Chapitre 20-1

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Complètement anéantie et déstabilisée par ses révélations et sa réaction, je ne pus que me laisser aller à mon tour sur le sol et le prendre dans mes bras. En prenant garde à ses blessures je passais mon bras dans son dos et d'une légère pression l'invitait à se blottir contre moi. Il bascula légèrement sur le côté et sa tête vint se caler contre mon épaule. Je rêvais de pouvoir le serrer fort contre moi pour le rassurer, lui faire savoir que je l'aimais et qu'il était à présent en sécurité. Mais compte tenu de ses blessures, je n'osais pas. Un grondement sourd commença à s'échapper de mes lèvres lorsque mes pensées et mes sentiments réveillèrent l'instinct protecteur de Whisper. Sans le commander, je sentis nos deux consciences et nos deux volontés fusionner, me rendant un peu plus Whisper et elle un peu plus Rose. Nous étions enfin réellement et complètement sur la même longueur d'onde et ce grâce à Nicolas.

Une vague de puissance invisible mais pourtant perceptible irradia de moi englobant Nicolas de sa fureur protectrice. Je sentis nos auras entremêlées et perçus même la vibration qui en émanait et alors que passais en autre-vue sans même m'en rendre compte, je compris ce que j'avais à faire. Déployant mes sens et via nos liens de meutes, je cherchai et localisai Storm et Cooper, puis en émettant une excuse silencieuse, commença à drainer leur énergie. Au début, surpris, ils résistèrent. Puis dès qu'ils comprirent ils se laissèrent aller, à tel point que je dus faire un effort de volonté terrible pour stopper le processus à temps. L'énergie, qui ne faisait que transiter par moi, me traversa et se déversa en Nicolas presque instantanément. Un hoquet de stupeur lui échappa tandis que son corps se raidissait contre le mien.

— Laisse-toi aller, lui chuchotai-je en lui caressant doucement les cheveux.

— Chez moi... enfin, murmura-t-il en prenant une grande inspiration heurtée.

Il ferma les yeux, obligeant son corps à se détendre tandis que sa respiration s'apaisait, devenant plus fluide. Une des estafilades les plus fines, présente sur son bras, se referma et disparue devant mes yeux. Folle d'espoir je scrutai avidement sa peau à la recherche d'autres signes, mais l'eau qui nous arrosait toujours brouillait ma vision, m'empêchant de bien voir. Au bout de quelques minutes, je sentis Nicolas bouger et même si ses mouvements étaient toujours lents et maladroits, il en émanait à présent un peu plus de forces et de vigueur. Je l'aidai à se remettre debout et me contentai de lui passer le shampoing, le laissant terminer sa toilette seul, heureuse qu'il ait la force de le faire. Lorsque d'une main tremblante il éteignit l'eau, je me précipitai vers lui avec une serviette dans laquelle je l'enveloppai.

— Merci, chuchota-t-il en m'attirant doucement contre lui, nichant de nouveau sa tête dans mon cou.

Il inspira à fond plusieurs fois, son souffle chaud me chatouillant agréablement la peau, avant de se redresser et de s'écarter légèrement.

— Tu devrais en profiter à ton tour, me dit-il en désignant d'un signe de tête la douche qu'il venait de quitter. Tu es déjà trempée de toute façon. Tu vas attraper la mort si tu restes comme ça. 

— Quand tu seras habillé et...

— Rose, je sais bien que je n'en ai pas l'air, mais je vais mieux... un peu, ajouta-t-il devant mon expression certainement incrédule. En tous les cas suffisamment pour farfouiller dans un sac et me brosser les dents tout seul. Sans compter que mon loup et moi, nous nous sentirons beaucoup mieux lorsque l'on ne te verra plus grelotter, ajouta-t-il avec une pointe d'humour qui ne fit pas illusion.

Maintenant qu'il avait reprit un peu de force, son loup ne supportait plus d'être en position de faiblesse. Nicolas avait besoin de reprendre le contrôle de son corps pour ne pas perdre celui de son loup et il devait le faire seul, compris-je en une fraction de seconde sans trop savoir comment. J'acquiesçai donc d'un bref signe de tête et en fut récompenser par un léger sourire. Il se pencha ensuite vers moi et effleura mes lèvres doux et chaste baiser.

— Merci, me murmura-t-il à l'oreille d'une voix rauque... pour tout.

Puis il s'écarta et d'une démarche lourde et claudicante se dirigea lentement vers le banc, la serviette blanche toujours drapée autour de lui. Étrangement gênée, j'attendis qu'il se soit dirigé vers les lavabos pour commencer à me déshabiller. C'était idiot, surtout que je venais juste de le voir nu pour la première fois, mais cela n'avait absolument rien eu de romantique, loin de là ! Plus qu'heureuse de me débarrasser de mes vieilles loques crasseuses, je me glissai ensuite sous le jet brulant, appréciant le moment à sa juste valeur. Je pris une douche rapide, mais pas trop histoire de laisser à Nicolas le temps de se ressaisir. Pourtant lorsque j'allais chercher ma serviette, l'eau coulait toujours. Je me séchai rapidement, puis m'enroulant dans le tissus comme dans un pagne, allait rejoindre Nicolas.

Penché au-dessus du lavabo du milieu, il était toujours en train de se brosser les dents. Le petit tube de dentifrice gisait, écrabouillé et vide à côté du robinet.

— Je pense qu'elles sont propres maintenant, lui dis-je doucement pour ne pas l'effrayer. Tu devrais venir t'habiller.

Il donna encore plusieurs coups de brosses énergiques avant de s'arrêter, presque à contrecœur, avant de se rincer la bouche. Ses vêtements, qu'il avait retiré du sac, l'attendaient pliés sur le banc. Le sentant sur la défensive, je m'éloignai de quelques pas et me tournai même pour lui laisser un peu d'intimité. Je venais de l'entendre remonter la fermeture éclair du pantalon lorsque l'on frappa légèrement à la porte.

— Je peux entrer ? demanda la voix douce de Jenny, assourdie par le battant en bois de la porte.

— Oui, c'est bon, lui répondis-je après avoir interroger Nicolas du regard.

La jeune femme entra et s'arrêta net en voyant Nicolas, debout et torse nu au fond de la pièce. Il faut dire que ses traits émaciés encadrés, ses cheveux trop longs et emmêlés et son regard noir, ne faisait rien pour inspirer la confiance.

— Mon dieu, murmura-t-elle, le regard braqué sur lui. 

— Évitez de le fixer, lui murmurai-je. Les dominants n'aiment pas que l'on souligne leurs blessures ou leurs faiblesses, expliquai-je par réflexe, oubliant qu'elle devait savoir cela depuis bien plus longtemps que moi.

— Je sais, désolée, bredouilla-t-elle un peu gênée. J'essayai juste d'évaluer les dégâts. Je ne savais pas qu'un... métamorphe pouvait être...

— ... aussi ravagé ? termina Nicolas à sa place, mais d'un ton plus calme et doux que je n'aurais cru.

Elle acquiesça d'un signe de tête.

— Vous avez besoin de points de sutures ?

— Seulement pour ne pas pourrir mes fringues, mais sinon non, lui répondit-il en s'asseyant lourdement sur le banc. Maintenant, expliquez-nous vraiment pourquoi vous nous aidez et surtout, ce qu'une humaine comme vous fait dans une communauté métamorphe ?

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant