de quelqu'un qui n'y croit pas une seconde.

— Oh, il est certainement beaucoup plus vieux que ça ! lui répondit Nicolas dans un petit rire cynique. Nous sommes immortels, lui balança-t-il mettant dans sa voix toute l'ironie dont il était capable.

Sous le coup de la surprise Grant ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt. Visiblement sonné par cette annonce, qui aurait pu, il est vrai, être plus diplomate, il resta à nous observer à tour de rôle, figé dans son siège.

— C'est une blague ? Personne n'est immortel, sortit-il enfin d'une voix blanche.

— Disons, pour être plus précis, que si personne ne nous tue, nous pouvons vivre... indéfiniment. Et nous sommes très dur à tuer, termina-t-il d'un ton lugubre.

— Vous... vous plaisantez j'espère ?! Vous voulez dire que nous sommes sur le point d'être attaqué par une armée de monstres quasiment invincibles et qui en plus vont se multiplier par simple morsure !

— D'où croyez-vous que leur vienne leur complexe de supériorité légendaire ? persifla Aaron. C'est ce qui a créé le gouffre séparant les métamorphes des loups-garous il y a très longtemps déjà. Du fait de cette... « immortalité », ils se considéraient comme supérieurs et la plupart de leurs Alphas voulaient étendre leur domination et transformer tous les humains pour régner sur le monde.

— C'est toujours ce que veut Ivory et ses disciples, et il n'y a pas de meilleur moment pour agir, expliqua Nicolas d'un ton de circonstance. Les humains sont inquiets et divisés par la révélation des métamorphes. Lâcher une bande de loups-garous nouveau-nés dans une ville et ce sera la guerre ouverte en moins de cinq minutes. Et qui on accusera ? Vous bien sûr, les métamorphes, puisque nous ne sommes pas censés exister. On vous accusera d'avoir menti et de pouvoir contaminer les nobles humains par simple morsure...