Chapitre 42-2

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— Attention !

Le cri perçant de Lyn déchira l'air alors qu'un gros morceau de plafond s'effondrait avec fracas non loin de l'endroit où se trouvait Shane. Ce dernier s'écarta d'un bond, alors qu'un second, puis un troisième morceau de maçonnerie se détachaient, commençant à tomber du plafond tels des d'énormes grêlons mortels.

— Ils sont en train de faire sauter tout le bâtiment ! rejoignez la porte, vite ! cria Nicolas en se mettant à courir, m'entraînant dans son sillage.

Tout le monde détalla aussitôt en direction de la porte menant au couloir, slalomant entre les débris tombant du plafond. Mais alors que nous allions l'atteindre, une déflagration sourde transperça le silence tandis que le mur s'affaissait brusquement entrainant tout le plafond qui s'écroula dans un bruit de tonnerre. Storm et Shane, qui nous précédaient de quelques mètres, ne durent leur survie qu'à leurs réflexes surnaturels de loup-garou, évitant l'amas de gravas in-extrémis.

— Tout est en train de s'effondrer, il faut trouver une autre sortie ! cria Shane, alors que nous repartions dans l'autre sens, talonnés par le nuage blanchâtre de poussières et de débris.

Malgré notre célérité, il nous rattrapa en moins d'une seconde, nous enveloppant de son étreinte suffocante et nous forçant à nous arrêter. Aveuglés et asphyxiés, nous ne pûmes que subir. Enveloppée dans l'étreinte protectrice de Nicolas, je parvins néanmoins à agripper la main de quelqu'un et l'attirait vers nous. Nous nous recroquevillâmes les uns contre les autres et attendîmes impuissant la fin de l'éboulement, espérant juste ne pas finir aplatit par le plafond.

Le grondement fini par s'atténuer puis se taire tout à fait. Lorsque les chutes de débris se firent sporadiques, je m'autorisai à me défaire lentement de l'étreinte de Nicolas et tentai d'ouvrir les yeux.

La poussière en suspension dans l'air m'irrita instantanément les pupilles et mes yeux se mirent aussitôt à larmoyer. Mais malgré cela, je parvenais tout de même à distinguer ce qui m'entourait et me rendis compte que je tenais toujours la main de Shane dans la mienne.

— Merci, me murmura-t-il d'une voix sifflante et rocailleuse entre deux quintes de toux, tandis qu'il se redressait et secouait la poussière et les débris qui le recouvrait. Il faut qu'on bouge, on ne peut pas rester là. Le bâtiment risque de s'effondrer d'une minute à l'autre, ajouta-t-il en regardant autour de lui d'un air désemparé.

— Notre seule chance, c'est par là, nous dit Nicolas en indiquant le fond de la pièce d'un geste du bras. C'est la seule partie que nous n'avions pas exploré. Une pièce aussi grande ne peut pas avoir qu'une seule sortie.

— Espérons juste qu'elle n'a pas subit le même sort que le couloir, ironisa Lyn d'une voix méconnaissable. Personne n'a pensé à prendre de l'eau ou une lampe torche par hasard ?

— Et pourquoi pas un pique-nique pendant que vous y êtes ?! enchaîna aussitôt Shane sur le même ton en sortant néanmoins quelque chose de sa poche.

Un petit clic retentit et un maigre faisceau de lumière blanche troua soudain les ténèbres, nous faisant tous sursauter.

— Je n'ai pas pensé à l'eau, mais mes habitudes d'humain limités ont la vie dure apparemment, car j'ai eu le reflexe de prendre cette torche dans la boite à gant de la voiture, tout à l'heure.

— Toi et tes restes d'humanité limité, je vous aime déjà ! s'écria Lyn en toussotant tandis qu'elle se rapprochait du loup-garou. Et vu la situation pourrie actuelle, je crois qu'on peut se tutoyer ?!

Un faible sourire étira mes lèvres malgré mon épuisement, ma peur et ma respiration laborieuse, alors que nous les laissions ouvrir la marche. Nous nous trouvions dans une situation des plus précaires et ces deux-là parvenaient encore à se lancer des vannes, ils étaient faits pour s'entendre ! Nous progressâmes lentement, essayant d'éviter les débris tombés au sol et essayant d'anticiper ceux risquant de se détacher de ce qui restait de plafond. Au bout de quelques mètres les gravats se raréfièrent et l'air devint un peu plus respirable. Signes encourageants pouvant laisser supposer que seule une partie du bâtiment s'était effondrée. Nous marchions droit devant nous, cherchant à atteindre le plus rapidement possible l'autre extrémité de la pièce. L'odeur de mort recommençait à supplanter celle du béton pulvérisé à mesure que nous avancions. C'est essoufflés et la respiration laborieuse que nous arrivâmes enfin en vue d'un mur, qui pour notre plus grand soulagement à tous, était intact.

De ce côté de la pièce, les cages étaient moins nombreuses et plus espacées, mais des caisses empilées emplissaient les espaces vides et formaient des puits d'ombres inquiétants. Épuisés mais nerveux, nous scrutions tous les ténèbres rougeoyant d'un œil inquiet, nos fusils dans les mains.

— Nous ferions mieux de nous séparer si nous ne voulons pas traîner ici plus que nécessaire, finit par dire Nicolas. Je suis certain que ce n'est pas terminé, ajouta-t-il d'une voix si basse que je fus certainement la seule à l'entendre. Rose et moi, nous nous occupons du côté droit et vous du gauche. Restez sur vos gardes.

Nous commençâmes à longer le mur à la recherche d'une porte. Nicolas, consciencieux, passait lentement ses mains sur la surface bétonnée à la recherche du moindre interstice ou aspérité suspecte. Je commençais à me dire que nous n'avions pas hérité du bon côté de mur, quand tout à coup, il s'arrêta.

— Je crois qu'il y a quelque chose ici. Tu as toujours ton poignard ? me demanda-t-il en se tournant à demi vers moi.

Je le lui tendis aussitôt, impatiente de savoir s'il avait vu juste. Il fit courir la pointe de la lame le long de l'aspérité qu'il avait repéré et après quelques minutes de travail, le contour d'un cadre rectiligne apparut.

— Si c'est bien une porte, elle n'est pas condamnée d'aujourd'hui. Il va me falloir plus qu'un pauvre couteau et la seule force de mes mains pour en venir à bout.

— Tu veux qu'on appelle les autres ? lui demandai-je.

— Non, pas encore. Laissons-leur un peu de temps pour trouver quelque chose de leur côté. Et puis, je préférerai être sûr que cette issue mène bien quelque part. Cherchons un peu plus loin, voir si nous trouvons quelques choses qui pourrait nous servir d'outil.

— Non, reste-là. Si tu bouges nous allons galérer à retrouver l'endroit. Je vais y aller. Je pense qu'il est raisonnablement sûr d'admettre que si piège il y a, il ne sera pas dans cette pièce, arguai-je, le voyant déjà ouvrir la bouche pour répliquer.

Puis avant qu'il ne puisse dire quelque chose, je tournai les talons et m'engageai entre deux cages, heureusement vide de tout occupant macabre. Je marchai quelques mètres, sans rien distinguer d'autre que le grillage tordu et barbelé des cellules. De ce côté-ci de la pièce, elles étaient toutes vides et vue la poussière ancienne qui recouvrait le sol, ne devaient pas avoir servit depuis longtemps. J'atteignis le mur au bout d'une dizaine de mètres, sans avoir croisé la moindre chose susceptible de nous aider.

— Rose ? entendis-je Nicolas appeler de manière discrète mais néanmoins audible, l'inquiétude parfaitement perceptible dans le ton de sa voix.

— Je continu à chercher, lui répondis-je sur le même mode avant de me résigner à tourner à droite.

Je savais que Nicolas désapprouverait, mais si nous voulions avoir une chance de trouver quelque chose susceptible de nous aider, je devais me rapprocher du lieu de l'explosion. Concentrée et le regard braqué sur le sol, j'avançais lentement, mes yeux de nouveau larmoyants fatiguant rapidement. La fatigue commençait à se faire écrasante et la poussière qui s'infiltrait de nouveau dans mes poumons n'arrangeait rien. Épuisée, je fermai brièvement les paupières et... m'étalai de tout mon long ! Nicolas fut près de moi avant même que je n'aie commencé à me relever, signe qu'il était parti à ma recherche depuis notre bref échange. Bravo pour le vote de confiance ! ne pus-je m'empêcher de penser en lui jetant un regard agacé.

— Je m'inquiétai de ne pas te voir revenir, m'expliqua-t-il en me tendant la main. Que s'est-il passé ?

— Je ne sais pas, j'ai fermé les yeux une seconde et j'ai...

— Trébuché sur un seau apparemment, me dit-il en ramassant l'objet en plastique, à présent fissuré sur toute sa longueur.

— S'il y a un seau, commençai-je à dire en me redressant et en fouillant les alentours des yeux, c'est qu'il y a sûrement... là ! m'écriai-je en repérant le vieux robinet rouillé sortant à peine du mur.

Je me précipitai dessus et pleine d'espoir, tournai le petit volant métallique. Durant quelques secondes rien ne se produisit, puis un gargouillement retentit et un filet d'eau boueux s'écoula en crachotant. Au bout de quelques secondes supplémentaires, le liquide s'éclairci et c'est avec un petit cri de joie que je m'aspergeai le visage d'eau glacé, le liquide apaisant presque instantanément mes yeux rouges et gonflés.

— Nous avons trouvé de l'eau ! criai-je, alors que retentissait presque instantanément :

« Venez-vite, on a trouvé quelque chose ! »

Whisper - Ombre Fauve Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant